Afrique de l'Ouest: Deux mois après la levée de l'embargo de la Cédéao - Bamako n'a pas abandonné Conakry et Nouakchott

1 Septembre 2022

Cela  va faire bientôt deux mois que la Communauté des Etats de l'Afrique de l'ouest (Cédéao), et l'Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa), ont levé l'embargo économique et financier prise en Janvier 2022  sur le Mali.

Une mesure qui empêchait Bamako de commercer comme par le passé avec les ports de Dakar et   d'Abidjan principalement.  Pour éviter l'asphyxie de l'économie malienne et   continuer à approvisionner le marché local, les opérateurs économiques et le gouvernement maliens ont décidé de revitaliser les corridors Bamako- Nouakchott et Bamako- Conakry durant cette période de crise. Passée cette période difficile et la levée de l'embargo intervenue le 03 Juillet 2022, quel est l'Etat des lieux ?

Selon des chargeurs maliens, les trafics sur les corridors indiqués plus haut, continuent même s'il s'agissait de solutions conjoncturelles. « Nous avons repris le transit Bamoko- Dakar d'une part et les ports ivoiriens d'autre part.   Pour autant, nous n'avons pas abandonné l'axe Conakry-Bamako. Il en est de même pour l'axe Bamako- Nouakchott.  La Mauritanie et le Guinée ont évité l'humiliation au Mali. », indiquent  nos interlocuteurs.   Aussi, G. Koné, expert- consultant en transports maritimes basé à Abidjan ne dit pas le contraire. Les chargeurs maliens sont certes revenus aux ports d'Abidjan et de San Pedro, mais pas au niveau   antérieur à l'embargo décrété par la Cédéao et l'Uemoa en début Janvier 2022.

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Pour caricaturer notre personne ressource explique : « Les bateaux n'attendent pas aux larges des ports ivoiriens. Pourque très rapidement, on leur fasse appel.  Durant l'embargo, les chargeurs maliens voire le gouvernement de ce pays ont passé des commandes qui doivent passer par le port de Conakry et e Nouakchott pour ravitailler le Mali.

Il est donc évident que le retour sur nos ports n'atteigne pas immédiatement le niveau traditionnel. Ils attendent la normalisation de la situation. Les maliens ont tiré beaucoup de leçons de la situation d'embargo et ils   ne vont pas abandonner la stratégie de diversification de l'approvisionnement du marché local et l'exportation de leurs produits. Avec à la clé, un redimensionnement des entrepôts maliens dans ces pays. » Notre expert ne manque d'ajouter que 'les chargeurs maliens sont revenus mais ils ne sont pas contents et grognent en sourdine' En effet, M. Hien Yacouba Sié, Directeur général du Port autonome d'Abidjan (Paa),par ailleurs président de la communauté port d'Abidjan a fait certaines facilités pour l'enlèvement des marchandises maliennes en souffrance  au port.« Les structures   étatiques les appliquent mais elles ne sont suivies comme il se doit par les opérateurs privés. En outre, l'actualité sur 'l'affaire de l'emprisonnement des 49 militaires ivoiriens' à Bamako suscite des craintes et ne les rassure pas. » dit-il.

Quid des investissements réalisés dans les ports de Conakry et de Nouakchott durant l'embargo ? Les gros investissements se font en fonction de la durée de la crise du moment. Ce qui n'a pas été le cas, comme durant la crise militaro- politique en Côte d'Ivoire de la décennie 2002 à 2011. Durant laquelle les ports de Dakar, Lomé et Tema ont profité pour faire de gros investissements, à l'effet de capter une bonne partie du trafic qui passait d'ordinaire par la Côte d'Ivoire. Toutefois, ajoute M. Koné, « Cette parenthèse va impacter le trafic global import et export entre la Côte d'Ivoire et le Mali qui est annuellement de 10%. Surtout que la Mauritanie et la Guinée Conakry ont fait des facilités pour les opérateurs économiques maliens »

Les statistiques de la Direction générale des entrepôts maliens en Côte d'Ivoire(Emaci), indiquent : « En 2021, ce sont plus 334 mille tonnes de Clinker.(Matière première pour faire le ciment) qui sont son passées par le port de San pedro, pour approvisionner exclusivement les cimenteries de la Cimaf basées au Mali. Sans oublier les 84 mille tonnes d'engrais destinées à la filière cotonnière malienne. Ce n'est pas rien. Mais (…) » A noter qu'en ce qui concerne le traitement de 320 mille tonnes de fibres de coton malien de la Compagnie malienne pour le développement des textiles( Cmdt),en 2021 ce sont 88 navires qui ont été chargés à destination( à partir  de la Côte  d'Ivoire)  des pays d'Outre-Mer et d'Asie. Du fret perdu pour les ports ivoiriens sur l'exercice en cours ?

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