Congo-Kinshasa: Session ordinaire de septembre à l'Onu - L'heure de vérité pour la RDC !

En ce mois de septembre 2022, trois faits sont déjà à noter par rapport à la situation sécuritaire à l'Est. Premier fait : le M23, aidé en cela par le Rwanda, cherche à conquérir d'autres villes et localités du Nord-Kivu pendant qu'il effectue un coup de communication présentant Bunagana en pleine sécurité.

Deuxième fait : l'Ouganda intime l'ordre aux réfugiés congolais ayant fui Bunagana de rentrer d'où ils sont venus, c'est-à-dire en RDC, mais précisément dans cette ville supposée " sécurisée " par le M23. Troisième fait : aucune institution dans le monde ne condamne Kampala pour cette violation délibérée du droit international protégeant les réfugiés. Pourquoi les deux premières initiatives précisément à cette période ? Réponse directe : la surenchère en prévision des " négociations " qu'ils tiennent à imposer à la RDC.

Thinks Tanks, ONG, médias

En réalité, ce mois a quelque chose de particulier dans le monde. Comme le chantre Lifoko dans son cantique " Ça toujours été pendant les fêtes que les enfants de Dieu sont tués ", en septembre de chaque année quelque chose fait bouger tous les Etats, dont la RDC : la session ordinaire de l'Assemblée générale de l'ONU.

La tradition veut et fait que l'attention des décideurs se focalise sur New York entre mi-septembre et mi-octobre. Elle veut et fait aussi que c'est à cette période que des forces politiques, sociales et rebelles opposées aux régimes en place dans leurs pays organisent des actions d'éclat, de préférence avec des dégâts humains et matériels importants à présenter en preuves des violations des droits de l'homme.

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Pour la 77ème session qui s'ouvre le 13 septembre 2022, la focalisation va certainement se faire sur la guerre d'Ukraine. Aussi, pour ne pas se laisser ignorer, des organisations insurrectionnelles (comme le M23) et leurs sous-traitants (comme plusieurs pays des Grands Lacs) entreprennent-ils des initiatives pour se faire entendre. Ils se positionnent (comme) pour dire à la communauté internationale " Arrêtez-moi, sinon je fais des dégâts en RDC ". Ils croient ainsi bouger les lignes, et souvent ils " réussissent " puisque des sous-sessions spéciales en aparté sont prévues.

Ils savent, eux, qu'avant d'être prises dans des salles après les dédales de la Tour de verre, les décisions se négocient dans des appartements (bureaux ou chambres d'hôtel), des restaurants, des pubs, voire des parcs de Manhattan.

Ils mettent des sous dans des Thinks tanks, des ONG, des médias, bref des groupes de pression devant promouvoir leur cause.

Service après-vente

Que fait la RDC ? Assurément, elle doit avoir quadrillé la Tour et ses environs, de sorte à bouger elle aussi les lignes diplomatiques, quitte à mettre en jeu un accompagnement économique, comme suggestionner dans la livraison intitulée " Grenier, Rat et Serpent : la RDC interdite de se tromper de stratégie ".

Cependant, le grand défaut de la diplomatie congolaise - du moins celle présente dans la suite du Président de la République - est souvent de quitter New York en même temps que le chef. Question de rester constamment visible, de peur de perdre sa place une fois parti ou resté à la chasse.

Pourtant, la responsabilité du suivi impose l'obligation de rester sur place pour le " service après-vente ".

Dans ce genre de messe, la parole du conseiller diplomatique du chef de l'État a souvent plus d'importance que celle du représentant permanent à l'Onu, voire du ministre des Affaires étrangères. Voilà pourquoi le conseiller diplomatique doit être suffisamment équipé à tous les plans pour assurer ce service.

N'en déplaise à ceux qui vont se sentir morveux (ils n'ont qu'à se moucher), être équipé à tous les niveaux veut dire disposer d'assez de liquides pour rencontrer les " influenceurs " très actifs justement dans ces groupes de pression, sans nécessairement être tenu de justifier sur facture ou sur reçu chaque dollar ou chaque cent déboursé pour le lobbying.

New York : antichambre ou prolongement ?

Si les autres pays, moins nantis que la RDC, et même des groupes armés parviennent à le faire, il n'y a aucune raison, mais aucune qui puisse justifier l'exception congolaise. Surtout lorsque le Congo Kinshasa joue la carte de sa survie en tant qu'Etat.

On a souvent l'impression que les décideurs congolais ne croient pas à la thèse de la balkanisation une fois aux affaires.

Pourtant, il suffit de s'interroger sur les raisons pour lesquelles certains États dits amis empêchent le Congo de se procurer librement des armes pour se défendre et, en même temps, menacent les pays opposés à l'embargo.

Ou encore de s'interroger sur les raisons pour lesquelles les mêmes Etats, qui pratiquent en plus le désinvestissement en RDC, menacent les partenaires disposés à y investir ou réinvestir.

Ou encore de s'interroger sur les raisons pour lesquelles les mêmes Etats imposent à la RDC, déjà sous embargo militaire et sous désinvestissement, des élections susceptibles d'enflammer un pays terriblement affaibli.

Peut-on vraiment convaincre un partenaire qu'on fragilise de façon expresse de travailler à son bonheur ?

Le rendez-vous de New York n'est donc pas à négliger quand on sait combien et comment, depuis 1960, les Nations Unies servent de simple paravent à ceux qui sont dans le schéma de déstabilisation de l'ex-Congo Belge mais prônent, dans leurs discours pour la consommation publique, le respect de l'intangibilité des frontières héritées de la colonisation.

New York est proche de Washington aux plans historique, géographique, culturel, politique, diplomatique, financier, technique, moral. Cette ville est l'antichambre, sinon le prolongement naturel de Washington.

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