Sud-Soudan: Les débuts de mise en œuvre des dispositions de paix suscitent l'espoir

Après plusieurs appels de la communauté internationale aux dirigeants du pays à sortir de l'impasse le plus jeune Etat du monde, plongé dans les violences politico-ethniques, les difficultés économiques et les crises humanitaires depuis son indépendance du Soudan en 2011, les choses semblent avancer de manière optimiste et tournée vers l'avenir.

22.000 combattants de factions rivales ont intégré les forces de sécurité unifiées - un pas important dans l'application de l'accord de 2018 - à la grande satisfaction de la population meurtrie par la guerre.

Selon une source gouvernementale, 30.000 autres combattants devront prêter serment dans les prochains jours. En attendant, l'enrôlement du premier contingent est salué par tous pour la simple raison que l'échec à mettre sur pied une armée et un commandement unifiés alimentait toujours un climat de violence et d'impunité à travers le pays, classé parmi les plus pauvres du monde.

L'unification totale des forces loyales au président Salva Kiir et à son rival, le vice-président Riek Machar, est une des principales dispositions de l'accord signé en février 2018 pour mettre fin à cinq ans d'une sanglante guerre civile qui a fait près de 400.000 morts et des millions de déplacés. Elle ne s'était jusqu'à présent jamais concrétisée, les camps des autorités rivales ne parvenant pas à s'entendre sur la répartition des postes au sein du commandement de ces forces. Un accord avait finalement été trouvé en avril dernier.

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Les deux dirigeants rivaux du pays en sont arrivés là, parce que le retard pris dans l'application du précédent l'accord suscitait depuis longtemps l'impatience de la communauté internationale. L'inquiétude de nombreux pays concernant le Soudan du Sud avait redoublé avec l'annonce le 4 août par le gouvernement d'union nationale - en place depuis février 2020 avec Salva Kiir, au poste de président et Riek Machar à celui de vice-président - qu'il prolongeait de deux ans son mandat, qui devait s'achever en décembre par des élections.

Dans leurs réactions à la situation qui prévaut depuis longtemps sur place, les Nations unies ont dénoncé à plusieurs reprises l'attitude des dirigeants sud-soudanais, qu'elles accusent d'attiser les violences, de réprimer les libertés politiques et de détourner les fonds publics. Quant aux Etats-Unis qui font également pression sur les autorités sud-soudanaises, ils se sont à la mi-juillet retirés de deux organisations de surveillance du processus de paix au Soudan du Sud, en raison de l'" absence de progrès " dans le processus de transition et du " manque de volonté politique " des protagonistes pour ramener la paix dans le pays.

Les dirigeants rivaux appelés à faire des compromis nécessaires

S'agissant de la fin de la période de transition prévue pour 2022 après plusieurs reports, elle avait été repoussée à février 2023 face au manque de progrès constaté dans de nombreuses dispositions prévues dans l'accord de paix qui a mis fin à la guerre civile entre les belligérants et instauré un partage du pouvoir entre Salva Kiir au poste de président et Riek Machar comme vice-président. La plupart de ces dispositions restent largement inappliquées, en raison notamment des querelles ayant persisté entre les deux rivaux.

Pour l'envoyé de l'ONU au Soudan du Sud, le temps presse pour la mise en œuvre intégrale du fragile accord de paix dans ce pays. " Ma principale préoccupation est que la fin de la période de transition approche à grands pas, mais les progrès dans la mise en œuvre de l'accord de paix ont été lents ", a déclaré Nicholas Haysom. A quelques mois de la fin de la période de transition, " la fenêtre d'opportunité " pour mettre en œuvre les principaux points de l'accord " se ferme ", a-t-il fait remarquer, appelant les dirigeants rivaux à faire des " compromis " nécessaires.

L'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU et chef de la mission de l'ONU au Soudan du Sud a insisté sur les compromis attendus de part et d'autre, parce que la période de transition prévue dans l'accord signé par le président et son vice-président, doit s'achever en février 2023. Les élections devront de ce fait être organisées 60 jours avant cette échéance. Et si l'on y prend garde, rien ne pourra se faire, puisque de nombreux points clés de l'accord n'ont pas été respectés, notamment la rédaction du texte d'une Constitution permanente et d'une loi électorale. " La possibilité d'organiser des élections devient de moins en moins réalisable (... ). Les dirigeants du Soudan du Sud doivent redoubler leurs efforts et s'accorder sur une feuille de route avec des points clairs, des délais et des tâches prioritaires ", a plaidé avec insistance Nicholas Haysom.

Sur le plan sécuritaire, et pour éviter la reprise des combats qui, selon l'ONU se sont soldés par la mort de 173 civils et 37 enlèvements en quatre mois, notamment entre février et mai derniers, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté en mai une résolution renouvelant pour un an, jusqu'au 31 mai 2023, l'embargo sur les armes.

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