Mali: Le régime critiqué à cause de son bilan jugé catastrophique

Le colonel Assimi Goïta, président de la transition malienne

Après deux ans d'exercice du pouvoir par un groupe de colonels, dont l'actuel chef de la junte, Assimi Goïta, une coalition de partis maliens s'alarme de la situation du pays dans plusieurs domaines, jugeant " catastrophique " le bilan du régime aux plans diplomatique, sécuritaire, économique et social. Des maux que Bamako rejette injustement la responsabilité sur la France qui y a combattu le djihadisme pendant 9 ans.

" Le bilan est catastrophique et la situation est inquiétante ", souligne la coalition regroupée sous le nom de Cadre d'échange, dans un communiqué. " La situation se dégrade dans presque tous les domaines et de graves menaces pèsent sur l'unité et la souveraineté nationales ", insiste ce Cadre d'échange qui réunit une dizaine de partis et regroupements de formations politiques, dont le Rassemblement pour le Mali de l'ancien président, Ibrahim Boubacar Keïta, et le Yelema de l'ancien Premier ministre, Moussa Mara.

Si sur le plan sécuritaire la coalition dénonce le fait que la " presque totalité du territoire " soit sous le contrôle des combattants islamistes qui " montent visiblement en puissance " dans le pays, le même mouvement déplore le niveau actuel de la diplomatie malienne qui aurait perdu ses lettres de noblesse. Le Mali " s'enfonce dans un isolement diplomatique inédit ", regrette-t-on.

La dégradation de la situation intérieure touche, entre autres, le " panier de la ménagère " qui, selon la coalition, " n'a jamais été aussi vide " qu'il l'est maintenant. Ce qui s'explique en partie au fait que le Mali a été soumis jusqu'en juillet à un sévère embargo commercial et financier imposé par la Communauté des Etats ouest-africains pour sanctionner le projet des militaires de se maintenir au pouvoir encore cinq ans. Les partis d'opposition constatent, par ailleurs, que " les libertés fondamentales sont régulièrement violées " à travers le pays.

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Outre la coalition Cadre d'échange, les partisans de l'imam Mahmoud Dicko, influent personnage public qui avait été la figure tutélaire de la contestation en 2020, jugent aussi que " la situation politique et sécuritaire et politique du pays reste préoccupante, malgré quelques avancées dans certains domaines ". " Le pays est en train de s'enliser dans un mode de gouvernance caractérisé par la promotion de la propagande, la diversion, le bâillonnement de la liberté d'expression, les crises diplomatiques avec nos partenaires, la distinction entre bons et mauvais Maliens ", relèvent-ils dans un communiqué.

Bamako appelé à revenir assumer ses responsabilités au plan régional

Pour remédier à cette situation, le pouvoir malien qui fait du rétablissement de la souveraineté du pays, confronté au djihadisme et une grave crise sécuritaire et politique depuis 2012, un de ses maîtres mots, dit que " la détérioration de la situation sécuritaire au Mali et dans le Sahel est une conséquence immédiate de l'intervention de la France et ses alliés en Libye ". Il rassure le peuple que, grâce à la montée en puissance des forces armées maliennes, " plus de succès seront engrangés contre les groupes terroristes et que la sécurité des populations sera considérablement améliorée ".

Concrètement, les autorités maliennes qui ont rompu avec l'ancien allié historique français et ses partenaires se sont tournées vers la Russie et sollicitent le soutien militaire de l'Iran. En témoignent la récente visite du ministre de la Défense, le colonel Sadio Camara, à Moscou, ainsi que celle du ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, à Bamako, faisant suite à une visite de son homologue Abdoulaye Diop en février à Téhéran.

A l'issue de la rencontre à Bamako, le chef de la diplomatie malienne s'est félicité de la " convergence de vues " entre le chef de la junte malienne, le colonel Assimi Goïta, et le président iranien, Ebrahim Raïssi, " sur des questions aussi essentielles que vitales liées notamment à la paix, à la sécurité, au développement et à la souveraineté des deux Etats ", selon un communiqué conjoint publié par ses services.

En dépit du fait que le gouvernement malien cherche à coopérer avec ces Etats suscités en matière de lutte contre le terrorisme, le Burkina Faso et le Niger, deux pays touchés par les violences djihadistes parties du nord Mali en 2013, n'ont eu de cesse à inviter Bamako à " revenir assumer ses responsabilités ", dans le cadre d'une coopération sous-régionale dans la lutte antidjihadiste. " Il faut qu'on travaille pour que le Mali puisse revenir et assumer ses responsabilités et jouer son rôle ", a déclaré le ministre nigérien de la Défense qui vient de rentrer d'un séjour au Mali.

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