Tunisie: L'éducation, l'un des meilleurs moyens de réduire la pauvreté

9 Septembre 2022

Les pays en développement ont accompli des avancées extraordinaires et de plus en plus d'enfants vont à l'école, mais nombre d'entre ces pays ont réduit leurs budgets d'éducation depuis le début de la pandémie du Covid-19. L'éducation est un droit fondamental, un puissant vecteur de développement et l'un des meilleurs moyens de réduire la pauvreté, d'élever les niveaux de santé, de promouvoir l'égalité entre les sexes et de faire progresser la paix et la stabilité. L'éducation a des retombées positives considérables sur l'amélioration des revenus et c'est le premier facteur d'égalité des chances.

Au niveau individuel, elle contribue à l'emploi, aux revenus, à la santé et à la réduction de la pauvreté, sachant que chaque année de scolarité supplémentaire augmente globalement de 10 % la rémunération horaire. Au niveau de la société, l'éducation favorise la croissance économique à long terme, stimule l'innovation, renforce les institutions et consolide la cohésion sociale.

La scolarisation n'est pas synonyme d'apprentissage

Les pays en développement ont accompli des avancées extraordinaires sur le plan de la scolarisation et de plus en plus d'enfants vont à l'école dans le monde entier. Cependant, comme l'a souligné le Rapport sur le développement dans le monde 2018, la scolarisation n'est pas synonyme d'apprentissage. Il est par conséquent crucial d'investir de façon judicieuse et efficace dans l'éducation des populations afin de développer un capital humain indispensable pour mettre fin à l'extrême pauvreté. Combattre la crise de l'éducation, éradiquer la pauvreté des apprentissages et aider les jeunes à acquérir les compétences dont ils ont besoin pour réussir dans le monde d'aujourd'hui sont les trois piliers de cette stratégie.

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La pandémie du Covid-19 est venue bouleverser la vie des enfants, des élèves et des jeunes. La désorganisation des sociétés et des économies a aggravé la crise mondiale des apprentissages et causé un impact sans précédent sur l'éducation.

Entre autres perturbations dramatiques, la pandémie a causé la pire crise de l'éducation depuis un siècle. Au plus fort des mesures de fermeture des écoles, en avril 2020, 94 % des élèves dans le monde entier (soit 1,6 milliard d'enfants) n'allaient plus en classe.

Même avant la pandémie, la crise mondiale des apprentissages était flagrante. L'indicateur de pauvreté des apprentissages, mis au point par la Banque mondiale et l'Institut de statistique de l'Unesco en 2019, donne une mesure simple mais éloquente de l'ampleur de cette crise : la proportion alarmante d'enfants de 10 ans incapables de lire et de comprendre un court texte adapté à leur âge.

Dans les pays à revenu faible et intermédiaire, la proportion d'enfants en situation de pauvreté des apprentissages, qui dépassait déjà 50 % avant le Covid, pourrait grimper jusqu'à 70 % du fait des fermetures prolongées des écoles et de l'incapacité de l'enseignement à distance à assurer une continuité complète des apprentissages, mettant en péril les cibles du 4e Objectif de développement durable (ODD 4). On estime que, depuis le début de la pandémie du Covid-19 et les confinements qui s'en sont ensuivis, les écoliers ont perdu quelque 2.000 milliards d'heures d'enseignement en présentiel dans le monde entier.

Et les effets désastreux de la fermeture des établissements scolaires vont au-delà des seuls apprentissages : cette génération d'enfants risque désormais de perdre 17.000 milliards de dollars de revenus tout au long de leur vie en valeur actuelle, soit une projection qui dépasse de loin les estimations de 10.000 milliards de dollars publiées en 2020.

Creusement des inégalités

Le Covid-19 a entraîné un creusement catastrophique des inégalités. Si la quasi-totalité des pays ont assuré, à des degrés divers, des enseignements à distance pendant la fermeture des classes, l'accès et l'utilisation de ces alternatives ont donné lieu à de fortes inégalités, au sein des pays comme entre eux. Les enfants issus de ménages défavorisés ont été plus pénalisés, en raison souvent d'un manque d'accès à l'électricité, à l'internet et aux équipements, mais aussi faute d'un accompagnement familial. Les filles, les élèves souffrant d'un handicap et les jeunes enfants ont également rencontré bien plus de difficultés à poursuivre leurs apprentissages. Au moins un tiers des élèves, soit 463 millions d'enfants dans le monde, n'ont pas eu accès à des enseignements à distance lorsque les écoles étaient fermées.

