À Madagascar, la cinquième édition du festival de danse contemporaine 321 s'est clôturée, le samedi 27 août, dans la capitale, Antananarivo. Pendant cinq jours, des danseurs venus de toute l'île ont pu exprimer leur art dans différents lieux: bars, hall de l'hôtel de ville, salle de théâtre ou encore à l'Institut français. C'est sur cette scène que jeunes danseurs et artistes plus expérimentés se sont produits pour un dernier spectacle. Un festival qui a aussi pour ambition d'accompagner les jeunes chorégraphes.
C'est devant des spectateurs captivés par le jeu des mouvements que les jeunes danseurs ont présenté leurs créations.
Parmi eux, Saholy Razafinjanahary, venu d'Antsirabe, interprète en solo sa pièce chorégraphique Taningazako, (" Mon pays déserté ") : " Ce que j'ai voulu montrer avec ma chorégraphie, ce sont les blessures que subit Madagascar comme par exemple la destruction des forêts, les fausses informations diffusées sur internet. Dans mon histoire et avec mes mouvements, je joue le rôle de Madagascar. Si la terre parlait, qu'est-ce qu'elle dirait et qu'est-ce qu'elle ressentirait ? Je montre qu'elle est enragée face à la situation dans laquelle elle se trouve."
Plusieurs mois de travail
C'est le résultat de plusieurs mois de travail. Saholy fait partie des huit jeunes accompagnés, pendant sept mois, par les chorégraphes professionnels des compagnies Rary et Karibondray, organisatrices de ce festival, un événement riche, ponctué de conférences, rencontres artistiques et expositions.
" J'ai pu recevoir beaucoup de conseils, notamment sur la technique. Par exemple, avant je faisais toujours des mouvements debout et ils m'ont permis d'explorer les jeux de mouvement au sol. Cette transmission nous aide beaucoup. En voyant les autres danser et en discutant avec eux, ça permet aussi de découvrir d'autres idées, d'autres mouvements. La danse contemporaine est encore peu répandue à Antsirabe et cela me motive à transmettre cet art là-bas ",poursuit Saholy Razafinjanahary.
Innovation
Un soutien focalisé sur l'innovation, explique le danseur et chorégraphe professionnel Ariry Andriamoratsiresy: " L'objectif principal c'est de promouvoir l'art de création, c'est-à-dire que ce n'est pas de la chorégraphie de reproduction de ce qui existe déjà mais il faut fouiller, pousser, explorer plus et oser apporter une autre vision de la danse. Donc ça se présente en matière pédagogique et méthodologique de cette façon: il y a de jeunes chorégraphes accompagnés et des chorégraphes confirmés qui sont accompagnateurs de ces jeunes-là. Il faut pousser cette idée d'échanges, de discussions et non pas aller toujours dans la prestation. Tout cela demande plus de lieux physiques et de lieux virtuels et intellectuels. Il faudrait aussi plus d'échanges et de vitrines d'autres cultures et de points de vue, et ce d'autant plus que Madagascar est une île. Notre challenge, c'est aussi de trouver d'autres talents qui sont cachés quelque part dans d'autres provinces parce que cette diversité est essentielle. "
Ce festival a permis, pendant cinq jours, de révéler les talents de près de 80 danseurs originaires de la capitale mais aussi de Tamatave, Majunga ou encore Mananjary.