Afrique: Claire A. Pierangelo - " Les États-Unis ne dicteront pas les choix de l'Afrique "

L'ambassadrice des États-Unis donne une précision sur la politique diplomatique américaine vis-à-vis des nations africaines. Elle affirme que son pays n'a nullement l'intention de s'ingérer dans les prises de décision des États africains.

La position officielle des États-Unis. C'est ce que Claire A. Pieran-gelo, ambassadrice américaine, s'est employée à souligner durant une conférence de presse qu'elle a donnée, hier, à l'ambassade sise à Andranomena.

Mettant systématiquement en avant la politique diplomatique vis-à-vis de l'Afrique, affirmée par Anthony Blinken, secrétaire d'État américain, l'ambassadrice Pierangelo soutient, "le gouvernement américain n'essaiera pas de dicter la décision des nations africaines". Ayant effectué une tournée en Afrique, il y a quelques jours, le haut responsable américain a voulu rassurer les dirigeants africains sur les intentions américaines, dans le contexte de la guerre en Ukraine. "Les États-Unis ne dicteront pas les choix de l'Afrique", a-t-il attesté.

L'événement d'hier a été organisé pour l'annonce d'un financement additionnel à hauteur de 20 millions de dollars, destiné au renforcement de la lutte contre l'insécurité alimentaire. Seulement, le contexte mondial et les déclarations de part et d'autre, la guerre en Ukraine s'est imposée dans les échanges. D'autant plus que le titre donné à ce rajout de financement est éloquent. Il s'agit d'une enveloppe pour atténuer les conséquences sociales et économiques de la guerre en Ukraine.

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En réponse à la presse, l'ambassadrice Pierangelo écarte l'idée que cette aide additionnelle soit un acte diplomatique. Qu'il ne s'agit pas d'un clin à Madagascar dans l'idée de faire évoluer sa position vis-à-vis de la guerre entre la Russie et l'Ukraine. La diplomate souligne qu'il s'agit d'une continuité des actions de soutien au développement menées par les États-Unis dans la Grande île. Elle ajoute que le conflit sur les terres ukrainiennes n'influence pas sur la coopération malgacho-américaine.

Dans son allocution d'ouverture de la conférence de presse pour annoncer le nouveau financement, toutefois, elle explique que "la réponse des États-Unis à cette crise croissante causée par les actions de la Russie a été de fournir un nouveau financement du gouvernement américain pour aider à atténuer ces impacts sur le peuple de Madagascar, en particulier ceux qui luttent déjà pour nourrir et soutenir leur familles".

Inquiétudes

Dans son discours toujours, elle indique que "ce financement intervient dans le cadre de la réponse mondiale du gouvernement américain à l'impact de l'invasion illégale par la Russie de son voisin souverain, l'Ukraine". Bien qu'elle le réfute, la tentation de lire, dans certains de ses mots, une réplique à une déclaration de Richard Randriaman-drato, ministre des Affaires étrangères, la semaine dernière, est grande cependant. Face à la presse, le chef de la diplomatie malgache a réaffirmé la neutralité de la Grande île vis-à-vis de la guerre en Ukraine.

Un des arguments que Madagascar partage avec certains de ses voisins en Afrique pour soutenir sa neutralité face à la guerre entre la Russie et l'Ukraine, est la distance géographique. "Ce conflit, qui dure maintenant depuis six mois, a perturbé les marchés mondiaux de la nourriture, des engrais et du carburant. Cela est particulièrement important car l'Ukraine et la Russie produisent environ 30% des exportations mondiales de blé. Les pays africains, en particulier, sont tributaires des exportations de blé ukrainien (... )", sont les mots de la diplomate américaine qui sonnent comme une réplique.

Claire A. Pierangelo ajoute, "(... ) L'Ukraine est également le plus grand fournisseur de nourriture du Programme alimentaire mondial (PAM), l'un des principaux fournisseurs d'aide alimentaire à Madagascar. Ainsi ce conflit qui semble si loin de nous, ici à Madagascar, a en fait perturbé les chaînes d'approvisionnement en nourriture et déclenché des hausses de prix significatives pour les aliments, les engrais et le carburant, ici même à Madagascar".

Outre le "soft-power", diplomatique afin de convaincre ses partenaires africains, dont Madagascar de ses bonnes intentions, c'est le "hard-power", que pourraient déployer les États-Unis dans le contexte du conflit russo-ukrénien qui inquiètent les États africains. Samedi, le ministère des Affaires étrangères a publié un communiqué sur sa page Facebook. Une missive qui fait écho d'une décision du 42e sommet des Chefs d'État et de gouvernement de la Commu-nauté de développement des États d'Afrique australe (SADC).

"Le sommet a exprimé son mécontentement concernant "la loi sur la lutte contre les activités malveillantes de la Russie en Afrique", adoptée par la Chambre des représentants des États-Unis d'Amérique", indique le communiqué du ministère des Affaires étrangères. Elle ajoute, du reste, que le siège de la diplomatie malgache "rejette toute insinuation et spéculation sur une prétendue présence de mercenaires groupe paramilitaire [russe] Wagner ou d'entités affiliées sur le sol malgache".

Selon les publications de presses internationales et africaines, cette loi votée par la Chambre des représentants américains, une fois entrée en vigueur, "exigera au secrétaire d'État américain d'élaborer et de soumettre au Congrès une stratégie et un plan de mise en oeuvre décrivant les efforts entrepris par les États-Unis pour lutter contre l'influence et les activités malveillantes de la Russie et de ses supplétifs en Afrique". Des analystes brandissent le risque d'ingérence et d'entrave au droit de chaque État de définir souverainement sa propre politique diplomatique.

Il a été demandé à l'ambassadrice Pierangelo de donner plus amples explications sur cette loi. Pareillement sur les craintes d'une ingérence. En réponse, elle a juste réitéré les propos du secrétaire d'État Blinken indiquant que "les États-Unis ne dicteront pas les choix de l'Afrique".

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