Afrique: Ce que le Japon promet au continent

7 Septembre 2022

A travers les fonds qu'il compte mobiliser en faveur des pays africains, durant les trois prochaines années, le Japon entend renforcer son partenariat avec l'Afrique. Un partenariat qui sera axé principalement sur l'investissement dans les ressources humaines et l'innovation du secteur privé, mais aussi sur l'amélioration de la résilience du continent. Investir dans le capital humain, renforcer le partenariat public-privé en faveur d'un développement durable de l'Afrique, soutenir les start-up et la collaboration entre les entreprises japonaises et africaines, améliorer la résilience économique et sociale du continent africain et y favoriser une croissance de qualité, tels étaient les maîtres-mots et les messages clés qui ont marqué la Ticad 8.

L'Afrique, qui est aux prises avec des problèmes socioéconomiques, mais aussi financiers aggravés par les effets de la crise Covid-19 et de la guerre en Ukraine, recèle un important potentiel de croissance, tiré principalement par une population jeune grandissante.

Pour relever les défis auxquels il est confronté et saisir cet énorme potentiel de croissance, le continent noir est en quête de véritables partenariats à même de répondre à ses défis de développement. Et c'est ce que le Japon promet à l'Afrique: "Une coopération au développement autonome du continent sur un pied d'égalité", selon le premier ministre japonais, Fumio Kishida.

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"L'Afrique est pleine de dynamisme et il est important que le Japon accompagne le continent africain dans son développement", a-t-il indiqué, lors de la clôture de la Ticad 8. Intervenant par visioconférence, le premier ministre japonais a mis l'accent sur l'importance particulière qu'accorde le Japon au développement des ressources humaines, affirmant que beaucoup de leaders africains ont reconnu l'utilité et l'efficacité de cette vision.

En ce sens, la déclaration de la Ticad de Tunis, qualifiée par le président de l'Union africaine, Macky Sall, de "très bonne synthèse qui prend en charge les priorités du continent", s'articule autour de trois piliers qui tracent les axes de partenariat entre le Japon et l'Afrique, à savoir la transformation structurelle par une croissance économique et un développement social durables, le renforcement de la résilience du continent et la réalisation de la paix et de la stabilité.

Six initiatives

L'annonce phare a été révélée par le premier ministre japonais, à l'ouverture des travaux de la huitième édition de la Ticad: 30 milliards de dollars seront mobilisés par les secteurs public et privé japonais au profit du continent africain, durant les trois prochaines années.

Dans ce cadre, six initiatives qui bénéficieront aux pays africains, ont été identifiées: il s'agit d'un fonds de 4 milliards de dollars qui s'appelle l'initiative verte pour la croissance de l'Afrique; un fonds de 10 milliards de yens pour soutenir les start-up; un programme de formation des ressources humaines qui concernera 300.000 Africains; un projet de 5 milliards de yens, en partenariat avec la BAD visant à assurer une croissance inclusive du secteur privé; un apport de fonds supplémentaire, pour la lutte contre les maladies infectieuses, qui s'élève à 1,8 milliard de dollars; une enveloppe de 130 millions de dollars pour mettre en œuvre des mesures d'urgence visant à lutter contre la crise alimentaire et un cofinancement avec la BAD de valeur de 300 millions de dollars pour améliorer les capacités de production du continent. "Il s'agit de mettre l'accent sur les investissements dans les ressources humaines, mais aussi sur la croissance de qualité et d'assurer un développement durable et résilient en Afrique", a fait savoir Kishida.

S'aligner sur la déclaration de Tunis

Pour le président de l'Union africaine, il s'agit à présent de s'aligner sur la déclaration de Tunis et sur le plan d'action de Yokohama qui a été actualisé après la crise du covid. Pour M. Sall, il est important que les procédures de décaissement suivent afin que les pays africains puissent atteindre les objectifs tracés.

"Les engagements du premier ministre Kishida nous permettent d'avancer sur la réalisation du programme économique de l'agence continentale de développement Nepad", a-t-il précisé, tout en mettant l'accent sur l'impératif d'investir dans l'énergie, mais aussi dans l'infrastructure de communication, élément indispensable à l'intégration économique du continent. Évoquant la nécessité de financer la relance post-Covid du continent, M. Sall n'a pas manqué de réitérer son appel en faveur de la réallocation des droits de tirage spéciaux DTS au profit des pays africains.

"Il faut que les pays riches acceptent cette réallocation et acceptent de travailler avec nous sur la problématique de la dette, soit sous forme de rééchelonnement, d'annulation, ou d'une adaptation à la sortie de cette double crise que nous traversons", a-t-il indiqué. S'agissant de la paix et de la stabilité, troisième pilier de la déclaration de Tunis, M. Sall a plaidé en faveur d'une réponse globale face à un péril global, "l'Afrique étant le ventre mou du terrorisme international". Il a souligné que les pays contributeurs doivent mettre la main à la poche pour financer les forces en Afrique qui prennent en charge la lutte contre le terrorisme.

Une approche globale et inclusive

De son côté, le président de la République, Kais Saied, a souligné lors de la clôture des travaux de la Ticad 8, que les solutions apportées aux problèmes, auxquels fait face le continent africain, doivent être axées sur une approche globale et inclusive, et ne doivent pas être des solutions conjoncturelles. Il a, en ce sens, fait savoir que les pays africains aspirent à tisser un partenariat sur un pied d'égalité.

Évoquant la question de la dette, Saied a réitéré son appel à la conversion de la dette des pays africains en des projets de développement et à la restitution des fonds spoliés aux pays africains. Il a également appelé à l'instauration d'une justice entre pays, mais aussi dans les pays. Mettant l'accent sur le fléau du terrorisme et de la violence, le Président de la République a affirmé que la promotion de l'éducation est le seul moyen d'enrayer ces phénomènes qui sévissent dans le continent.

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