Tchad: Dialogue inclusif - Les dindons de la ... force

analyse

Le dialogue national inclusif souverain (DNIS) au Tchad, fera-t-il long feu ? On n'en est pas encore là, mais vu les difficultés de démarrage, les observateurs s'accordent sur 2 choses. D'un, les organisateurs ne sont pas fin prêts au niveau logistique ; de deux, l'inclusion de tous les acteurs politiques et groupes civilo-militaires n'est pas acquise.

De quoi donner le tournis au ministre Acheikh Ibn Oumar, le président du comité d'organisation. De fait, prévu pour démarrer le 20 août dernier, 5 jours après, c'est un véritable retard à l'allumage que connaît le DNIS. En effet, le début des travaux reporté au 23 puis au 24 août, officiellement pour des problèmes logistiques, a été marqué par une cacophonie difficilement maîtrisée par le bureau de séance. Entre l'insuffisance des casques de traduction et les interventions hors sujet des participants, la reprise du DNIS, mercredi dernier, a frôlé le flop. Aussitôt ouverte après 2 heures de retard sur le programme officiel, la séance qui devait être consacrée à l'adoption du règlement intérieur des Assises, a été aussitôt suspendue.

Des difficultés à l'allumage donc qui pourraient faire jaser les grands absents à ce "rendez-vous historique " entre Tchadiens : Abakar Tollimi du Conseil national de la résistance pour la démocratie (CNRD) ; Mahamat Ali Mahadi du Front pour l'alternance et la concorde au Tchad (Fact) ; Succès Masra du parti Les Transformateurs de la Plateforme Wakit-Tama.

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Pourtant, après l'ouverture officielle des Assises, le 20 août, c'est pour obtenir la décision de ces personnalités à participer au DNIS que l'entame des travaux avait été différée au 23 août. Un trio de négociateurs de haut vol fut alors mandaté auprès de ces frondeurs réticents à venir au DNIS. 3 jours après, il faut croire que le docteur Mutlaq Al-Qahtani, représentant spécial du ministre qatari des Affaires étrangères pour le contreterrorisme et la médiation dans la résolution des conflits, Djibril Bassolet, ancien ministre des Affaires étrangères du Burkina, ancien envoyé spécial de l'Organisation de la coopération islamique, et Moustapha Ould Limam Chafi, conseiller spécial du président nigérien, n'ont pu convaincre ces fortes têtes à se joindre au DNIS. Et pour cause !

Succès Masra, du parti Les Transformateurs ne demande pas moins qu'" une parité des gens (participants au DNIS) qui pourront avoir la possibilité d'influencer les décisions... Nous voulons la parité, l'égalité, la justice. " Aboubakar Tollimi, président du CNRD, ne pense pas autre chose. Il met en indexe une surreprésentation des participants proche du Conseil militaire de transition et du MPS, le parti au pouvoir. "S'il faut venir pour applaudir, nous ne sommes pas preneur ", assène-t-il. Pour Mahamat Mahadi Ali du FACT, avant même la tenue du DNIS, le pouvoir de transition doit accepter la disposition des accords de Doha qui stipule que ses premiers acteurs, dont le président Mahamat Deby, ne doivent pas être candidats aux prochaines élections.

Les grands absents au DNIS ont-ils placé si haut la barre de leurs exigences pour qu'elles ne soient jamais acceptées par le gouvernement tchadien ? Convaincus que les dés des conclusions de ces Assises sont déjà pipés, ils jouent à se prémunir d'être les dindons de la... force d'un système qui cherche à se légitimer pour perdurer au pouvoir. A leur décharge, ils sont rares dans l'histoire, les régimes qui organisent ce genre de forum pour se faire harakiri en se laissant déposséder des rênes du pouvoir par des assises aussi souveraines soient-elles.

Au Tchad, après 31 ans de pouvoir sans partage de Deby père, on voit mal Deby fils, trahir l'ADN du clan.

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