Ile Maurice: Cherté de la vie et mendicité - Les "bols" moins remplis...

11 Septembre 2022

La situation économique actuelle est compliquée. En cette période post-Covid, l'inflation et la guerre en Ukraine, de nombreux Mauriciens peinent à garder la tête hors de l'eau. Ceux qui comptent sur la générosité des autres en ressentent également les effets.. Philippe a 54 ans. Vous l'avez sûrement aperçu à Port-Louis, aux alentours de la banque commerciale. Il y est quatre jours par semaine. Sinon, il est aussi présent, à Goodlands, St-Pierre et Mahebourg, une fois par semaine. Il est de ceux qui dépendent de la bienveillance et de la solidarité de tout un chacun pour vivre.

Cela, depuis "bien lontan", selon ses dires. Il ne se rappelle même plus quand cela a débuté mais ce qu'il sait, c'est qu'il a dû ravaler sa fierté pour demander quelques roupies aux passants, à longueur de journée.

Ce dernier, qui fêtera ses 55 ans en novembre prochain, explique qu'il a droit à une pension pour son handicap - sa petite taille, le fait qu'il ne peut pratiquement pas marcher correctement et a besoin d'une canne pour pouvoir se tenir debout ne lui facilitent pas la vie. Philippe explique que la pension ne lui suffit pas pour vivre dignement chaque mois. L'habitant de Batterie-Cassée confie qu'il n'a ni femme, ni enfant et vit seul dans une petite maison.

"Mais avec l'argent que je perçois je dois payer les factures et me nourrir. J'ai une sœur qui cuisine pour moi. Je lui donne mes courses que je dois acheter. Kas la fini alé." Étant donné que travailler n'est pas possible pour lui, la seule option est de quémander dans la rue, une aide.

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Combien arrive-t-il à avoir par mois, avec les dons ? "Sa depann lor bondié. Mé aster de pli zan pli, gagn pli tigit ! Ce n'est pas parce que les gens ne veulent plus donner. Mais la situation actuelle est difficile. Kouma mo dir ou, tou depann lor bondié sa." A-t-il recherché de l'aide autrement ? Il ne sait pas à quelle porte frapper. "J'ai toujours fait cela, pas par plaisir, mais sous la contrainte", renchérit-il. Et pourquoi change-t-il régulièrement d'endroit durant la semaine ? "J'aime voyager et changer d'air. Mo santi mwa bien, malgré mo lipié fermal."

Il y en a d'autres dans des situations similaires. Comme cette mère de cinq enfants qui était aux abords de l'église de Ste-Croix, jeudi, lors du pèlerinage du Père Laval. À ses côtés, un de ses fils qui ne s'était pas rendu à l'école. "Zis zordi akoz li la, mo pann kapav avoy li", assuret-elle. Elle explique qu'elle n'a pas l'habitude de demander de l'argent mais des fois, la situation est tellement critique que c'est la seule façon de nourrir ses enfants. "Je suis diabétique. Je ne peux pas travailler et je dois aussi veiller sur mes enfants." Elle ajoute qu'elle ne bénéficie d'aucune pension et élève seule ces derniers car le père, toujours selon elle, serait mort, il y a quelque temps. "Ne croyez pas que je fais cela par plaisir. Okenn dimounn pa ti pou kontan fer sa !"

Combien gagne-t-elle par jour ? Combien a-t-elle eu ce jour-là ? Nous n'en saurons rien car elle n'a pas voulu s'étaler sur le sujet. Elle a même changé d'endroit après notre départ. Mais selon ceux qui la connaissent, elle s'adonne souvent à cette "activité" avec un de ses enfants pour attirer la sympathie. "Kan dimounn trouv zanfan zot doné. Ek li gagné bien kas ek sa, alors ki li kapav travay", fustige-t-on.

La police, de son côté, continue à faire de la prévention et parle de plusieurs cas d'arnaque enregistrés. "Il y a des cas qui ne sont pas genuine et on les remarque notamment dans les autobus, sur les gares et dans des endroits stratégiques. Par exemple, il n'est pas possible qu'un mendiant ait une main ou un pied plâtré pendant plus d'une année.

Dimounn mem in fini trouv zot rol ek népli donn zot kan zot pasé." Les hommes en uniforme demandent à tous de privilégier ceux qui ont des documents dument signés et certifiés par les autorités. "Même avec des documents, quelques-uns utilisent des faux. Donc avant de donner votre argent, soyez vigilants !"

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