Congo-Brazzaville: Portrait - Nephtali Suzanna Loutina, l'artisanat dans la peau

Passionnée de l'artisanat depuis l'âge de neuf ans, c'est seulement en 2017 que Nephtali Suzanna Loutina trouve une occasion, en l'absence de ses parents et contre leur avis, pour se lancer dans l'univers de cet art, où elle coud et brode avec du pagne, du raphia, de la liane ou encore la paille.

C'est en plein cœur du mémorial Pierre-Savorgnan-de-Brazza, site abritant la première édition de la Foire internationale de l'artisanat du Congo (Fiac), que nous avons rencontré Nephtali Suzanna Loutina. Courtoise et belle, la jeune femme s'attelait à exposer ces articles dans son stand lorsqu'elle se fait interrompre pour un échange. Et c'est donc avec le sourire aux lèvres qu'elle nous fait voyager dans son monde artistique. Pour mieux cerner son parcours, un flashback s'impose.

Bien que née dans une famille d'artisans avec, entre autres, un père, une mère et un oncle talentueux dans ce domaine, ce n'est pas à ce métier que la famille de la jeune demoiselle la prédestinait. Pour eux, elle devrait être docteur et exercer dans un hôpital de la place en sauvant des vies. Sauf que Nephtali a plutôt choisi de sauver l'artisanat qui se meurt à petit feu chez les jeunes en décidant de faire valoir sa créativité et son savoir-faire.

Alors, un jour, pendant que son père se trouve à l'intérieur du pays pour se ravitailler en matière première de ses créations et sa mère au Cameroun pour une formation, Nephtali se lance dans l'apprentissage de la couture, d'abord auprès d'une Malienne, puis auprès d'une ressortissante de la République démocratique du Congo ainsi que du Congo-Brazzaville. Une audace qui attirera une autre flamme de renforcement de capacité, cette fois-ci en Chine, sous l'égide du ministère des Petites et moyennes entreprises, à l'époque sous la tutelle d'Yvonne Adélaïde Mougany.

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Lorsque Nephtali termine ses trois mois de formation à l'étranger et rentre au pays, pour sa famille il était évident de la laisser continuer sur ce chemin qui au-delà de l'apprentissage lui offrait également la possibilité de créer son propre emploi. Lorsqu'elle s'y met, tout ne lui sourit pas tout de suite, avoue-t-elle. Mais à force de persévérer, elle en récolte aujourd'hui les fruits.

" J'ai déjà eu à exposer plusieurs fois et c'est toujours un réel plaisir de se retrouver face au public et de lui présenter nos créations. Pour cette 1e Fiac, j'expose avec ma mère Ken Frédithe sous le label Artisanale shops. Nous avions ramené plusieurs articles à vendre comme des sacs à main en bambou et raphia, des sets de table en raphia et pagne, chapeaux en paille, des chaussures en liane, ustensiles et porte-clés en bois, des vêtements en pagne et soies brodés à la main, etc. Sur les quatre valises dont nous disposions, deux ont été vidées et j'en suis tellement ravie ", a fait savoir l'artisane congolaise.

Si les créations d'Artisanale shops ont forcé l'admiration de plus d'un visiteur à cette foire, il faut reconnaître que derrière les artisans rencontrent souvent des difficultés à s'approvisionner en matière première, qui peut s'avérer un peu cher. A côté de cela, se pose aussi le problème de l'écoulement de leurs produits. D'où la nécessité de créer un marché permanent dédié à l'artisanat. A ce propos, le souhait a été formulé par plusieurs artisans lors de la première édition de la Foire internationale de l'artisanat du Congo qui s'est tenue durant le mois d'août à Brazzaville sur le thème " L'artisanat, pilier de redynamisation des économies des pays africains ". Et le ministère de tutelle en a pris bonne note.

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