Le bras de fer engagé entre le pouvoir de transition et le parti des Transformateurs et son leader, Succès Masra, a atteint vendredi un point d'orgue avec la dispersion brutale de partisans de l'opposant, qui l'accompagnaient à une convocation en justice. Dans ce contexte, et même si le gouvernement a annoncé que le procureur avait décidé de suspendre cette convocation, la communauté internationale est sortie de son silence. Elle a fait part de sa " préoccupation ", dimanche 11 septembre. L'opposition salue un premier pas, qu'elle juge toutefois encore " timide ".
La communauté internationale était restée plutôt discrète jusqu'ici, mais la répression violente des militants du parti de Succès Masra ce vendredi 11 septembre - utilisation de gaz lacrymogènes et tirs à balle réelle selon l'opposant, ce qu'ont nié les autorités, des centaines d'arrestations - l'ont poussé à sortir de sa réserve.
Risque de dérapage
Au total, une dizaine d'entités ont signé un communiqué. Des ambassades, notamment des États-Unis, de la France ou encore de l'Allemagne, et des organisations comme l'Union africaine et l'Union européenne ont fait part de leur " préoccupation " sur le traitement réservé à l'opposant et à son parti, sans jamais les nommer directement.
Les réactions n'ont pas tardé. Les opposants au dialogue national inclusif et souverain en cours à Ndjamena saluent un communiqué qui est, à leurs yeux, une première par la forme et le nombre de signataires. C'est signe qu'ils sont conscients de la tension qui règne dans le pays et du risque de dérapage bien réel, assurent-ils.
" Avancée encore insuffisante "
Mais la réaction est plutôt " timide " et est intervenue avec retard, juge Succès Masra, qui rappelle qu'il y aurait eu un millier de blessés et plus de 300 arrestations parmi ses militants sur une dizaine de jours, avant que la communauté internationale ne réagisse.
"Nous saluons ce communiqué conjoint inédit de l'Union Africaine,l'Union Européenne,la France, les USA, l'Allemagne, la Grande Bretagne, la Suisse, l'Espagne, les Paysbas suite aux dix jours de violences armées subies. Le bon sens c'est la suspension des travaux pour discuter!MS "
" C'est une avancée, mais c'est encore insuffisant ", a renchéri le coordinateur de Wakit Tama, Max Loualngar, alors que côté gouvernement, on ne trouve rien à redire à cette prise de position.
" La communauté internationale appelle à respecter les droits de l'homme. C'est ce que nous faisons ", a réagi son porte-parole, Abderaman Koulamallah. Mais surtout, dit-il, " elle appelle tout le monde à participer au dialogue national, et c'est ce que nous souhaitons depuis le début ".