Les interdictions de voyage visent certaines personnalités politiques, dont beaucoup d'anciens députés issus du Parlement dissous par le président Kais Saïed, ou des membres du parti islamiste Ennahda. Le dernier en date est le cas de l'ancien ministre des Affaires religieuses entre 2011 et 2014, Nourredine Khadmi, qui avait entamé un sit-in à l'aéroport de Tunis-Carthage depuis le 18 août pour protester contre la décision. Il a finalement mis fin à son sit-in le 23 août, évoquant des pressions. Les autorités restent assez évasives sur les motifs de ces interdictions de voyager, évoquant des enquêtes judiciaires en cours ou des raisons sécuritaires.
Depuis la prise de pouvoir de Kaïs Saïed le 25 juillet 2021, plusieurs personnalités avaient été empêchées de voyager pour des motifs judiciaires et sécuritaires. La mesure avait touché certains hommes d'affaires, créant un tollé. L'ONG Amnesty Internationale avait même dénoncé, dans un rapport publié en septembre, des interdictions arbitraires, touchant près d'une cinquantaine de personnes.
Mais un an après le coup de force du président et un mois après le plébiscite pour son projet constitutionnel approuvé lors d'un référendum, les interdictions de voyage suscitent moins d'indignation. Dans le cas récent du ministre des Affaires religieuses, le ministère de l'Intérieur a publié un communiqué le 20 août pour démentir le caractère administratif de cette interdiction.
Il a évoqué un ordre judiciaire, dans un contexte où la justice a ouvert plusieurs enquêtes pour malversation financière, corruption ou encore terrorisme, à l'encontre de divers personnalités et cadres administratifs qui ont fait partie du pouvoir ces dix dernières années. Ces interdictions peuvent être parfois levées sous décision du juge, mais jusqu'à présent, les autorités tunisiennes communiquent peu sur le nombre de personnes concernées et les raisons exactes de ces mesures restrictives.