Cameroun: Culture et tradition - Ne laissons pas mourir nos langues

2 Septembre 2022

Bétéo Nébié déclare : " De tous les peuples qui se sont développés depuis la nuit des temps, aucune l'a fait par une autre langue que la sienne. "

Dans la même logique, il est scandé dans l'hymne du Ghɔmáláꞌ: " Ákwa' khʉ́sónə́ləghɔm mo gwáktsʉ̌ " (Traduction : c'est une honte que de privilégier la langue d'autrui au détriment de la tienne). Consciente de cet enjeu ultra important, l'APROCLAGH (Association pour la promotion de la culture et langue Ghɔmáláꞌ) renoue chaque année avec des programmes d'alphabétisation en Ghɔmáláꞌ.

Dans les villes de Douala, Yaoundé, Bafoussam, Bandjoun, Doungué, Bayangam, etc., les mois de juin et juillet 2022 ont été, une fois encore, consacrés à ces programmes d'alphabétisation organisés ou pilotés par l'APROCLAGH.

Au terme de l'année scolaire, on a immédiatement rassemblé ces jeunes de 03 à 21 ans dans différents centres afin de susciter chez eux le désir de parler et écrire le Ghɔmáláꞌ, de chanter et compter dans cette précieuse et riche langue, de connaître les us et coutumes des différents villages de cette aire linguistique.

Un bravo spécial à ceux de ces parents-là qui ont compris la nécessité d'une telle formation et ont encouragé leurs progénitures à y participer. En récompensant les plus méritants à l'occasion de cette célébration del'excellence scolaire et académique Bandjoun de Douala, les responsables du Fəgú' voudraient encourager ces enfants qui ont manifesté un réel intérêt à suivre ce programme. Ils savent donc désormais combien la langue maternelle de chaque être est précieuse, et qu'il faut, à défaut de la promouvoir, au moins se battre pour la préserver. Les autres parents et enfants devraient nécessairement les avoir en exemples.

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Les raisons d'une remobilisation

De plus en plus, les Africains s'assimilent à des modèles occidentaux (vestimentaire, repas, musique, croyances, parlers... ) mis sur orbite par les médias qui foisonnent de nos jours et qui sont eux-mêmes extravertis.

De ce fait, les jeunes (plus facilement influençables) sesurprennent en train dedénigrer les pratiques locales, puisqu'elles sont vues avec des regards d'occidentalisés ! La conséquence de cet état de choses est l'enlisement du continent qui tarde véritablement à décoller, en dépit de l'apparente modernité qu'on est tenté de lui reconnaître. Ladite modernité est conçue sans tenir compte de nos réalités locales que nous maîtrisons très peu, sinon pas du tout. La langue étant le véhicule par lequel la culture s'extériorise, on ne saurait la valoriser si on ne parle pas sa langue.

Que sont devenus nos différents paliers de grenier dans les maisons que nous bâtissons aujourd'hui ? Les enfants que nous voyons grandir ont-ils encore la moindre idée du kiŋ, du thə́dyə́... ? Comment pourront-ils prospérer s'ils n'ont pas ces notions d'économie, de préservation des biens dans lesquelles nos richissimes Victor FOTSO, Paul FOKAM KAMMOGNE, KADJI DE FOSSO... ont été moulés ?

Sans pour autant leur demander de fermer les portes aux langues et cultures d'ailleurs à l'ère dite de la mondialisation, nous voulons plutôt souhaiter que les uns et les autres prennent conscience de ce que lorsqu'une langue n'est pas parlée, elle est appelée à mourir et, à travers elle, tout ce qu'elle porte comme valeurs.

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