Congo-Kinshasa: Félix Tshisekedi Tshilombo s'invite et est appelé à faire régner les vertus morales dans la gouvernance - Par Elie P. Ngoma-Binda, Université de Kinshasa

Je viens de lire un livre dont il convient de partager la substance du message. Intitulé Félix Tshisekedi, un leadership vertueux pour un nouveau Congo, l'ouvrage est, à ma connaissance, le tout premier sur Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, Président de la République. Ecrit par un scientifique congolais confirmé, Camille Kuyu, professeur d'université en France, il est paru à Paris, fin 2020, soit une année après l'arrivée au pouvoir du fils de Feu Étienne Tshisekedi wa Mulumba, éminent leader politique non violent combattant, farouche pour la démocratie contre le long régime dictatorial du Maréchal Mobutu Sese Seko.

L'auteur fait une lecture lucide du discours d'investiture de Félix Tshisekedi comme Président de la République (le 24 janvier 2019), de la Prière pour la Nation qu'il prononce au Stade des Martyrs en communion avec le peuple croyant (le 23 juin 2019), du discours à la 74ème Assemblée générale des Nations Unies à New York (le 26 septembre 2019), ainsi que du message de vœux que Félix Tshisekedi adresse à son peuple pour l'année 2020 (le 31 décembre 2019).

De ces textes fondateurs de la pensée politique officielle du nouveau Président de la République, le Professeur Kuyu dégage les idées, les valeurs, les orientations ainsi que les fondements majeurs de l'action politique, annoncée, du Président Tshisekedi. Il retient, de manière substantielle, la volonté et la détermination de ce dernier à gouverner autrement que par le passé, dans le but de faire accéder chacune des filles et chacun des fils du peuple congolais à la jouissance équitable des richesses immenses dont regorge notre pays.

%

Il s'agit d'inaugurer, selon le vœu de Félix Tshisekedi, une gouvernance vertueuse. Une gouvernance fondée sur la prise en compte, dans chaque décision et chaque action politique, des vertus morales de justice sociale, de solidarité, de promotion et de consolidation de l'Union nationale, et aussi de démocratie et d'Etat de droit. Tshisekedi attache une importance capitale à l'exigence du retour à l'Etat de droit qu'il considère, à juste titre, comme l'un des piliers essentiels de son action politique. L'Etat de droit, il le veut comme respect absolu des lois de la République et application rigoureuse, sans complaisance, des sanctions prévues à toute violation de l'un ou l'autre des prescrits constitutionnels et légaux du pays.

Au vu de la désintégration généralisée du pays, consécutive à un laxisme ahurissant sur le plan du respect des lois de notre pays, Tshisekedi se persuade que le retour à la vie des vertus morales est le premier pas à réaliser. Ensemble avec tous ses autres gouvernants principalement.

Pour amorcer le développement économique du pays et la réalisation du bien-être de chacun de ses compatriotes. Tshisekedi s'étonne du fossé, énorme et grandissant, entre, d'une part, les richesses dont le Congo dispose et, d'autre part, l'extrême pauvreté dont souffre la majorité de la population. Ce fossé, il le trouve scandaleux et moralement inacceptable. Tshisekedi est catégorique : les inégalités entre le peuple d'un côté et les dirigeants (quasi tous prédateurs commerçants égocentriques) de l'autre, sont inadmissibles.

De ce fait, des efforts importants et constants doivent être consentis par tous. Pour combattre une telle situation extrêmement douloureuse et, somme toute, honteuse. La lutte contre les " antivaleurs ", institués depuis les styles de gouvernance passés, est une tâche primordiale pour quiconque est déterminé à inverser les choses. Car, la situation d'un Congo en régression profondément et progressivement accélérée est intolérable. Il faut redonner au pays cette " grandeur passée ". Et qu'il mérite absolument eu égard à l'importance de ses ressources, naturelles et humaines. L'inversion des choses nécessite d'instaurer " un partage équitable des richesses et revenus " de la République ; de donner des chances de vie heureuse à tous, pour " construire un avenir meilleur pour tous ".

La réussite nécessite, en tout premier lieu, un style nouveau de leadership politique. Un leadership s'opposant de façon énergique aux formes molles, laxistes et plutôt prédatrices des gouvernances ayant jusqu'ici mené le Congo à la ruine. Une gouvernance prédatrice, égocentrique, radicalement oublieuse des autres, du peuple. Le leadership qu'il faut au Congo, et que Tshisekedi entend instituer, est celui qui s'appuie sur le respect des principes de l'Etat de droit et sur les valeurs morales. Les valeurs de la compassion, de la prise en compte de la souffrance du peuple, du devoir patriotique de conduire le peuple à la puissance et à la dignité. Une gouvernance qui ouvre la porte à une grande capacité de résistance contre les convoitises des autres, contre les prédateurs, extérieurs et internes, contre l'impuissance collective de la nation.

