Afrique: Le congolais lambda attend beaucoup des échéances électorales à venir au Congo

Et si les échéances électorales à venir en République Démocratique du Congo pouvaient induire une catharsis, capable d'écarquiller les yeux des congolais laissant poindre, des hommes et des femmes dans les habits neufs des sauveurs du pays. Hommes et femmes capables de sortir le pays du cycle infernal de la pauvreté et de la misère, de le doter d'infrastructures viables et de cristalliser une bonne gouvernance. Sans oublier d'inculquer dans les caboches de nos jeunes, qui sont l'avenir du pays, les voies et moyens d'aller de l'avant par le travail, la discipline et le patriotisme. Il y a lieu de rêver gros car le rêve est toujours plus beau que la réalité.

Le vieil adage, selon lequel, "Il n'est jamais trop tard pour changer" vient, à point nommé, ici. Après des décennies de galère, qui ont vu beaucoup d'entre nous quitter la terre ancestrale par nécessité économique, le peuple congolais ankylosé par de multiples problèmes, ne peut que faire le pari de sortir la tête de l'eau, au vu des scrutins qui pointent à l'horizon. Il tient mordicus à explorer les harmonies brisées et á comptabiliser les possibles manqués afin de déconstruire un passé porteur de nombreuses antivaleurs , acceptées comme telles. Cela va sans dire que le congolais lambda a les yeux rivés sur ces élections, dans l'espoir de voir émergé des nouvelles élites tant dans la machine politico-administrative qu'au niveau des mandataires des entreprises publiques.

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Il s'agit des personnes capables, bien rodés et porteuses d'idées et des stratégies optimales pour soutenir effectivement le Président de la République dans sa recherche des voies et moyens pour requinquer le don béni que Dieu nous a légué. Mieux, les congolais misent sur des individus aux manettes, à tous les niveaux, capables d'initier des projets innovants, allant dans le sens de mettre le pays, dans un horizon proche, sur les rails de l'émergence. Nous restons optimistes et nous n'avons pas l'impression d'être excessif en affirmant que les porteurs d'un tel projet ne peuvent pas avoir du mal à trouver leurs marques. En effet, le Congo, notre pays, se distingue de beaucoup d'autres pays en voie de développement par un traitement particulier qu'il a reçu du Créateur. À savoir, les nombreuses ressources naturelles, que ce dernier a enfouie dans son sous-sol.

Oui, les congolais émettent le vœu le plus véhément de voir transformés les nombreux handicaps qui jalonnent leur beau pays en opportunités. Mais il serait une grosse erreur de croire que c'est l'affaire des hommes aux manettes seuls. Nous devons tous nous y impliquer. Autant nous attendons que le choix de nos dirigeants se porte sur ceux d'entre nous dont l'égoïsme ne l'emporte pas sur la solidarité avec le reste de la population, autant nous souhaitons que le citoyen ordinaire fasse aussi sa part. Il doit prendre ses distances vis-à-vis des vilaines pratiques (qui sont du reste entrés dans les mœurs) telles que la corruption, la concussion, les passes droits, le clanisme, le tribalisme et on peut allonger ad infinitum, cette énumération.

Point n'est besoin de rappeler que des telles pratiques ont , en ce qui concerne les élections , la tare de placer des hommes ou des femmes médiocres et incapables à des postes de responsabilités stratégiques, avec les conséquences qu'on devine bien. On ne peut pas demander que les responsables soient des saints, alors que les autres se la coule douce et piétinent á dessein les règles pour un vivre ensemble convivial. La coexistence ne peut être harmonieuse que lorsque toutes les strates de la population font ce qu'il faut, où qu'ils soient.

La Commission Electorale Nationale Indépendante, CENI en sigle, à laquelle incombe l'organisation des élections de l'année prochaine au Congo, devrait être droit dans ses bottes pour mener à bon port la lourde tâche qui lui est confiée. L'avenir du pays en dépend.

Elle devrait informer les populations de ce qu'ils devaient faire ou ne pas faire, afin d'éviter des erreurs de quelque nature que ce soit. Elle devrait aussi veiller à ce que soient démasquées toutes les pratiques allant dans le sens de se faire élire par népotisme, clientélisme, tribalisme, passe-droits et j'en passe. Il va de soi, qu'elle devrait se faire épauler par les autorités civiles, policières et même militaires, afin de garantir que tout se passe dans l'ordre et la discipline.

Minimisant ainsi les tentatives de tricherie. Le processus électoral, du vote à la proclamation des résultats, en passant par le dépouillement, doit être revu de fond en comble afin de minimiser des incongruités de parcours. Même si cette solution n'est pas une panacée, elle constitue une mesure d'appoint utile. Dans le domaine électoral, comme dans pas mal d'autres domaines, la vérité absolue n'existe pas. Tout ce qu'on peut dire est que la vérité peut émerger de la communication et des échanges qui vont avec. Vérités et contre-vérités sont souvent liées.

