Madagascar: Nosy Be - Le tourisme reprend " moramora "

La crise sanitaire a fortement impacté l'économie de Nosy Be. Le tourisme étant la principale source d'emplois, l'île s'est retrouvée paralysée pendant plus de deux ans. La réouverture des frontières laisse envisager l'espoir d'un retour à la normale.

APÉRO sunset sur le plus gros catamaran de l'île, musique d'ici et d'ailleurs et vue sur les reliefs de la Grande terre et des ilots qui l'entourent... Sortie de rêve au large de Nosy Be en ce 23 août, après deux ans de cauchemar. De 2020 à 2022, toutes les activités touristiques ont été suspendues sur l'île isolée du monde, plongeant les habitants dans la grande pauvreté. Aujourd'hui, Mamadou, le skipper du " Adiva ", et Julien, guide et excursionniste à " Les Ziliens ", reprennent confiance. À bord, les Ducros, des habitués de Nosy Be, se régalent. " On vient tous les deux ans en voiture depuis Tana, puis en ferry ", détaille la mère de famille.

Depuis le 20 avril, des vols charters affrétés par Air Austral, Neos Air ou encore Ethiopian Airways atterrissent à nouveau sur la perle touristique de Madagascar. Pour autant, le tourisme à Nosy Be ne semble pas avoir repris son cours habituel. " On sait très bien que l'année 2022 est une année morte ", regrette une employée d'un hôtel. Même son de cloche dans des établissements de haut standing, tel le Royal Beach. Elisabetta Gravellino, la dynamique présidente de l'Office régional du tourisme, est plus optimiste. " Tout est booké pour cette fin d'année 2022 ", assure-t-elle. Si la reprise tarde à se manifester, c'est parce que Nosy Be n'est pas une destination de dernière minute : " Les touristes s'y préparent trois ou quatre mois à l'avance. "

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Une chute d'activité de plus de 50%

Pour l'heure, la plage d'Ambatoloaka est loin d'être bondée. Eliane, 20 ans, vendeuse de bijoux artisanaux depuis près de cinq ans, peut en témoigner : " Malgré l'ouverture des frontières, mon business n'a toujours pas retrouvé son équilibre d'avantCovid ! " La vente de ses produits est passée " d'une dizaine à un seul par jour ". Fabio D'Alessandro, gérant du Palm Beach, partage cet avis : " Avant la Covid, mon taux d'occupation annuelle s'élevait à 80% ; aujourd'hui je n'atteins pas les 40%. " Il reste cependant optimiste pour l'année 2023. Michel Soupramayen, un Réunionnais fidèle à l'établissement, observe lui aussi une timide fréquentation " d'habitués ".

Du côté des petits commerces, on ressent le même espoir. Hanitra, 48 ans, vendeuse au " Bazar des Arts ", réalise aujourd'hui un chiffre d'affaires presque équivalent à celui d'avant la crise, ce qui n'est pas si mal. Mais la commerçante est endettée à hauteur de trois millions d'ariary, le montant des loyers de son échoppe, à la suite de ces deux années de pertes. Cette mère de deux enfants n'a eu d'autre choix que de fermer temporairement son commerce et de se mettre à cultiver du riz pour la survie de sa famille. La céréale a servi alors de troc avec d'autres produits : " Manioc, maïs, patate, mangue, banane... "

La députée Christine Marifidy Razafindravony se souvient : " Pendant deux ans, plus de travail, plus rien à manger, la population nous sollicitait, mais on ne pouvait rien pour eux ! " Professionnelle du tourisme également, l'élue a dû fermer son dancing Chez Tatie Chris.

Survivre

Durant cette période où l'activité était réduite à néant, les Nosybéens ont survécu grâce à la solidarité - la plupart des grands hôtels ont continué à verser une partie des salaires- et à la débrouille, mais aussi grâce au projet PIC (Pôle intégré de croissance) de la Banque mondiale. Charlesia, 25 ans, aussi déterminée qu'enjouée, responsable d'équipe au " Bungalow des tropiques ", est l'une des six mille cinq cents bénéficiaires de Nosy Be : " Pour améliorer mes compé-tences, j'ai suivi une formation de serveuse qui a duré une semaine. " Indemnisée à hauteur de 16 000 ariary par jour de formation, et ne percevant qu'une partie de son salaire, elle a dû piocher dans ses économies personnelles pour survivre.

Johnny, guide d'excursion nautique à Nosy Mada Tours, 20 ans d'expérience au compteur, a dû, lui, se reconvertir en chauffeur de tuk-tuk, faute de clients. " En ce moment, les sorties en bateau reprennent, mais c'est en tarif réduit alors que l'essence augmente à 4000 ariary le litre. " La réouverture lui a, certes, permis de retrouver son ancienne activité, mais pas encore les 100 000 ariary qu'il pouvait parfois empocher par course.

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