Tunisie: Pratiques économiques malsaines - La mafia à l'œuvre !

31 Août 2022

Il serait tellement déconcertant de se contenter de "sanctionner" de petits commerçants, tout en laissant courir les gros poissons. Il est vrai, aujourd'hui, que les trafics divers sont devenus un sport national.

Pour lutter contre ce fléau, il est important de commencer par le haut. C'est là que tout se fait et se trame. Avec, bien sûr, des prolongements extérieurs. Les autorités concernées connaissent sur le bout des doigts toutes les manœuvres et toutes les combines utilisées par la mafia économique.

Quand on regarde de plus près, on comprend vite que la situation actuelle est le résultat d'une conjonction de plusieurs facteurs. Les uns sont anciens et les autres sont nouveaux. Ils sont, notamment, issus des bouleversements connus par notre pays depuis 2011. En effet, c'est, surtout, depuis cette date que tous les maux ont commencé à s'abattre sur tous les secteurs de notre économie et de notre société.

Aucun garde-fou n'existe. Aucune des règles de bonne conduite ou de bonne pratique n'est respectée. Même ceux qui évoluaient dans un cadre réglementaire penchent de plus en plus vers les pratiques illicites. La concurrence déloyale que leur livrent les différents trafiquants et autres contrebandiers les oblige à trouver la parade. Ce qui fait qu'ils tombent, inexorablement, dans un système mafieux. C'est ce système, justement, qui est plus puissant qu'avant qui impose ses lois et livre une guerre au peuple et à l'État.

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Infiltration

Cet État, faut-il le dire, est resté sans réaction durant toute la période précitée laissant le champ libre devant des groupes et des individus (souvent épaulés de l'extérieur par d'autres groupes, individus ou États). Du coup, tous les rouages de l'économie sont entre leurs mains. Les divers gouvernements qui ont tenu les rênes du pouvoir durant la dernière décennie ont placé leurs pions partout. Les partis politiques qui formaient, alors, ces gouvernements se sont partagé le "gâteau" entre eux et ont essaimé dans tous les secteurs vitaux de l'économie.

Au point que l'on peut parler d'un État au-dessus de l'État ou d'un État à l'intérieur de l'État. D'autres parlent aussi d'un État profond. Toujours est-il que le pays est actuellement livré à des bandes organisées qui font la pluie et le beau temps. Rien ne leur échappe. Ni contrôle de l'État, ni mesures, ni sanctions ne leur font peur. Ils ne reculent devant rien et ont montré, jusqu'à présent, qu'ils ont la situation bien en main. Ils bombent le torse dès lors que soutiens inconditionnels des partis politiques qui étaient au pouvoir leur sont accordés.

Effectivement, ces soutiens ne sont pas visibles à l'œil nu. Tout se trame derrière les rideaux et sous l'instigation des grands boss de la contrebande ou d'hommes d'affaires peu scrupuleux. Faut-il s'en étonner ? Certes non.

Car de telles pratiques sont courantes dans les pays où la corruption a atteint son comble. Ce qui est, malheureusement, en train de s'accomplir chez nous. La déliquescence des valeurs morales et des habitudes saines font que les forces économiques en présence ne livrent plus une bataille loyale mais une lutte effrénée pour dominer l'espace et détenir le monopole de tous les pouvoirs.

On comprend alors facilement l'impuissance de l'État devant ces nombreux lobbies et son incapacité à mettre en œuvre les dispositions réglementaires, pourtant faites pour juguler le fléau.

En fait, pour lutter contre ces mafias, il n'y a pas que la loi. Car tous ces groupes sont infiltrés partout et jonglent avec les différents textes de loi. Ils ont tous les moyens de se conformer à toutes les situations et à fournir tous les documents demandés.

On ne peut donc pas les battre sur le terrain des réglementations et par l'application de mesures administratives obsolètes. Sur ce chapitre, ils ont une force de frappe d'une efficacité à toute épreuve.

Équipes incorruptibles !

C'est ce qui nous pousse à parler de l'échec des anciennes méthodes de lutte contre ces groupes mafieux qui minent le corps de l'État. Lorsqu'on parle de contrebande de marchandises, par exemple, certains d'entre nous font penser à ces camionnettes qui franchissent illégalement, les frontières pour faire passer du fer, des pneus, des cigarettes, des portables, etc. Cela est vrai. C'est de la contrebande qu'il faut combattre et endiguer.

Avant, ce phénomène n'avait pas atteint les limites de la criminalité parce que c'était les habitants des zones frontalières qui s'y livraient. Donc, il y avait une certaine tolérance des différents pays à l'égard de ces échanges.

Avec le temps, les données ont complètement changé et on assiste à la naissance de réseaux internationaux dotés des moyens à l'échelle des États qui dirigent les opérations. On en a la preuve flagrante avec ces centaines de conteneurs de déchets importés d'Italie.

Ce ne sont, donc, pas quelques bibelots cachés dans une valise qu'on veut introduire dans le pays.

Ce sont de gros objets de plusieurs centaines de tonnes qui arrivent sur de grands bateaux et qui passent devant divers contrôles.

C'est ce qui se passe, effectivement, pour d'autres trafics et qui parviennent à franchir tous les contrôles et à disposer de tous les documents nécessaires.

En vérité, ce n'est pas, uniquement, en suivant les circuits ordinaires qu'on peut mettre fin à tous ces trafics. Les opérations menées par les services de contrôle ont montré leurs limites, voire leur inefficacité. On peut même affirmer que les services de contrôle connaissent parfaitement les différents acteurs et leurs astuces. Ils savent même où ils cachent leurs marchandises. Les entrepôts utilisés se trouvent dans tous les quartiers ou dans des garages et des fermes. Que reste-t-il ?

Il est impératif d'adopter de nouvelles méthodes plus appropriées aux situations changeantes. Une formation plus perfectionnée des agents chargés de faire ce travail est tout aussi nécessaire. Il faut des gens bien préparés pour lutter contre les pratiques économiques malsaines ou illicites. Des gens capables de trouver la parade et de découvrir tous les stratagèmes utilisés par ces groupes mafieux. Ils doivent s'aider en cela de spécialistes dans les domaines de la criminalité, de la comptabilité et des fraudes.

En somme, il faut des gens exceptionnels pour affronter des situations et des individus exceptionnels.

Des équipes de choc et formées d'incorruptibles !

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