En effet, plus le retentissement de l'information est grand, plus la tentation de s'éloigner de la réalité est grande. D'après le sociologue Max-Weber, en science ce qui est plus important c'est le principe de cohérence et non celui de vérité. Ce principe stipule que : "la probabilité de l'existence d'un événement pouvant provoquer un paradoxe est nul". Aux bas mots, et dans le domaine électoral, ceci veut simplement dire qu'on ne peut pas avoir de manière concomitante les deux faits suivants : "x est élu" et " x n'est pas élu". Toutefois, il convient de faire un distinguo entre : les interprétations rapides, les fausses certitudes et les faits réels. Il nous semble que la CENI devrait s'appuyer sur des faits réels afin de dégager des bonnes conclusions. En plus, elle devrait exploiter à bon escient, tous les moyens en sa disposition afin de livrer au pays des résultats cohérents et non entachés d'erreurs en amont, en aval comme en milieu du processus.

D'après l'éminent philosophe Socrate : "nul n'est méchant volontairement La méchanceté est fille de l'ignorance". Cette citation est une matrice qui donne la clé de la compréhension de l'incompatibilité entre nos dissensions et le voter correct. En effet, c'est parce que beaucoup d'entre nous ne savent pas que nos querelles claniques, tribales, politiques, religieuses ou autres, se retournent contre nous, et nous rendent inutilement féroces, qu'ils s'en livrent á cœur joie.

Avec comme corollaire, le fait de glisser sur l'urne un bulletin sur base de critères à mille lieues de l'objectivité requise. Pour des bonnes élections, les populations devraient évacuer le non-dit, tel que l'envie de voter par népotisme, par tribalisme, par accointances politiques ou religieuses, etc... Elles devraient faire une cohésion de pensée dans le sens du fameux : " que le meilleur gagne". Dans la division, il n'y aura pas de miracles. Nous marcherons à contre-courant, ceci au détriment de notre pays .On ne mesure pas la valeur d'une communauté à l'aune du nombre de ses membres. C'est sur base de la valeur intrinsèque des gens qui composent la communauté, que celle-ci est jugée. Et ceci ouvre une brèche au paradoxe, et non des moindres, d'un Congo beau par sa faune et sa flore, grand, par son étendue, riche par son sous - sol et ses ressources aquatiques, mais qui continue à faire du sur place. Il n'est un secret pour personne que notre pays fait parler de lui, plus pour des mauvaises raisons que pour des bonnes. La pauvreté, la misère qui étranglent les populations, tutoient les feux de l'enfer. Toutefois, l'histoire nous apprend que les peuple qui réussissent sont ceux qui, partant des disfonctionnements ont su tirer les changements qui s'imposaient pour aller de l'avant.

L'exemple de l'Allemagne nazie est, á cet égard, très éloquent. Nous devons donc mettre l'amour de notre pays au-devant de la scène et changer de fusil d'épaule en matière de choix, électif, nominatif ou autre. Depuis l'indépendance du pays jusqu'à nos jours, les pratiques électorales et nominatives ont eu pour principal effet de diluer l'efficacité, diluer les responsabilités et au final, se servir et non servir. Nous devons tourner le dos á cette façon de faire. Ceci en actionnant des rhétoriques qui découragent des tels forfaits tout en utilisant des méthodes musclées pour décourager les contrevenants.

Notre pays doit s'évertuer à raccrocher son wagon électoral au train du choix des meilleurs d'entre nous pour des fonctions données. Intégrer le sérieux dans nos choix électoraux et nominatifs, ferait grandir notre pays, non seulement par la qualité des choix qui seraient subséquemment opérés et qui, selon toute probabilité accroitraient l'efficacité et l'efficience de notre système de décision, mais aussi par la bonne gouvernance que nous aurions installé par ricochet, et qui devrait nous faire du grand bien tant à l'interne qu'á l'externe. Nous exprimons, ipso facto, le vœu le plus véhément que les élections prochaines dans notre pays, déclenche un véritable tsunami. Celui-ci devrait mettre en surface des dirigeants dont l'égoïsme ne l'emporte pas sur la solidarité avec le peuple.

Et dans le même temps, transformer nos populations en bon citoyens dont la moralité et le patriotisme rend la coexistence entre eux et les dirigeants harmonieuse et pacifique. Terminons par le dicton ci-après qui renforce l'idée que nous venons d'avancer. "Dès lors que les prémisses sont faussées, les conclusions sont discutables". Si les conditions pour des élections justes et équitables ne sont pas réunies, et si en plus l'indiscipline des populations est caractérielle, on ne doit pas s'étonner qu'il y ait des couacs dans la bonne marche du pays.

Professeur Ordinaire

Professeur à l'Université de Kisangani

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