Burkina Faso: Des milliers de déplacés après une augmentation des violences dans la Boucle du Mouhoun

communiqué de presse

Depuis le mois de juillet 2022, le nombre de personnes déplacées ne cesse d'augmenter dans la Boucle du Mouhoun, située dans l'ouest du Burkina Faso, suite à une intensification des attaques de groupes armés.

Jusque-là, cette région était considérée comme moins touchée par le conflit, dont l'épicentre se trouve depuis 2015 dans l'est et dans le nord du pays.

La petite ville de Douroula a été attaquée par des hommes armés dans la nuit du 7 au 8 juillet. Comme de nombreux voisins, Biba s'est enfuie avec sa famille, le ventre noué par la peur, pour mettre ses enfants à l'abri. Elle a rejoint les quelque 6 700 personnes qui se sont réfugiées à Dédougou, la capitale régionale, située à une vingtaine de kilomètres.

" Nous sommes arrivés à Dédougou sans rien : pas d'argent, pas de nourriture. Tout est resté à Douroula, même nos vélos ", témoigne quant à elle Habi*, depuis un centre de santé soutenu par les équipes de Médecins Sans Frontières.

Bourasso, Souma, Douroula, Sa... La liste des localités de la région de la Boucle du Mouhoun qui ont vu une partie de leur population partir le mois dernier sous la pression des groupes armés est longue. Les scènes rapportées par des rescapés, qui ont vu leurs proches être tués sous leurs yeux, sont extrêmement violentes.

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" La peur et le choc restent très présents, ce qui explique notamment que les gens ne retournent pas chez eux, malgré leurs conditions de vie difficiles en ville et l'envie de travailler, de retrouver leur maison et leur champ ", explique Bakary Ouedraogo, coordinateur de projet chez MSF.

À leur arrivée, Hiba et sa famille ont d'abord été hébergés dans une école, puis ils ont rejoint le domicile d'une parente installée à Dédougou depuis longtemps. Difficile de vivre aussi nombreux dans deux petites pièces, mais sa préoccupation principale concerne les vivres. " Nous avons reçu trois sacs de céréales, et à ce jour, il nous en reste un seul. Nous sommes plus de trente personnes, poursuit Hiba. Comment allons-nous faire pour nourrir nos enfants ? Le ventre vide, on ne peut pas dormir. "

Inquiète, elle cherche à aider sa famille et à récolter un peu d'argent en lavant du linge, mais depuis quelques jours, elle se sent trop affaiblie pour ces travaux ménagers. Souffrant d'arthrose depuis des années, elle éprouve des difficultés à marcher. Elle s'est rendue au centre de santé pour traiter un épisode de paludisme.

Depuis juin 2022, les équipes MSF, en partenariat avec le ministère de la Santé, fournissent des soins de santé primaire et un support psychosocial gratuits dans un centre de santé de Dédougou. " Plus de 5 000 consultations ont été réalisées, en majorité pour des patients ayant dû récemment fuir leur domicile. Alors que la saison du paludisme commence à battre son plein, nous nous organisons également avec le ministère de la Santé pour renforcer la prise en charge des enfants et adultes touchés par les formes graves de la maladie, avec l'ouverture de 40 lits d'hospitalisation au centre médical urbain de Dédougou ", avance Bakary Ouedraogo.

L'association contribue également à la prise en charge des patients nécessitant un transfert vers le centre hospitalier régional : une vingtaine de malades, ainsi qu'une dizaine de blessés, ont ainsi pu bénéficier de cet appui. Un conseiller en santé mentale apporte également son aide aux personnes qui le souhaitent, à travers des séances de groupe et des consultations individuelles.

* Le prénom a été modifié.

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