Madagascar: Foyers de tension - Le gouvernement pris entre beaucoup de feux

La relance post-pandémique et la crise en Ukraine, traduites par une inflation culminante, ont fait surchauffer l'arène politique.

La tension monte au cœur des états-majors politiques. Les opposants saisissent la brèche pour accentuer les attaques face à des partisans du pouvoir très sensibles aux critiques. Les conséquences économiques de la crise sont scrutées par les opposants. À chacun de ses déplacements, l'ancien président Marc Ravalomanana fustige la hausse du coût de la vie, ce sujet qui irrite le gouvernement. Il se trouve alors interdit de manifester dans les villes en provinces où il compte alors tenir des petits meetings dans le cadre du 20e anniversaire de son parti, Tiako i Madagasikara.

C'est dans ce contexte très fertile pour les critiques que les potentiels candidats à la prochaine élection présidentielle de 2023 comptent sortir de l'ombre. De quoi inciter encore les partisans du pouvoir à tirer à boulets rouges sur tous ceux qui lorgnent la magistrature suprême. Les opposants veulent alors une " concertation " pour tenter de donner une forme institutionnelle à ce qu'ils pensent être un " affaiblissement " du gouvernement en place. Mais l'idée est mort-née. Ce jeu est odieux aux yeux d'un régime qui est conscient et confiant de sa force.

Carburants. De l'autre côté, le gouvernement est aussi empêtré dans une crise économique majeure matérialisée par une inflation qui est repartie à la hausse depuis les premiers mois de 2022, une croissance très ralentie. Un autre front que le régime devrait affronter. L'Exécutif s'est mobilisé pour juguler la flambée des prix des produits de première nécessité même si une forte tension de l'approvisionnement des carburants, et un compte public très fébrile, perturbent le plan de bataille. Au premier plan, le ministère de l'Industrialisation, du Commerce et de la Consommation, est au four et au moulin depuis plusieurs mois.

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Maîtriser le coût sur le marché est une mission difficile mais pas impossible, laisse entendre l'équipe d'Edgard Razafindravahy. Les systèmes de contrôle de prix en aval sont resserrés, et la recherche sur le marché international des matières premières bon marché préoccupe le département. Résultats : la grogne redoutée n'a pas eu lieu jusqu'à présent. Même si les ménages se plaignent de la baisse du pouvoir d'achat. Sur d'autre front, Edgard Razafindravahy initie également la réforme de la filière vanille qu'il a pu tenir à flot malgré les menaces qui guettent ce produit phare national.

Résistance. Le mouvement syndical dans certains organismes publics, d'autre part, a ralenti les réformes qui sont déjà en marche. À l'instar du cas Apmf. Au sein de l'agence portuaire maritime et fluviale, les projets de réforme devraient faire face à un vent de fronde qui est initié par le syndicat du personnel de l'administration maritime de Madagascar.

Les réhabilitations des infrastructures portuaires, l'assainissement de la gouvernance, l'acquisition de nouveaux matériels technologiques ne font pas que des heureux. Un mur de résistance se dresse face à ces initiatives de l'Apmf. Le syndicat est monté au créneau pour brandir les avantages du personnel et monter un mouvement qui coïncide au calendrier de la mise en œuvre de ces différents projets. Des révisions à la hausse des avantages sont mijotées, notamment relatives aux différentes indemnités. Les compétences de la Direction générale sont convoitées de l'intérieur.

L'indéboulonnable président du Sypamm, Solo Razafitsiala, quant à lui, réclame publiquement le départ du Directeur général de l'agence. Et la marche vers la mise en place des ports à gestion autonome est rejetée par le syndicat dirigé par Solo Razafitsiala qui a une dent contre Jean Edmond Randrianantenaina. La réforme initiée par le gouvernement dans le secteur du transport fluvial et maritime est, en effet, compromise devant cette vague de contestation et ce vent de résistance au changement qui frappe l'Apmf.

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