Maroc: Nouvelle flambée à la pompe

C' est à n ' y rien comprendre !

"On ne comprend plus rien. Nous sommes bien dépassés par la situation", c'est ainsi qu'un bon nombre de Marocains décrivent leur ras-le-bol face aux hausses des prix des carburants alors que ces derniers sont en chute sur le marché international depuis plusieurs semaines.

En effet, et pas plus tard que jeudi dernier, les prix des carburants ont une nouvelle fois augmenté au Maroc de 91 centimes à 1 DH/le litre. Certaines stations-services n'ont pas hésité à augmenter le prix de 1.02DH. Quant au prix du litre d'essence, il est resté stable ou a connu une légère baisse de 12 centimes, variant entre 14.60DH et 14.75DH.

Pour une grande majorité de nos concitoyens, ces hausses des prix à la pompe sont devenues quasi-automatiques et l'impact de la baisse des cours du baril est moins sensible. En effet, les distributeurs jouent sur le manque d'information de la part des consommateurs pour changer les prix à leur guise, sans raisons claires, solides et fiables et personne ne sait sur quel critère ou base les augmentations des prix ont été effectuées.

Alors qu'une récente étude de la Banque de France a affirmé qu'" il faudrait environ trois semaines pour qu'une variation à la baisse des prix de gros se répercute à la pompe ". A cela s'ajoute l'opacité des structures des prix dont personne ne sait comment ils sont fixés ou comment ils évoluent. Notamment les taxes qui demeurent indépendantes des fluctuations du cours du baril. Alors que sous d'autres cieux, le prix à la pompe est fixé par chaque distributeur en fonction de quatre principaux paramètres : le coût du pétrole et de son raffinage, le coût de son transport, la marge du distributeur et enfin les taxes nationales.

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Au Portugal, à titre d'exemple, 43% du prix de l'essence revient à l'Etat, un chiffre qui tombe à 36% pour le diesel. On retrouve par ailleurs les mêmes niveaux de taxation en Italie. De l'autre côté des Alpes, 43% du prix de l'essence et 37% du prix du diesel sont constitués de revenus pour les administrations publiques.

Malte est le pays qui impose le plus fortement les carburants. 56% (essence) et 54% (diesel) du prix final payé par le consommateur sont prélevés par l'Etat (ce qui ne l'empêche pas d'afficher des prix plus bas que ses voisins européens à la pompe). Les taxes sur l'essence sont également importantes en Grèce et aux Pays-Bas, où elles représentent 51 et 48% du prix du SP95. A l'inverse, la Pologne affiche les taux les plus faibles, avec respectivement 29% et 26% pour le SP95 et le gazole.

Concernant l'essence, la France est dans la fourchette haute de la taxation par rapport à ses voisins européens. Chaque litre acheté de SP95 alimente les caisses nationales à hauteur de près d'un euro : 17 centimes de TVA, 69 centimes de TICPE (taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques) et 14 centimes de TVA sur la TICPE. Ces droits sont calculés proportionnellement au volume du carburant au moment de sa mise en circulation.

Pour le gouvernement Akhannouch, s'il y a hausse de prix, il faut voir du côté de l'activité de transformation du pétrole brut en essence, gazole, appelée le coût du raffinage. Selon son porte-parole, la guerre en mer Noire a provoqué une explosion des marges de cette industrie ainsi que celles du secteur du transport.

Pourtant, et même s'il est vrai que les coûts du raffinage et du transport sont de plus en plus élevés, il n'en demeure pas moins que les gouvernements, qui se respectent, ont cherché, par tous les moyens, des solutions visant à faire baisser l'inflation. C'est le cas de l'Allemagne dont le Conseil des ministres a approuvé en mars dernier une première vague d'allègements fiscaux, dont un doublement de l'allocation annuelle de chauffage destinée aux ménages défavorisés bénéficiant d'une aide au logement. Tel est le cas aussi de la Suède, où l'inflation s'élevait à 4,5% en février, alors que le gouvernement social-démocrate a annoncé un plan de soutien aux particuliers et aux entreprises. Parmi les mesures de court terme figure une baisse de 12 centimes par litre de la taxe sur le diesel et l'essence, de juin à octobre compris. Les particuliers ayant une voiture auront droit, en une fois, à une compensation de 95 euros, et de 143 pour ceux habitant dans les régions peu peuplées.

En Italie, il a été décidé de financer une remise de 15 centimes par litre de carburant, financée grâce au surcroît de recettes de TVA sur l'essence. Parallèlement, les bénéfices supplémentaires réalisés par les groupes énergétiques à la faveur de la hausse des prix du pétrole et du gaz seront taxés. En Belgique, la coalition gouvernementale a adopté, en mars, une série de mesures pour limiter l'impact de la flambée des prix de l'énergie.

Du côté de l'Allemagne, un paquet d'allègements fiscaux et d'aides d'un montant de 4,5 milliards d'euros ciblant les ménages les plus modestes a été mobilisé. L'effort le plus important concerne le relèvement de 363 euros de l'abattement de base de l'impôt sur le revenu, à 10.347 euros. Celui-ci représentera un manque à gagner de 3,1 milliards d'euros pour l'Etat fédéral. Le relèvement du forfait transport de 3 centimes à 38 centimes par kilomètre coûtera 300 millions. Idem aux Pays-Bas qui ont augmenté l'allocation exceptionnelle pour l'énergie à 800 euros pour les personnes aux revenus modestes. Le 1er juillet, la TVA sur l'énergie a été abaissée de 21 à 9% et dès le 1er avril, les droits d'accises sur l'essence et le diesel ont été réduits de 21%. Enfin, le gouvernement a prévu 300 millions d'euros pour aider les ménages à prendre des mesures d'économie d'énergie. Le gouvernement néerlandais estime que ces mesures temporaires coûteront 2,8 milliards.

Et de notre côté ? Le seul soutien qui existe est celui accordé aux professionnels de la route. Pour le reste, ils n'ont que leurs yeux pour pleurer.

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