Cote d'Ivoire: Nageuse en eaux troubles

3 Septembre 2022

" Qui sème le vent récolte la tempête ". Cet adage, qui est, en fait, une leçon de vie, résume parfaitement la situation que vit actuellement Pulchérie Gbalet. La présidente de l'ONG Alternative Citoyenne croupit, depuis le mardi 23 août dernier, dans les geôles de la Maison d'arrêt et de correction d'Abidjan.

Les chefs d'accusation contre elle sont connus. Il s'agit, selon le procureur de la République, d'entente avec les agents d'une puissance étrangère de nature à nuire à la situation militaire et diplomatique de la Côte d'Ivoire ; de manœuvres de nature à jeter le discrédit sur les institutions et à occasionner des troubles graves à l'ordre public et de diffusion de nouvelles fausses de nature à entraîner une atteinte au moral de la population.

Cette agitatrice qui se dit membre de la société civile, se distingue depuis deux ans par un activisme purement ... politique et subversif ! Car, ses agissements tranchent, sans fioritures, avec la mission de la société civile, généralement axée sur les questions d'ordre social. Faut-il le rappeler, en août 2020, en effet, Pulchérie Gbalet avait lancé le mot d'ordre de désobéissance civile pour protester contre la candidature du Président Alassane Ouattara pour un prétendu " 3ème mandat ", appelant ouvertement au trouble à l'ordre public, à la destruction de biens publics, s'engageant ainsi dans un mouvement insurrectionnel planifié par l'opposition politique, dont l'objectif principal était de créer le chaos pour aboutir à un renversement du pouvoir.

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Manifestement, cette supposée " figure de la société civile " en Côte d'Ivoire- un secteur où on ne lui connaît aucune action concrète- est, en réalité, en mission pour l'opposition, du moins certains opposants qui, tapis dans l'ombre, l'utilisent pour mettre à exécution leur sinistre projet de déstabilisation du pays.

Son intrusion - impromptue et inappropriée - dans une affaire militaro-diplomatique aussi sensible que celle des 49 militaires ivoiriens pris en otage par la junte malienne et traités, à tort, de mercenaires, est la preuve évidente qu'elle nage et navigue dans des eaux troubles, dont les vagues, très violentes sont susceptibles de l'emporter. Sa démarche, tant suspecte qu'intrigante, conforte les soupçons de récupération de cette crise à des fins politiques, en tout cas pour servir des intérêts qui rament à contre-courant des efforts politiques et diplomatiques entrepris par les autorités ivoiriennes pour le règlement pacifique de ce différend. Sinon, comment comprendre - alors qu'elle n'a rien à y faire - que Pulchérie Gbalet prenne sur elle l'initiative de se rendre d'abord au Mali, dans un tel contexte, pour y rencontrer des personnalités de ce pays au sujet de cette affaire, qui concerne en haut lieu les Etats de Côte d'Ivoire et du Mali et de lancer, comme l'a si bien relevé le procureur de la République, " une véritable campagne de dénigrement " de l'action gouvernementale dans la gestion de la crise.

Un acte profondément antipatriotique qui vise, ni plus ni moins, à jeter aux orties les autorités ivoiriennes, avec en filigrane l'intention inavouée de révolter les parents des 49 soldats contre elles. Là, il faut le dire clairement, Pulchérie Gbalet glisse dangereusement sur le terrain de la sédition et de la trahison contre les intérêts de son pays. En 1965, toute proportion et comparaison gardée, une affaire de séquestration avait tendu les relations en la Côte d'Ivoire et son voisin guinéen. Marié à une Guinéenne, alors qu'il est parti rendre visite à sa belle-famille en Guinée Conakry, Kamano Kata est mis aux arrêts par Sekou Touré. Ce proche de Félix Houphouët-Boigny est condamné à deux ans de prison pour tentative de renversement du régime par son assassinat. Pendant deux ans, les relations entre la Côte d'Ivoire et la Guinée sont mortes. Les organisations régionales et internationales ont toutes échoué dans la médiation. Ce n'est qu'après deux ans que la crise s'est dénouée suite à action similaire des autorités ivoiriennes qui ont montré à Sékou Touré qu'il n'était le seul à savoir danser le djembé. Les Ivoiriens avaient fait bloc derrière le gouvernement et fait confiance au chef de l'Etat.

Supposons un seul instant que cette crise dure dans le temps et que les efforts diplomatiques n'aboutissent pas. Qu'est-ce qu'il adviendra ? La Côte d'Ivoire pourrait être amenée à réviser sa posture en haussant le ton. Personne, pour le moment, ne sait ce qui se passera. Ce n'est donc pas un sujet avec lequel on doit jouer.

Récemment, Vladimir Poutine que Pulchérie Gbalet et son camp supportent, a mis aux arrêts l'opposant Evgueni Roizman pour avoir critiqué la guerre en Ukraine. Cette figure politique bien connue en Russie, ancien maire de Iekaterinbourg, a été arrêtée pour délit de " discréditation de l'armée ", sévèrement puni par le Code pénal russe. On peut approuver cette mesure ou pas, mais elle est inscrite dans le droit positif du pays et s'applique. C'est dire que les sujets se rapportant à la grande muette ne se traitent pas sur la place du marché comme veut le faire Pulchérie Gbalet.

Tout se permettre, y compris mettre en danger la vie de la Nation, au nom de l'exercice de la liberté d'expression, c'est la porte ouverte au désordre. Comme on le dit dans le langage populaire ivoirien, " elle a cherché, elle a trouvé ". Autrement dit, elle est responsable de ses propres turpitudes.

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