Congo-Kinshasa: Rentrée parlementaire de septembre - Une session de tous les dangers et de tous les enjeux

assemblée nationale tunisienne

Les députés regagnent l'hémicycle le 15 septembre prochain après de bonnes et gracieuses vacances parlementaires. Une session essentiellement budgétaire mais hantée par des querelles politiciennes aux relents électoralistes. Le leader de l'Ecidé, Martin Fayulu a ouvert la boite de Pandore en révélant que les députés touchent 21.000 dollars. Des chiffres effarants qui font tourner les tripes pendant que la population appauvrie, ne sait toujours plus désormais à quel saint se vouer.

Les vacances parlementaires qui devaient être l'occasion de tâter les pouls de différents électeurs se sont muées aux scènes de donation de différentes natures de la part des "honorables patrons" à leur base. A travers la capitale, des banderoles hissées à l'honneur des députés qui vont jusqu'à promettre des fonds de commerce aux mamans. Les révélations de Fayulu auront permis à la population de comprendre ceux-là même qui veulent solliciter le mandat du peuple pour 2023. L'appel du chef de l'Etat à la réduction du train de vie, tarde à produire les effets. C'est par contre le petit peuple qui subit les conséquences drastiques de cette crise économique. Au moins, ce peuple se sera rendu compte que ses élus dont la plupart sont conscients du sort qui leur sera réservée à la prochaine mandature, allaient au Palais du Peuple pour leurs propres intérêts.

Au-delà de tout, il sied de reconnaitre que le "président élu" Martin Fayulu Madidi a également été élu à la chambre basse du Parlement. Il a préféré céder son siège à son suppléant. A en croire le "commandant du peuple", c'est depuis le mois de janvier que les députés perçoivent ces faramineux émoluments qui les font baigner dans une luxure insolente. Il aura attendu près de 9 mois pour monter sur ses quatre chevaux et dénoncer cette corruption à grande échelle ou mieux, à ciel ouvert. C'est dans ce cadre de l'Etat de droit que le président de la République a eu à créer des instances de contrôle de deniers publics. Nous osons croire qu'elles se sont déjà mises en branle pour tirer au clair ces révélations. Qu'est-ce qui aurait justifié le silence de Fayulu et de son suppléant durant 9 mois alors que le Parlement est censé se réunir, cette fois, pour la dernière session budgétaire du quinquennat. Comme qui dirait le leader de l'Ecidé dénonce sans renoncer aux avantages qui sont les siens à travers son suppléant à l'Assemblée nationale.

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On se rappellera que Feu Etienne Tshisekedi d'heureuse mémoire a eu à boycotter les institutions de la République après l'élection de son challenger Joseph Kabila à la magistrature suprême. Il a ordonné à tous les députés de l'UDPS de quitter l'hémicycle. Il est difficile de faire l'unanimité dans une initiative politique aussi risquée. Félix Tshisekedi est de ceux qui ont renoncé à ces avantages. Pourquoi Fayulu n'a pas osé appeler les siens au Parlement de se retirer pour serrer la ceinture aux côtés du peuple dont il se revendique ?

Dans le contexte de la RDC où la politique est source d'enrichissement, il est difficile de se prêter à ce jeu hasardeux sans y laisser quelques plumes. Il faut donc être Etienne Tshisekedi pour le faire.

Du budget 2023

Un budget évalué à plus de 14 milliards de dollars, il faut des moyens pour le réaliser sinon on va tomber dans le délit de maquillage de chiffres. On se rappellera que cette pratique a, entre autres, valu la prison au président Lulla du Brésil et son successeur qui n'a pas achevé son mandat. Mais en RDC, on peut s'en prévaloir sans remords. Sinon, comment concilier les prévisions budgétaires de cette année exclusivement électorale avec les charges régaliennes de l'Etat? La praticabilité des routes à travers le pays laisse à désirer. Les voies de communication à travers le pays se trouvent dans un état piteux.

De l'avis des observateurs avertis, les opérations pré-électorales au stade où l'on se trouve ne présagent nullement de la tenue des élections dans le délai convenu en l'absence d'un fichier électoral actualisé, d'une cartographie, d'un minimum de consensus autour de la Loi électorale, d'un chronogramme électoral avant de parler du calendrier proprement dit... Au cours de la même année, il va falloir mener toutes ces opérations. Comme si le processus électoral s'est engagé dans une voie sans issue, une sorte de tour de Babel.

Les USA, bien conscients de cette réalité, tiennent au respect du cycle électoral en RDC. Pour éviter tout prétexte, 13 millions USD supplémentaires ont été alloués pour les élections transparentes, crédibles et inclusives en 2023. Le gouvernement américain a annoncé, mardi 6 septembre, que l'octroi de ces fonds intervient en plus du soutien financier de Washington à hauteur de 10,65 millions de dollars. Le but est d'organiser des scrutins transparents, crédibles et inclusifs en RDC.

Et d'encourager que Washington s'est également félicitée de l'engagement du président Tshisekedi, pris lors du Sommet pour la démocratie, de tenir des élections dans le délai constitutionnel et de son invitation à des observateurs électoraux. C'est tout le dilemme.Emma Muntu

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