Libye: Affrontements meurtriers - A quand la fin de la chienlit ?

Les violences se poursuivent en Libye depuis la chute Mouammar Kadhafi en 2011.
analyse

Le week-end écoulé, les Libyens ont recommencé à se parler dans le langage qu'ils connaissent le mieux depuis le début de la conjuration internationale qui a eu raison du guide de la Jamahiriya arabe libyenne, le colonel Mouammar Kadhafi, c'est-à-dire celui des armes.

En effet, de violents combats entre milices ont éclaté dans la nuit de vendredi à samedi à Tripoli, faisant au moins 32 morts et 159 blessés, selon le bilan établi par le ministère libyen de la Santé, publié dimanche. Et même les hôpitaux n'ont pas été épargnés par la furie des armes.

L'on a dénombré, en effet, 6 hôpitaux touchés par les bombardements. Qu'est-ce qui a bien pu pousser, à nouveau, les bras armés du chef du gouvernement de Tripoli, Abdelhamid Dbeibah et ceux de son frère ennemi, Fathi Bachagha, chef du gouvernement rival de Tobrouk, à se rentrer dedans ?

Telle est la question que l'on pourrait se poser suite à ce récent développement de la crise sans fin en Libye. A défaut d'être dans les secrets des Etats-majors des deux camps, l'on ne peut qu'émettre des hypothèses.

L'état de guerre permanent en Libye, est dicté par les intérêts des grandes puissances mondiales

La première cause probable de la subite explosion de violences à Tripoli, est l'impasse dans laquelle est plongé le processus politique qui devait aboutir, le 24 décembre dernier, aux premières élections après l'effondrement du régime de Mouammar Kadhafi.

L'on se souvient, le scrutin avait été reporté sine die suite aux nombreux blocages décelés par l'Autorité électorale qui s'était, à l'époque, dédouanée en invoquant notamment " des considérations hors du contrôle de ceux qui sont en charge du processus ".

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Au nombre de ces difficultés, l'on notait la loi électorale qui était loin de faire l'unanimité et surtout la difficulté d'arrêter la liste des candidats à la présidentielle.

Ce blocage du processus électoral a eu pour effet de réveiller les vieux antagonismes en mettant face à face les deux camps ennemis qui s'accusent mutuellement des maux qui minent la route du retour à la normalité politique. Fathi Bachagha, soutenu par Khalifa Haftar, accuse le gouvernement de Tripoli de "s'accrocher au pouvoir", bien qu'il soit "illégitime".

Il menace de s'emparer de la ville par la force. Mais la chose semble plus facile à dire qu'à faire. La deuxième raison qui pourrait expliquer la nouvelle flambée de violence est que l'état de guerre permanent en Libye, est dicté par les intérêts des grandes puissances mondiales qui s'y affrontent par milices interposées.

La paix, dans le pays, est prise en otage par l'appétit vorace des Occidentaux à cause des immenses réserves pétrolières de la Libye et cela est particulièrement vrai par ces temps de crise énergétique consécutive à la guerre en Ukraine.

L'autre mamelle de la guerre en Libye, est la vente des armes qui fait les choux gras des grands fabricants et vendeurs à l'échelle de la planète.

Cette guerre interminable est donc une véritable industrie pour les puissances occidentales qui ne reculent devant rien pour maintenir ce foyer incandescent au bord de la Méditerranée.

C'est l'Afrique tout entière qui paie un lourd tribut à la tragédie libyenne

Ceci étant, la question qui taraude tous les esprits est la suivante : de quoi sera fait demain pour la Libye ? Pour l'instant, au lendemain des affrontements meurtriers du week-end, il règne un calme précaire.

Mais l'on imagine que les différents protagonistes n'ont pas dit leur denier mot et il faut craindre que l'accalmie ne soit mise à profit par les deux camps pour préparer un retour plus sanglant.

Et c'est sans doute à cause de ce plus que probable déchaînement de violences qui se profile à l'horizon, que l'Organisation des Nations Unies (ONU) qui chapeaute le processus, a convoqué son Conseil de sécurité.

Mais il ne faut pas être dupe, il ne peut sortir de ces réunions de crise au sommet de la planète, aucune solution sérieuse à même de mettre un terme au conflit libyen pour la simple raison que ce sont les mêmes puissances occidentales qui siègent au Conseil de sécurité de l'ONU, qui s'affrontent sur le théâtre des opérations militaires pour leurs intérêts.

Ces réunions, il faut le dire, ne sont que des galas de l'hypocrisie des Occidentaux. Et c'est ce fort sentiment de pessimisme qui amène à se poser la question suivante : à quand la fin de la chienlit en Libye ?

Il est difficile de répondre à cette question. Mais une chose semble certaine : tant que les Libyens mettront plus l'accent sur ce qui les oppose que sur ce qui les unit, la guerre qui ravage leur pays sera pour eux, un piège sans fin.

Il leur appartient donc de trouver en eux-mêmes le courage et l'énergie pour se parler en tant que frères pour sauver ce qui peut encore l'être au risque de périr ensemble dans le bûcher qu'eux-mêmes ont dressé.

Pour asseoir les bases de ce dialogue inter et intra-libyens, la voix de l'Afrique doit se faire plus audible. Car, c'est l'Afrique tout entière qui paie un lourd tribut à la tragédie libyenne.

L'on sait, en effet, que les groupes terroristes qui écument toute la bande sahélo-saharienne, ont un lien ombilical avec le pays de Mouammar Kadhafi qui est devenu un marché à ciel ouvert d'armes, qui contribue à déstabiliser les Etats du Sahel.

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