Comme tout esprit sain, l'auteur souscrit à cette intention noble. Il soutient que si nous voulons accéder à un Congo prospère et fort, comme le veut notre commune aspiration nationale inscrite dans l'hymne national, le Président doit se donner, comme outil politique et spirituel essentiel, un " leadership vertueux " : un leadership rigoureusement basé sur la prise en compte à tout prix des principes et valeurs éthiques dans la gouvernance publique. En particulier, l'humilité, la rigueur morale, la justice sociale, l'amour de l'autre, la foi en la grâce divine. Egalement, et essentielle, la reconnaissance du droit de chaque citoyen à une vie heureuse. Un tel type de leadership politique vertueux est indispensable.

Car, " c'est le leadership vertueux qui permettra au Président de la République Démocratique du Congo de rebâtir un pays plus attractif, plus fort et plus grand au cœur de l'Afrique ".

C'est le cœur des promesses fermes ou engagements politiques que prend le Président Félix Tshisekedi aussitôt qu'il est porté à la tête de la République. Après une très longue période dans l'opposition politique avec son père qui, sans cesse et en toute légitimité, avait pleinement assumé le devoir patriotique d'exiger le retour absolu aux valeurs de la moralité, de la démocratie et de la bonne gouvernance dans l'agir politique.

Il me semble que, fixant un repère de départ intellectuel et de suivi politique, l'auteur écrit pour mieux saisir la pensée de Félix Tshisekedi Président de la République, et pour contribuer à mieux la faire connaître par le public. C'est là un travail intellectuel noble et nécessaire. Mais également, l'ouvrage est écrit pour que ces engagements politiques du Président soient constamment présents à sa propre conscience, et qu'l s'en serve comme d'un miroir ou d'un guide quotidien tout au long de sa tâche.

La tâche extrêmement difficile et délicate, de bien gouverner la république et les hommes. La tâche de soulager la pauvreté, la misère, les souffrances de ses compatriotes qui souffrent depuis si longtemps. Du fait de l'incurie et de l'immoralité immense de ses gouvernants.

Nous avons donc, sous nos yeux, un ouvrage à intention à la fois intellectuelle, politique et civique. Interpellateur de l'action politique, à l'aune de l'exigence morale comme base indispensable dans la quête du succès et de la grandeur de toute nation aux gens sérieux et responsables. Cet écrit fixe un repère intellectuel et politique capital, à partir duquel le travail du Président Tshisekedi sera évalué, déjà à plus ou moins court terme.

L'évaluation objective ne sera positive que si le Président arrive à mettre en pratique sa promesse d'agir de façon éthique.

De faire régner les vertus morales dans son action et dans celle de tous ses collaborateurs. Le peuple meurtri, trop meurtri, a raison d'investir de grands espoirs dans l'avènement de Félix Tshisekedi. Il est, après Joseph Kasa-Vubu, une énorme chance nouvelle offerte à la République Démocratique du Congo. Il faut espérer que ses vœux éthiques se matérialiseront en actions politiques vertueuses.

Le peuple vit du plus grand espoir de parvenir enfin à son décollage, à sa puissance, à sa dignité et à la vie heureuse. Il espère enfin vivre comme les autres peuples du monde qui ont su investir leurs efforts dans la culture des valeurs d'intelligence et de moralité.

C'est si et seulement si le leadership politique est basé sur les valeurs morales qu'un nouveau Congo pourra et doit pouvoir advenir, en conformité aux légitimes attentes du peuple. Il faut une intense culture intensive des valeurs : la culture de l'effort acharné au travail de haute qualité, de la discipline administrative et civique rigoureuse, de l'intolérance vis-à-vis des mauvaises conduites de ses collaborateurs (vols, détournements et corruption), la culture de l'honnêteté, ainsi que la culture de l'amour vrai pour l'autre, pour la patrie, pour le peuple.

Au-delà de discours, le peuple attend des actes vertueux. Il attend de sortir enfin des leaderships corrompus, insouciants, prédateurs, antipatriotiques, tribalistes. Il attend la fin des malfaisances cyniques des dirigeants politiques.

Et ... il attend de juger bientôt le niveau des efforts investis, dans la gouvernance vertueuse au profit de chacun des compatriotes.

AllAfrica publie environ 600 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.