Mali: L'armée et ses supplétifs accusés de viols et de pillages à Nia-Ouro

Une patrouille mixte de la force française Barkhane et des Fama, l'armée malienne, dans les rues de Ménaka (photo d'illustration).

Au Mali, de nouvelles accusations d'exactions visent l'armée malienne et ses supplétifs russes - mercenaires du Groupe Wagner, pour de nombreux pays occidentaux et africains, simples instructeurs envoyés par l'État russe, pour Bamako. Cette fois, il s'agit d'accusations de violences sexuelles et de viols, qui auraient été commis dimanche 4 septembre 2022 dans la commune de Fakala, proche de Sofara, région de Mopti, dans le centre du Mali, selon de nombreuses sources locales.

Ils sont d'abord entrés dans le village de Tandiama, à 5 heures du matin. Les soldats maliens, accompagnés de leurs supplétifs russes et de chasseurs traditionnels dozos ne commettent aucune violence. Mais à la recherche d'informations sur les groupes jihadistes actifs dans la zone, ils arrêtent deux habitants, des notabilités du village.

Puis, ils prennent la direction de Nia-Ouro, tout proche. Un village qui a déjà été la cible d'exactions meurtrières de l'armée en janvier, allégations alors démenties par l'état-major qui avait expliqué y avoir mené des " opérations antiterroristes ". Toujours est-il que ce dimanche, alertés de l'arrivée du convoi et se sentant menacés, les hommes fuient se cacher en brousse.

Photos et viols

Lorsque les Fama et leurs alliés arrivent dans le village, il ne reste plus que les vieillards, les invalides... et les femmes. Selon les informations concordantes recueillies auprès de nombreuses sources locales, les chasseurs dozos prennent position dans le centre de santé, les soldats maliens et leurs supplétifs russes dans l'école du village.

Puis les femmes reçoivent l'ordre de rentrer chez elles. Selon les témoignages, ce sont les hommes blancs qui, en inspectant les maisons, ordonnent aux femmes de se déshabiller. Ils les prennent en photo avant, dans certains cas, de leur faire subir des attouchements. Plusieurs sources parlent clairement de viols.

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Pillages massifs

Ces violences sexuelles sont assorties de pillages : bijoux, or, argent, meubles... du bétail est également volé et des habitants arrêtés. De nombreux habitants sont partis se mettre à l'abri dans les localités voisines de Sofara - à proximité duquel se trouve un camp des forces spéciales maliennes - et de Tandiama.

Sollicitée par RFI, l'armée malienne n'a pas souhaité réagir. Ce mardi, militaires et chasseurs dozos étaient toujours signalés dans le village.

Les accusations de pillages sont très fréquentes, les accusations de viols le sont beaucoup moins. Mais ce n'est pas la première fois : lors de la vaste opération antiterroriste de Moura, menée en mars et entachée de nombreuses allégations d'exactions, certains témoignages en avaient déjà fait état. Et déjà, ce sont les supplétifs russes de l'armée malienne qui étaient accusés. L'état-major des armées avait démenti toute exaction et annoncé l'ouverture d'une enquête dont les résultats n'ont pas été communiqués à ce jour.

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