Ile Maurice: Ramgoolam, sauveur désenchanté !

5 Septembre 2022

Une ambition menacée ! Alors que tout était prévu pour que le congrès des Travaillistes annonce le retour triomphal d'un Ramgoolam revigoré, une épée de Damoclès a surgi sur la tête du leader des Rouges 48 heures plus tard ! Le revers subi en cour et l'éventualité d'un nouveau procès dans l'affaire des coffres-forts viennent ainsi troubler le mood combattif de Ramgoolam qui se voyait déjà diriger une alliance de l'opposition parlementaire ! Sa reconduction, à l'unanimité, au poste de leader et le recrutement de nouvelles têtes (et pas des moindres) au comité exécutif du PTr présenté lors du congrès étaient une démonstration de force du chef des Rouges, qui ne se faisait pas prier pour se présenter en sauveur : "J'ai frôlé la mort", lançait-il, en revenant sur sa contamination à la Covid-19. "Le Bon Dieu a dit : non to ena ene mision pou sa pei-la. Il faut redresser le pays", s'enorgueillissait-il devant des centaines de partisans acquis à sa cause !

Ce dimanche-là, le leader des Rouges, profitait de cette sortie guettée par les observateurs, pour dicter clairement ses lois à ses éventuels partenaires de l'opposition : "Pas question d'aller au Réduit" ; "Le PTr sera la locomotive de toute alliance électorale"...

Sauf que, deux jours plus tard, l'annonce du jugement en sa défaveur est venu fragiliser sa position. S'il a déjà signifié, à travers son avocat, vouloir faire appel, Ramgoolam ne peut que croiser les doigts pour être fixé sur son sort le plus tôt possible. Ce qui n'est pas gagné quand l'on sait que le temps d'attente risque d'être long ! Est-ce qu'une échéance électorale - municipale ou législative - pourrait précéder le calendrier judiciaire ?

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Ce rebondissement vient non seulement brider l'enthousiasme du chef des Travaillistes, mais il déstabilise également la Plateforme de l'Espoir qui était sur le point d'être enterrée au profit d'une nouvelle alliance, portée par le leader des Rouges ! Suite au divorce avec Badhain (qui, depuis, fait cavalier seul) et après avoir clairement fait comprendre que Bodha - qui continue à rêver d'un destin national - ne faisait plus le poids comme candidat premierministériel, le tandem Bérenger-Duval découvre aujourd'hui que la tactique de miser sur un seul candidat le place dans une posture inconfortable !

Si toute cette affaire plombe l'atmosphère d'une opposition déjà désunie, elle vient en même temps à la rescousse du MSM et fait le jeu de Pravind Jugnauth qui a déclaré qu'il n'y a que deux candidats au poste de Premier ministre : lui et Ramgoolam ! Une stratégie adoptée par les deux leaders (orange et rouge) pour perpétuer l'indécent jeu castéiste, tout en faisant une nouvelle fois croire que seuls deux patronymes peuvent occuper le poste de Premier ministre à Maurice !

D'où le fait que le nouveau développement sur le plan judiciaire profite (pour l'heure) au leader du MSM qui fera toute sa campagne sur la disqualification de Ramgoolam comme son éventuel challenger ! Pour mieux se présenter comme étant l'unique prétendant capable de diriger notre pays.

Désormais, comme le temps joue pour lui, le Premier ministre peut profiter du cafouillage de l'opposition et provoquer des municipales maintes fois repoussées, sachant que Ramgoolam pourrait difficilement, dans les circonstances actuelles, diriger une alliance. Ou va-t-il convoquer les citoyens à des législatives anticipées dans la perspective d'une longue attente autour du dénouement final pour le leader des Rouges ? Tous les jeux sont ouverts avec ces nouvelles cartes sur l'échiquier !

Au fond, toute cette affaire illustre le leadership des chefs autocrates, s'accrochant farouchement à leur siège, faisant croire qu'ils sont inamovibles et propriétaires de leur parti. Aujourd'hui, si le PTr est embarrassé, c'est parce qu'il n'y aurait, semble-t-il, pas d'autres candidats que Ramgoolam comme postulant au rôle de leader et par conséquent, au poste suprême !

Deux échecs lors de deux élections législatives, une impopularité traduisant une usure du pouvoir quand il dirigeait le pays, sans oublier les scandales retentissants... Une affaire en cour sur toile de fond de coffre-forts, dont la tournure du jour faisait partie des options !

Pourtant, que ce soit chez les Rouges ou l'opposition traditionnelle, tous ne voient que Ramgoolam (75 ans !) comme éventuel candidat au poste de Premier ministre ! Voilà où mène le système que l'on nourrit ! Désespérant !

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