En outre, 24 millions d'élèves risquent de ne pas réintégrer le système scolaire. On assiste aussi à une détérioration de la santé mentale des enfants, ainsi qu'à une aggravation des risques de violence, de mariage précoce et de travail infantile. La situation est plus sombre pour les filles, qui ont moins de chances de retourner à l'école après l'avoir quittée, car elles sont plus exposées à la violence, aux mariages précoces et aux grossesses adolescentes. Les groupes vulnérables -- enfants en situation de handicap, issus de minorités ethniques, réfugiés ou déplacés -- sont également moins susceptibles de retourner en classe après la crise.

Les jeunes enfants ont particulièrement souffert des interruptions scolaires. Dans de nombreux pays, les structures d'éducation de la petite enfance sont celles qui ont connu les fermetures les plus prolongées, avec des possibilités d'apprentissage à distance limitées voire inexistantes.

Outre les pertes d'apprentissage, l'interruption de la scolarité a également accentué les inégalités en matière de nutrition, de santé et de stimulation, ainsi que dans l'accès à des dispositifs de protection sociale et des services psychosociaux essentiels. Des millions d'enfants supplémentaires sont exposés aux risques de travail infantile, de mariage précoce et d'abandon scolaire.

À ces difficultés viennent s'ajouter les effets négatifs d'une contraction économique généralisée et sans précédent : non seulement cette récession pèse sur les revenus des familles et augmente le risque de déscolarisation, mais elle limite aussi les ressources budgétaires des pays et entraîne des tensions sur les dépenses publiques en faveur de l'éducation.

Par conséquent, cette génération d'élèves, et en particulier les plus défavorisés, risque de ne jamais atteindre son plein potentiel en termes d'études et de revenus.

C'est une situation dramatique, mais pas inéluctable. Le Groupe de la Banque mondiale appelle les gouvernements à mettre en œuvre des programmes ambitieux et vigoureux en vue d'assurer le retour des enfants à l'école, de remédier aux pertes d'apprentissage et d'accélérer les progrès en mettant en place des systèmes éducatifs de meilleure qualité, plus équitables et plus résilients.

Financement de l'éducation

Malgré des besoins de financement accrus, deux tiers des pays à revenu faible et intermédiaire de la tranche inférieure ont réduit leurs budgets d'éducation publique depuis le début de la pandémie du Covid-19, selon le rapport conjoint de la Banque mondiale et de l'Unesco, Education Finance Watch (EFW). En comparaison, seul un tiers des pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure et à revenu élevé ont diminué leur budget. Ces coupes budgétaires ont été relativement faibles jusqu'à présent, mais les réductions à venir risquent d'être plus importantes, car la pandémie continue de pénaliser l'économie et la situation budgétaire se dégrade.

Ces tendances divergentes impliquent un creusement significatif des écarts de dépenses déjà importants entre les pays à faible revenu et ceux à revenu élevé. Le rapport EFW précise qu'avant la pandémie, en 2018-2019, les pays à revenu élevé dépensaient annuellement l'équivalent de 8 501 dollars pour l'éducation de chaque enfant ou jeune, contre 48 dollars dans les pays à faible revenu. Le Covid-19 ne fait qu'aggraver cette énorme différence de moyens alloués à l'éducation par habitant entre les pays riches et les pays pauvres.

Le défi du financement de l'éducation ne consiste pas seulement à mobiliser plus de ressources, mais aussi à améliorer l'efficacité des montants déjà alloués aux budgets éducatifs. Or, les récentes augmentations des dépenses publiques d'éducation sont associées à des améliorations relativement faibles des résultats d'apprentissage.

Les gouvernements nationaux et la communauté internationale du développement doivent investir davantage et mieux dans les systèmes éducatifs et renforcer le lien entre dépenses et résultats sur le plan des apprentissages et d'autres aspects du capital humain.

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