Tunisie: Gabès - Poursuite des travaux du symposium scientifique sur le patrimoine culturel immatériel

Gabès — Un symposium scientifique sur le "Rôle du patrimoine culturel immatériel dans le développement du tourisme durable" est organisé sur trois jours, les 10, 11 et 12 septembre, dans la ville de Gabès. Les travaux du symposium se sont poursuivis, ce dimanche 11 septembre, en présence d'experts, chercheurs et spécialistes du patrimoine culturel immatériel. Amel Hachena, présidente directrice générale de l'Agence de Mise en Valeur du Patrimoine et de Promotion Culturelle (Amvppc) a souligné l'importance du patrimoine culturel immatériel dans la promotion du tourisme alternatif.

Dans une déclaration au correspondant de TAP à Gabès, la responsable n'a pas caché sa crainte de voir "ce patrimoine immatériel, hérité des générations successives, transformé en un simple produit de promotion touristique."

"Il est important de sauvegarder ce patrimoine en tant que produit authentique et d'offrir toutes les conditions nécessaires afin qu'il génère un retour économique positif sur ceux qui le pratiquent et d'avoir un impact positif sur les communautés locales", a-t-elle souligné.

Le représentant de l'Institut National du Patrimoine (INP) à Gabès, Ali Rtimi a parlé de "Essaaf" et le métier d'artisanat en paille de palmier mettant en garde contre les dangers qui guettent cet héritage très ancien.

Il a évoqué plusieurs facteurs qui rentrent en cause dont "la perte de plusieurs surfaces des palmiers dans les oasis de Gabès, la construction anarchique et le coût de production assez élevé dans ce métier". A cela s'ajoute "la réticence des jeunes filles dans la région qui ne veulent plus apprendre ce métier", a-t-il encore dit.

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Afin de préserver cet héritage, "le rajeunissement des oasis" de Gabès serait une alternative pour cet artisanat en paille de palmier qu'il préconise d'introduire "dans les manuels d'enseignement des centres de formation et des Instituts supérieur des arts et métiers."

Ali Chamseddine, musicologue, a parlé du patrimoine musical de la "Banga" qui est un rituel existant notamment dans la région du Djerid tunisien et pratiqué par les communautés originaires de l'Afrique noire. Le chercheur a appelé à la sauvegarde de cet héritage à travers la formation et en offrant aux gens qui le pratiquent un espace dans le cadre des festivals et les programmes d'animation touristique.

Ce symposium est organisé par l'Amvppc et la Direction de Développement Muséographique de l'INP en collaboration avec USAID Visit Tunisia Activity, projet pilote financé par l'Agence des Etats-Unis pour le développement international (Usaid).

Lancé en février 2022 à Sbeïtla (Kasserine), Visit Tunisia est un projet pilote quinquennal financé par le gouvernement américain à travers l'USAID moyennant une enveloppe globale de 50 millions de dollars (144 millions de dinars). Le secteur du patrimoine est au coeur de Visit Tunisia de l'USAID qui travaille avec des partenaires des secteurs public et privé afin d'améliorer et diversifier l'industrie du tourisme en Tunisie.

Ce symposium vise à mettre en lumière le patrimoine culturel Immatériel peu ou pas encore connu dans six régions différentes de la Tunisie, à savoir Tabakra-Ain Drahem, Kairouan, Gabes, Tozeur, Kebili-Douz et Tataouine. Il ambitionne d'être la pierre angulaire d'une démarche visant à rendre compte de certains éléments du patrimoine culturel immatériel de ces régions cible de l'étude afin de les intégrer dans des dynamismes de développement durable, notamment à travers le tourisme culturel, tout en se conformant à une stratégie préétablie de sauvegarde de ce patrimoine.

L'objectif est d'impliquer la communauté scientifique dans un projet pilote intitulé "Tunisia living culture" (La culture vivante en Tunisie) qui vise à assurer la sauvegarde et la viabilité du patrimoine culturel immatériel dans les régions mentionnées. Ce colloque constitue la première phase de ce projet, à savoir l'identification de biens culturels immatériels nécessitant une patrimonialisation de la part de la communauté scientifique.

La deuxième phase consiste à documenter et à approfondir les recherches sur les biens culturels immatériels identifiés et retenus. Un travail de terrain auprès de personnes-ressources et d'artisans est alors à réaliser. Cette étape durera jusqu'à six mois durant lesquels les chercheurs bénéficieront de formations ainsi que les personnes-ressources pour la préservation, la promotion et la mise en valeur du patrimoine culturel immatériel par des experts internationaux du Smithsonian Institute.

La Convention de l'Unesco pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, ratifiée en 2003, reconnait " l'importance du patrimoine culturel immatériel, creuset de la diversité culturelle et garant du développement durable " et prône sa sauvegarde et sa diffusion.

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