Madagascar: Une vindicte populaire qui mérite réflexion

C'est un drame qui n'est pas isolé et qui traduit le malaise d'une société malgache totalement désorientée. Deux jours après sa survenue, on est encore atterré par son ampleur.

Ce qui s'est passé à Ikongo donne à réfléchir sur la manière dont il faut répondre à la rage d'une foule criant vengeance. La population de cette localité a voulu répondre à ce qu'elle considère comme un acte abject par une vindicte. Les gendarmes, pour se protéger, ont fait usage de leurs armes et le résultat est sanglant : de nombreux morts et blessés. Le problème dépasse largement celui du respect du droit car c'est la réaction primaire d'une foule ivre de colère qui s'est exprimée.

Une vindicte populaire qui mérite réflexion

Cela aurait pu être un de ces faits divers banals que nous rapportons dans nos colonnes. Quatre individus ont été arrêtés par les gendarmes et retenus à leur caserne à Ikongo. Ils sont soupçonnés d'avoir kidnappé un enfant albinos et d'avoir mutilé sa mère. La nouvelle s'étant très vite répandue, la population s'est ruée vers le camp pour demander à ce qu'on livre les personnes incarcérées.

Le refus des forces de l'ordre a été net, mais la foule en furie s'est montrée menaçante. Les militaires débordés ont tiré pour se protéger et il y a eu des morts et des blessés parmi ceux qui ont mené l'assaut. Ce n'est pas la première fois qu'a lieu une tentative de vindicte populaire, mais elle n'entraîne pas un bilan aussi sanglant de la riposte des militaires. On a plusieurs fois affirmé que la vindicte populaire est la réaction instinctive d'une population qui n'a plus confiance aux forces de l'ordre car les malfaiteurs qui font des actes répréhensibles sont relâchés.

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La fréquence des enlèvements d'enfants albinos a traumatisé les Malgaches. Cette fois-ci, la rumeur dit que ce rapt a été accompagné de tortures sur la mère de l'enfant. On attend les réponses qui vont être apportées par les autorités. On ne peut pas se voiler la face. Il ne s'agit pas d'un incident banal, mais il doit servir de point de départ à une réflexion bien plus profonde de la gestion d'une crise larvée.

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