Afrique: Le Japon veut un développement "mené par les Africains"

De gauche à droite : Masato Kanda, vice-ministre des Finances pour les affaires internationales du Japon; Akinwumi Adesina, président de la Banque africaine de développement; Akihiko Tanaka, président de l’Agence japonaise de coopération internationale.

Le sommet Ticad, co-organisé avec les Nations unies, la Banque mondiale et l'UA, se tient ce week-end à Tunis

Le Japon dit vouloir instaurer un vrai "partenariat" avec l'Afrique pour "un développement mené par les Africains", lors de son sommet triennal avec le continent ce week-end à Tunis, sans perdre des yeux un concurrent chinois très bien implanté dans la région.

Officiellement, le sommet Ticad 8 (Tokyo International Conference on African Development) a pour objectif de "discuter comment créer ensemble un monde durable", dans "le contexte complexe de l'épidémie de Covid-19 et la situation en Ukraine", rapporte l'AFP.

Le Japon "entend fortement soutenir un développement mené par les Africains eux-mêmes", indique le ministère des Affaires étrangères sur son site présentant le sommet, en soulignant les atouts d'une économie japonaise: "Une croissance de qualité" et "l'accent mis sur la population".

Même si "l'Afrique concentre les contradictions de l'économie mondiale telles que les inégalités et les problèmes environnementaux, une croissance dynamique y est attendue, soutenue par une population jeune", selon le ministère.

Environ 5.000 participants parmi lesquels 30 chefs d'Etat et de gouvernement venus de toute l'Afrique sont attendus à ce sommet qui s'achèvera dimanche.

Le Premier ministre japonais, Fumio Kishida, qui a contracté le Covid-19 juste avant le sommet, fera ses interventions en ligne depuis le Japon.

En marge du sommet, un forum économique réunissant des hommes d'affaires est prévu ainsi que des "évènements parallèles" associant la société civile autour de l'inclusion des femmes et l'innovation.

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Depuis leurs créations en 1993, les sommets Ticad, co-organisés avec les Nations unies, la Banque mondiale et l'Union africaine, ont généré 26 projets de développement dans 20 pays d'Afrique.

Les trois principales thématiques du sommet seront l'économie avec "un accroissement prévu des investissements japonais en Afrique", notamment en soutien aux start-up et à l'économie verte, ainsi que ceux visant à "renforcer la sécurité alimentaire", selon la présentation officielle.

En plus des 130 millions de dollars d'aide alimentaire déjà prévue, le Japon prévoit de "fournir une assistance pour la production de riz, afin de la faire doubler à moyen et long termes".

Le journal économique nippon Nikkei a assuré que les aides japonaises à l'Afrique pourraient augmenter de 40% pour les trois années à venir, par rapport à la période précédente (2020-2022).

Le quotidien bien informé estime qu'il s'agit d'"une réponse" de Tokyo aux Etats-Unis, à l'Europe et au grand rival chinois qui augmentent tous leur présence en Afrique.

Interrogé sur ce point, un responsable du ministère japonais des Affaires étrangères a dit mercredi à l'AFP que "la diplomatie africaine du Japon pouvait être résumée en deux mots: appropriation et partenariat".

"Le Japon veut faire de l'Afrique un partenaire et croître ensemble" à travers "des initiatives concrètes", a-t-il ajouté.

Deuxième axe du sommet: "construire un environnement résilient et durable" à travers des programmes "mettant l'accent sur les ressources humaines", dans la santé et l'hygiène, l'éducation et l'environnement, notamment la prévention des catastrophes naturelles.

Troisième thématique: soutenir "la consolidation de la démocratie, l'Etat de droit, la prévention des conflits et les médiations", notamment au Sahel et dans la Corne de l'Afrique.

Hôte du sommet, la Tunisie espère tirer son épingle du jeu notamment dans la santé, les industries automobile et spatiale et les énergies renouvelables, avec plus de 80 projets d'une valeur de 2,7 milliards de dollars mis sur la table, selon le président de la Chambre de commerce tuniso-japonaise Hedi Abbès.

Ces chantiers, proposés aux investisseurs privés tunisiens et africains, sont censés déboucher sur la création de 35.700 emplois.

Avec ses capacités industrielles, la Tunisie espère devenir une locomotive pour la production de médicaments et vaccins.

Lors d'un sommet sur le Covid-19 en mai, le Premier ministre japonais avait insisté sur l'importance "de promouvoir la production locale de médicaments et produits pharmaceutiques dont des vaccins", et annoncé une aide "allant jusqu'à 200 millions de dollars" pour "accroître les capacités productives en Afrique".

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