Afrique: FORAF - Trois questions à François Yatta, directeur des Opérations et de l'Assistance technique de CGLU Afrique

Saidia — En marge de sa participation au Forum des Régions d'Afrique (FORAF) dans sa première édition, organisée du 8 au 10 septembre à Saïdia, François Yatta, directeur des Opérations et de l'Assistance technique de l'organisation Cités et Gouvernements Locaux Unis (CGLU) Afrique, accorde un entretien à M24, la chaîne télévisée de l'information en continu de la MAP. Dans cet entretien, M. Yatta revient sur le processus de régionalisation en Afrique, en mettant l'accent sur les acquis du Maroc en la matière, et identifie les défis à relever dans ce domaine.

1. Nous nous retrouvons aujourd'hui au FORAF, quel regard portez-vous sur ce forum et sur le rôle qu'il peut jouer dans la promotion et le renforcement des gouvernements régionaux en Afrique?

Le Forum a trois objectifs principaux, le premier étant de faire prendre en compte le point de vue des régions dans tous les agendas globaux et panafricains. Lorsqu'il est question de politique de développement des pays africains, les régions doivent d'être en mesure de donner leur point de vue, qui doit être, lui aussi, pris dans en compte.

Le deuxième objectif c'est de promouvoir la régionalisation au sein des pays eux-mêmes. Comme vous le savez, la moitié des pays africains n'ont pas de régions, ce qui en soi est une motivation de plus pour promouvoir la régionalisation au sein des pays africains. L'expérience a montré que les régions, de par leur échelle de gouvernance, qui est différente de celle des communes de base, sont capables de prendre en compte cette préoccupation que les communes ne peuvent pas gérer à leur niveau.

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Le troisième but, c'est le partage d'expérience et l'appui de la coopération sud-sud entre les régions d'Afrique. "Vous savez, il n'y a rien de mieux qu'un président de région pour aider un autre président de région, qu'un gouverneur élu pour aider un autre gouverneur élu, et c'est pour cela que ce forum est, à mon avis, la pierre qui manquait à l'ensemble de l'édifice de décentralisation en Afrique".

2. Cette première édition du FORAF est axée sur la régionalisation, comment évaluez-vous les efforts entrepris par le Royaume en la matière ?

La régionalisation avancée au Maroc a deux fondements principaux, à savoir le renforcement de la démocratie et le renforcement de la dimension économique de la décentralisation.

"Comme vous le savez, en Afrique le principal enjeu des processus de décentralisation sera, dans la prochaine décennie, de déterminer comment vont vivre les populations des différents pays, et quand nous parlons de vivre, il est question d'eau, de transport, des déplacements, d'emploi et de revenu". C'est à ce niveau que la régionalisation avancée au Maroc a innové, en renforçant la dimension économique de la décentralisation, qui était souvent un peu oubliée des processus de décentralisation de façon générale en Afrique.

La décentralisation et la régionalisation avancée au Maroc met l'accent sur cette composante économique, en donnant des compétences très élargies aux régions marocaines pour leur permettre de gérer des domaines comme le changement climatique, la création d'emplois, la génération de revenus, et de faire en sorte que de plus en plus de personnes qui arrivent sur le marché du travail puissent trouver de l'emploi et avoir les revenus qui leur permettent de bien vivre. C'est précisément ça la particularité de la régionalisation avancée au Maroc.

3. Quel est, à votre avis, le plus grand défi auquel devront faire face les pays africains dans le cadre du parachèvement de la régionalisation?

Le plus grand défi, à mon sens, est la territorialisation des politiques publiques, qui suppose que la plus grande partie des politiques publiques soient mises en œuvre par les territoires eux-mêmes, c'est-à-dire, par les régions et les collectivités.

Cela a une implication, celle de leur poids dans la mise en œuvre des dépenses publiques. De plus en plus de réalisations doivent être initiées par les régions, mises en œuvre par les régions et évaluées par les régions.

En d'autres termes, il s'agit de faire en sorte que le poids des régions dans la mise en œuvre des dépenses publiques soit le plus élevé possible. A titre d'exemple, nous espérons voir la moitié des dépenses publiques, dans une dizaine d'années, mise en œuvre par les collectivités territoriales africaines dans la région et c'est justement ça le grand défi de la régionalisation en Afrique.

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