Afrique: Mise en conformité du cacao ivoirien avec la norme Iso 34101 - La Côte d'Ivoire sous la pression de l'Union européenne

26 Août 2022

« La Côte d'Ivoire doit pouvoir mettre sa production cacaoyère en conformité avec la norme Iso 34101 d'ici la campagne 2023/2024. Depuis 2014, le Comité européen de normalisation (Cen) a travaillé, en collaboration avec le pays producteurs, les multinationales du cacao, les chocolatiers et les producteurs des différents pays à l'élaboration d'une Norme mondiale dans la Filière cacao.

Celle-ci s'imposera dans la commercialisation du cacao. Il faut nous engager dans le processus. Car, dans le cas contraire, notre origine cacao Côte d'Ivoire, risque de ne pas être accepté sur le marché mondial ». L'information est de l'expert ivoirien, le Dr Douka Christophe Auguste. Par ailleurs, expert ivoirien du cacao au Comité européen de normalisation, (Cen-Tc 45). Il a donné cette information lors du deuxième « forum du jeune cacaoculteur » qui a eu lieu au Sofitel Ivoire d'Abidjan, courant 2021. La question est toujours d'actualité dans l'économie cacaoyère.

Etant donné que nous allons allègrement vers la campagne de commercialisation 2023/2024. Le Comité européen de Normalisation, en partenariat avec l'Iso, c'est-à-dire l'Organisation internationale de normalisation, a pu établir une Norme propre au Cacao mondial : L'Iso 34101.

Selon les experts, cette Norme Iso 34101 s'impose, aujourd'hui à toute la filière mondiale du Cacao, notamment aux pays producteurs dont la Côte d'Ivoire, à travers leurs Organisations professionnelles agricoles exerçant dans la cacaoculture. La série Iso 34101 comprend des Normes internationales et des spécifications techniques.  De l'avis du Dr Douka, « La Norme Iso 34101-1 a pour objet le management de la production de fèves de cacao et doit être appliquée par les producteurs de cacao enregistrés et les organisations professionnelles agricoles produisant et commercialisant des fèves de cacao durables.

C'est une exigence. La Norme Iso 34101-2 concerne la performance de la production de fèves de cacao et doit être appliquée par les producteurs de cacao enregistrés et Opa produisant et commercialisant des fèves de cacao durables. » Ce n'est pas tout ! « La Norme Iso34101-3 impose la traçabilité des fèves de cacao produites de manière durable et de leurs produits dérivés.

C'est une exigence s'imposant aux acteurs de la chaine d'approvisionnement du cacao. La Norme Iso 34101-4 concerne le système de certification des fèves de cacao durable et traçable. Cette dernière est destinée à être appliquée par les détenteurs de systèmes de certification et organismes d'évaluation de la conformité certifiant la conformité à la série Iso 34101, et les organismes souhaitant revendiquer la conformité.

Quant à la norme Iso 34101-5, elle est encore en cours d'élaboration » ajoute   notre source. Qui ne manque pas de souligner que le Comité européen de normalisation a mis en place un Comité technique dénommé Cen Ct/415 aux fins d'élaborer une norme internationale sur le cacao traçable et durable. Dans chaque pays concerné, des Comités miroirs ont été mis en place et ont donné leurs avis sur tous les aspects techniques de la Norme. En Côte d'Ivoire, la structure qui a été mise en place, était présidé par le Conseil du café cacao en. Le Conseil du café Cacao avait la charge de former les acteurs ivoiriens de la filière cacao.

Qu'est-ce qui a été fait ?

Bien évidemment, la Côte d'Ivoire s'est inscrite dans les travaux du Cen, parce que c'est une opportunité pour évaluer et   corriger les problèmes qui ont été relevés dans la mise en œuvre des projets de certification en Côte d'Ivoire.  Le Conseil du café cacao qui représente le ministère de l'agriculture et   du développement rural ne voulait pas être en dehors du processus.

Le point de vue de la Côte d'Ivoire devrait être pris en considération en tant que premier pays producteur de cacao et celui ayant le plus de coopératives certifiées estimées à plus de 200 et qu'il faut encadrer.  Où en sommes-nous ?  Nous ne pouvons en dire plus pour l'instant. La série de normes aura un impact positif sur l'industrie cacaoyère en renforçant la position des producteurs de cacao, en protégeant la nature, c'est-à-dire l'environnement et en offrant aux transformateurs de cacao des garanties de production durable.

Des producteurs   interrogés   estiment qu'il ne faudrait pas jouer avec « l'intérêt du monde paysan. Le gouvernement ivoirien doit s'inscrire véritablement dans le processus et aller vite ». C'est dans un tel contexte que le premier producteur mondial de fèves de cacao   parle de plus en plus   de la Norme Ars 1000 pour une cacaoculture durable en Afrique. Mais c'est quoi cette autre Norme ?

Le numéro1 mondial de la production de cacao, est mis sous pression par l'Union européenne qui représente plus de 67 % de ses exportations. En cause, une série de mesures en cours d'application depuis plus d'un an et qui prévoit de n'autoriser l'entrée sur le marché européen que des produits dont la chaîne d'approvisionnement respecte des critères préétablis comme la lutte contre la déforestation, l'amélioration des revenus des producteurs et la lutte contre le travail des enfants dans les plantations. Le pays a jusqu'en 2024 pour appliquer de nouvelles normes à sa production de cacao, qui représente une récolte annuelle d'environ 2,4 millions de tonnes.

En Côte d'Ivoire, l'évolution de la production cacaoyère s'est faite au fil des ans, au détriment de la forêt et de l'environnement. De 16 millions d'hectares de forêt au début des indépendances en 1960, le pays devenu premier producteur mondial de cacao en 1978, ne compte aujourd'hui que 3 millions d'hectares sur à peine 11 % de son territoire.

 Des engagements pris par Abidjan : 616 milliards de Fcfa, pour financer les projets.

Le gouvernement ivoirien s'est engagé dans un programme de reforestation et de traçabilité de sa récolte de cacao sur laquelle pèsent des soupçons de production dans les forêts classées et protégées. « L'initiative cacao durable » est menée depuis 2021 en partenariat avec l'Union européenne, (Ue). Dans la mise en œuvre   de la Traçabilité, le Conseil café cacao, le régulateur ivoirien de la filière, a lancé un vaste programme de distribution de 60 millions de plants d'arbres. En lieu et place de destructions massives des plantations de cacao dans les forêts et réserves, le système d'agroforesterie a été adopté.

Toutefois, les défis sont énormes pour les autorités ivoiriennes qui doivent mobiliser quelque 616 milliards de Fcfa, pour financer les projets liés à cette convention. Un financement qui n'est toujours pas bouclé du moins en notre connaissance.  Mais Abidjan espère des contributions de bailleurs de fonds et des grands groupes du négoce du cacao.

Légende photo : Les producteurs ivoiriens et partant africains attendent beaucoup   de l'application des Normes de la série Iso 34101 ( Ph : Bm)

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