Tchad: Palabre en prélude à un dialogue qui intéresse peu

DNI : entrevue entre le PCMT et les Partenaires Sociaux.

Des Tchadiens interrogés par DW affichent peu d'intérêt pour le dialogue national. L'organisation et le budget jugé élevé sont à l'origine de ce désintérêt.

Les travaux du dialogue national censé conduire le pays vers des élections reprennent en principe ce mardi (30.08.2022). Mais des Tchadiens affichent une certaine lassitude par rapport à ce dialogue jugé coûteux et dont le passé a montré qu'il pourrait ne déboucher que sur de maigres avancées politiques.

Ces assises démarrent mal avec une centaine de partis politiques et organisations de la société civile qui ont annoncé leur retrait.

Des précédents peu glorieux

Le Tchad a organisé par le passé, des dialogues qui n'ont pas tenu leurs promesses, notamment la conférence nationale souveraine de 1993 qui a conduit le pays aux premières élections libres en 1996. De ce fait, le dialogue national en cours, et voulu inclusif et souverain, ne rassure pas beaucoup de Tchadiens.

"Contrairement à la conférence nationale souveraine de 1993, le dialogue national inclusif démarre très mal parce que ça été mal organisé, on n'a pas inclus tout le monde et avec tout ce qui se passe c'est une honte pour le peuple tchadien de voir des gens, qui se sont réunis pour parler au nom du peuple, en train de se déchirer, c'est triste", déplore l'activiste des droits humains Aimé Assadji.

Entre querelles d'égos des leaders, manque de transparence dans son organisation, les Tchadiens sont plus que jamais sceptiques.

"Le Conseil militaire de transition qui n'est pas un parti politique mais un organe transitoire ne doit pas mettre de la pression comme ça sur les gens pour qu'ils puissent faire sa volonté", insiste par ailleurs Aimé Assadji.

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Des préoccupations des jeunes restées sans solution

Selon Maxime Reounodji, un diplômé sans emploi, les milliards dépensés pour l'organisation du dialogue auraient pu servir à faire d'autres choses plus importantes comme l'intégration des jeunes à la fonction publique.

"Lorsqu'on pense à l'argent dépensé pour l'organisation de ce dialogue ça énerve. Cet argent aurait pu résoudre d'autres problèmes. Tel que c'est parti, c'est un échec et c'est de l'argent gaspillé inutilement. Cela aurait été mieux qu'on ait intègré les jeunes qui chôment avec cet argent", regrette le jeune Tchadien.

Un contexte différent

François Djékombé, membre du Comité d'organisation du dialogue national tente d'atténuer la déception de la jeunesse tchadienne.

"Ce ne sont pas les mêmes réalités et nous sommes dans deux contextes totalement différents", explique-t-il, en réponse à ceux qui comparent le présent dialogue aux autres ayant eu lieu par le passé.

"A l'époque, la conférence nationale souveraine a rassemblé essentiellement les acteurs politiques, les anciens chefs de guerre avec quelques leaders de la société civile. Ce qui n'est pas le cas du dialogue national inclusif qui se veut plus citoyen et qui rassemble un large pan de la société. Vous avez toutes les corporations réunies. Je pense que c'est la rencontre des fils et filles du Tchad et le plus important est que de là sortent des résolutions qui nous permettront d'asseoir une paix définitive dans notre pays", argumente François Djékombé.

Les travaux étaient suspendus dimanche (28.08.2022) après des mécontentements à la suite de la mise sur pied du présidium. Ils sont censés reprendre ce mardi (30.08.2022). Les participants vont plancher sur des questions sociales, la paix, la réconciliation nationale ou encore les libertés fondamentales.

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