Mali: En quoi consiste la stratégie nationale de stabilisation de la région Centre?

Comment résoudre la crise sécuritaire, humanitaire et intercommunautaire dans le centre du Mali ? C'est à cette question que tente de répondre un document intitulé " Stratégie de stabilisation des régions du Centre. 2022-2024 ", élaboré par le secrétariat permanent du cadre politique de gestion de la crise du Centre, une institution officielle malienne censée coordonner toutes les initiatives nationales sur le sujet. Il s'agit pour l'essentiel d'une analyse de contexte.

Après le nord du Mali et la rébellion indépendantiste de 2012, le centre du Mali est depuis 2016 le coeur d'attaques jihadistes, qui se superposent à des rivalités intercommunautaires. Le conseil des ministres du 24 août dernier a adopté un projet de décret approuvant cette stratégie nationale, réfléchie au niveau du secrétariat permanent du cadre politique de gestion de la crise du Centre.

Le document fait remonter la crise intercommunautaire au Centre à 2012, précisément à " une série de mésententes entre individus ", peuls et dogons, de la commune de Dinangourou pour l'accès à un puits. Selon ce document officiel, des " journalistes occidentaux " qui ne sont pas nommément cités, auraient alors " monté en épingle " des " incompréhensions courantes ", et les jihadistes auraient " saisi cette occasion pour s'ériger en défenseur des peuls ".

" Le conflit qui au départ était local a pris une dimension ethnique [...] dans ce cadre ", affirme ce document, qui énumère les atrocités commises ces dernières années par la Katiba Macina d'Amadou Kouffa : attaques, assassinats, enlèvements ou encore destruction de villages sont ainsi répertoriés de façon exhaustive. Les conséquences néfastes de la présence jihadiste sont également développées : fermeture d'écoles, limitation des activités agricoles, insécurité alimentaire, déplacements de populations, etc.

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L'intérêt des " grandes puissances "

Ce plan stratégique explique aussi la crise du Centre par l'intérêt " des grandes puissances " pour les ressources naturelles du Mali : pétrole, gaz, lithium, terres rares, hydrogène ou encore espaces " propices à la production de viande et de lait ". Des facteurs " travestis ", selon ce document, " pour justifier la crise dans un langage convenu " : " défense des droits de l'homme ", " laïcité ", " démocratie " ou " manque de développement " seraient ainsi utilisés comme prétextes.

De longs passages sont consacrés à la rébellion indépendantiste de 2012 dans le Nord, et ses conséquences sur les populations du Centre qui, " se considérant comme victimes ", se seraient organisé " pour bénéficier des dividendes de la paix ". D'où, selon ce document, la " jonction d'intérêt avec des groupes d'obédience islamiste ".

L'absence de l'État dans certaines zones est décrit comme une conséquence - et jamais comme un facteur - de la crise et de l'insécurité, les jihadistes s'en prenant effectivement aux symboles et aux représentants de l'État dans les zones où ils se sont imposés.

En termes de perspectives, la stratégie de stabilisation mise sur l'opération militaire Maliko lancée en 2020 pour protéger les habitants et restaurer l'autorité de l'État, le plan de retour de l'administration de mars 2021 et le plan gouvernemental de réponse humanitaire 2022. Objectif : " faire du Centre une zone stable et prospère où les communautés sont réconciliées ".

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