Afrique: Yasushi Naito, Coordinateur senior régional chargé du Ppp à la Ticad - " Le nombre d'entreprises japonaises présentes en Afrique a plus que doublé "

27 Août 2022

Les entreprises japonaises s'intéressent de plus en plus au continent africain, malgré les préjugés et l'exagération du risque dont il est victime, confie Yasuhi Naito, coordinateur sénior chargé du Partenariat public-privé (Ppp) à la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique (Ticad).

En 2010, il y avait 520 entreprises japonaises présentes en Afrique, mais ce nombre a " plus que doublé ", révèle Yasushi Naito, coordinateur sénior régional chargé du Partenariat public-privé (Ppp) à la Ticad. " On a connu une forte augmentation des entreprises japonaises en Afrique. Cela illustre leur volonté vis-à-vis du continent ", ajoute-t-il par visioconférence avec " Le Soleil ". Lors de la Ticad 7, en 2019, à Yokohama, le Premier ministre japonais d'alors incitait fortement ses compatriotes à investir et à s'installer en Afrique.

Mais, la particularité de cette présence nippone réside dans le fait que les entreprises de l'Empire du Soleil levant mettent l'accent sur le développement des ressources humaines pour une main-d'œuvre industrielle bien formée ; ce qui est une opportunité de transfert de savoir-faire, notamment dans le domaine des technologies innovantes. M. Naito cite l'exemple des industries automobiles japonaises qui s'installent en Afrique, à l'image des groupes Toyota et Nissan, présents en Afrique du Sud, mais qui ont, entre-temps, développé leurs activités dans d'autres pays, dit-il.

%

Cependant, certains entrepreneurs ne sont pas épargnés par la perception exagérée du risque en Afrique et autres préjugés. " Parmi les entreprises japonaises, il y en a qui connaissent le potentiel de l'Afrique, mais d'autres l'ignorent. Il y a des entreprises dont les affaires marchent bien en Afrique. Il faut échanger, partager les informations pour nettoyer ce type de perception ", recommande Yasushi Naito. Notre interlocuteur rappelle que le groupe Toyota a racheté la Cfao grâce à de bons partenaires. " D'autres entreprises travaillent avec de bons partenaires pour surmonter les défis et faire des investissements efficaces ", poursuit-il.

Soutien de Tokyo aux entreprises intéressées par l'Afrique

Pour gommer cette image négative du continent, le Gouvernement japonais tient un " dialogue étroit " avec les entreprises nippones qui s'intéressent à l'Afrique, déclare M. Naito. En plus, " il y a un soutien de la part du Gouvernement aux entreprises qui s'intéressent au continent et à son développement ". À son avis, il faut une convention pour protéger les investissements. D'ailleurs, précise notre interlocuteur, des conventions ont été déjà signés avec le Maroc et la Côte d'Ivoire, les négociations étant en cours avec d'autres pays.

Le Japon compte beaucoup sur le Comité bilatéral, créé lors de la Ticad 7, en 2019, pour l'amélioration de l'environnement des affaires en Afrique. Sept pays en sont membres, précisément le Sénégal, l'Égypte, le Ghana, le Kenya, la Côte d'Ivoire, le Nigeria et l'Afrique du Sud. " Depuis trois ans, nous consolidons les activités au sein de ce Comité où nous travaillons ensemble. Nous échangeons sur l'élargissement du volume d'investissements des entreprises japonaises ", déclare le coordinateur sénior régional chargé du Ppp au sein de la Ticad.

Il donne l'exemple du Sénégal, pays avec lequel le Comité bilatéral donne des résultats satisfaisants. " Le Sénégal écoute toutes les préoccupations des entreprises japonaises. Par exemple, le système juridique, réglementaire. J'apprécie hautement les initiatives sénégalaises dans ce domaine ", ajoute M. Naito. D'ailleurs, il se dit partisan de la signature de conventions d'investissement ou de conventions fiscaux pour un meilleur partenariat économique entre le Japon et l'Afrique.

Même si la Covid-19 et la crise ukrainienne frappent lourdement le continent, le responsable japonais reste optimiste sur le développement de la présence des privés de son pays en Afrique. Il cite des secteurs tels que les technologies numériques, l'économie verte, et ce, à travers des Partenariats public-privé. " Il est possible de créer un million d'emplois et attendre des investissements japonais de 800 milliards de yens ", dit-il. La Ticad 8, prévue ce week-end, à Tunis, sera l'occasion d'échanger sur beaucoup de questions interpellant le continent, notamment l'endettement. Cette grand-messe entre Tokyo et l'Afrique est un cadre où " on respecte le point de vue des Africains ", se réjouit Yasushi Naito.

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.