Dans le centre d'Antananarivo, le marché des bouquinistes d'Ambohijatovo a été en proie à un incendie dans la soirée du samedi 27 août. 78 kiosques ont été touchés par le feu et des milliers de livres réduits en cendres.
Tôles déformées et planches de bois carbonisées se mêlent aux livres noircis, aux pages détachées et aux cendres. L'heure est au bilan ce dimanche pour les bouquinistes, abattus par une telle perte, et au déblayage avec l'aide des pompiers et des agents de la commune. Ce marché populaire, véritable institution dans la capitale, permettait un accès aux livres au plus grand nombre.
Rajao, 15 ans, accroupi au pied du kiosque de ses parents, tente de faire le tri. " J'essaie de récupérer ce que je peux... Les livres qui sont encore lisibles. Mais la plupart ont brûlé ", constate-t-il.
" C'est un patrimoine "
Des monticules d'ouvrages calcinés se sont formés autour des kiosques : manuels scolaires, livres d'histoire, romans, bandes dessinées... " J'ai tout perdu. Mes box se trouvaient là où nous sommes, sur ces cendres, se désole Richard Razafitsimialona, responsable du marché et bouquiniste à Ambohijatovo depuis 30 ans. Ce sera très difficile de reconstituer la collection qu'on avait. Les connaissances que contiennent les livres qui ont été détruits, ça n'a pas de prix. C'est un patrimoine. Ce sont des années et des années de travail et c'est comme ça que ça se termine. Ce qui est grave aussi, c'est que nous sommes à quelques jours de la rentrée. Les parents et les élèves viennent ici normalement et échangent avec nous leurs anciens manuels scolaires pour ceux de la classe supérieure. "
À la vue de ce marché défiguré par l'incendie, l'émotion est aussi vive chez les passants, comme Adolphe et Anjara, habitués à venir échanger ou acheter à bas prix des livres d'occasion. " C'est une partie de la culture qu'on a perdue, confie Adolphe. Ici, il y a des livres qu'on ne trouve pas dans les librairies. Quand je cherche un ouvrage, c'est toujours ici que je viens. " " Je suis vraiment consternée et je me demande ce qui s'est passé. Regardez, ces livres que l'on jette. Tout a brûlé. C'est une grande perte. Ce marché, c'est pour tous les Malgaches. Quand j'habitais en province et que je passais à Antananarivo, c'est ici que je venais pour acheter des livres ", ajoute Anjara.
L'origine de cet incendie n'a pas encore été établie. L'enquête a été confiée à la brigade criminelle de la police.