Afrique: Plus de fonds pour l'adaptation au changement climatique

6 Septembre 2022

Les dirigeants africains souhaitent plus d'engagement de la part des pays industrialisés pour financer l'adaptation au changement climatique.

A Rotterdam, il s'agissait de faire le point sur l'état de l'adaptation aux conséquences du changement climatique sur le continent africain. Même si les représentants des plus grands pollueurs étaient absents aux Pays-Bas, les dirigeants africains ont de nouveau réitérer leur besoin de fonds.

Les pays industrialisés riches et les pays émergents, qui sont responsables de la majorité des gaz nocifs pour le climat, avaient en effet promis une aide importante aux pays les moins favorisés pour faire face aux conséquences du changement climatique.

Mais les choses vont lentement, trop lentement et cela a un impact sur le terrain selon Bertram Zagema, expert de l'organisation d'aide au développement Oxfam.

"Surtout au sein des communautés, les gens savent souvent exactement quoi faire, mais ils n'ont pas les ressources pour prendre les mesures nécessaires" explique t-il.

Le directeur de l'agence onusienne "Global Center for Adaptation", Patrick Verkooijen, a présenté un bilan qui donne à réfléchir lors du sommet de Rotterdam. Au lieu des 53 milliards de dollars requis, seuls 11,8 milliards de dollars ont été investis par les donateurs internationaux en Afrique en 2019 et 2020. De plus, la moitié de cette somme n'a été accordée qu'à titre de prêt. L'autre moitié était des subventions qui n'ont pas à être remboursées. Selon Patrick Verkooijen, ces chiffres sont des estimations. Les flux d'argent à travers les banques de développement européennes et africaines, la Banque mondiale, le Fonds monétaire international et de nombreuses organisations d'aide sont extrêmement complexes.

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Des fonds indispensables

Les fonds pour l'adaptation au climat sont utilisés pour financer des projets dans de nombreux pays africains, allant par exemple d'un meilleur approvisionnement en eau au Kenya et de l'introduction de céréales résistants au climat en Éthiopie, à la construction de maisons à l'épreuve des tempêtes sur la côte est de l'Afrique. Oxfam a, par exemple, formé 7 000 agriculteurs en Ouganda pour faire face à la sécheresse. Il pourrait y en avoir beaucoup plus, selon Jackson Muhindo d'Oxfam Ouganda. Mais l'argent manque partout. Dans le même temps, de nombreux pays africains tentent également d'améliorer leurs structures internes et leurs administrations afin que les investissements des fonds climatiques puissent être utilisés à bon escient.

On estime toutefois qu'en fonction de l'augmentation des températures, dans dix ans seulement, les besoins financiers pour l'adaptation au changement climatique, pourraient dépasser largement les 50 milliards de dollars par an estimés aujourd'hui.

"Lorsqu'on regarde vers l'avenir, nous savons que les coûts d'adaptation vont plutôt augmenter. Nous entamons des négociations pour de futures contributions financières et comme les coûts d'adaptation vont augmenter, les contributions doivent dépasser 100 milliards de dollars par an" explique Bertram Zagema.

Face aux critiques des dirigeants africains concernant le peu d'intérêt de leurs homologues des pays industrialisés pour le sommet de Rotterdam, la Première ministre danoise, Mette Frederiksen, qui a assisté virtuellement à la rencontre a tenté de rassurer.

"Je sais que vous voulez que l'Europe s'engage davantage dans vos luttes. Et nous devrions. Vos attentes n'ont pas toujours été satisfaites. Cela doit changer. Je peux vous assurer que nous ferons tout notre possible pour empêcher que davantage de vies ne soient détruites, emportée par le changement climatique" a t-elle expliqué.

"Pas de pretexte"

Si les pays industrialisés ne souhaitent visiblement pas prendre davantage d'engagement auprès de leurs homologues africains, ces derniers insistent cependant sur le fait que les pays industrialisés ne doivent pas non plus prendre pour excuses d'autres crises comme la guerre en Ukraine ou la pandémie de coronavirus pour justifier leur désengagement. Ils rappellent que l'Afrique souffre aussi beaucoup de ces crises.

A deux mois de la COP 27 en Egypte, les dirigeants africains plaident donc pour plus de fonds. Ils ont exigé que le prochain sommet de l'ONU sur le climat en Égypte se concentre principalement sur les préoccupations des États africains. Les pays donateurs devraient s'engager davantage à fournir une aide financière.

L'Union africaine et la Banque africaine de développement ont de leur côté lancé un autre programme pour financer la lutte contre le changement climatique. Il s'agit du Programme d'accélération de l'adaptation en Afrique (AAAP) lancé uniquement par des institutions africaines, et destiné à mobiliser 25 milliards de dollars d'ici 2025.

La secrétaire générale adjointe des Nations unies, Amina Mohammed, a appelé les pays industrialisés à contribuer à cette cagnotte. De toutes les régions du monde, l'Afrique souffre le plus du changement climatique, sans y contribuer elle-même par ses émissions. "Il est important de voir que les vies et les biens qui sont perdus en Afrique reflètent la réalité de plus d'un milliard de personnes en danger", a déclaré Amina Mohammed, originaire du Nigeria. "Prenons cela comme une opportunité pour un nouveau départ. Pour l'Afrique, pour le monde et pour les générations futures" a t-elle souligné.

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