Cote d'Ivoire: Bureau politique du 29 septembre - Le PDCI aborde le virage de son 13e congrès en pleine crise

11 Septembre 2022

C'est un secret de polichinelle. Le parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) présidé par Henri Konan Bédié est depuis de longues années secoué par une crise sans précédent.

Comme un cancer qui se propage dans le corps d'un patient, ce mal pernicieux qui ronge le vieux parti s'aggrave au fil des ans. Guerre de positionnement, méfiance, défiance, crise d'ambition à la base, le parti doyen prend l'eau de toutes parts. En effet, le navire piloté par le sphinx de Daoukro vague sur des eaux troubles.

Ainsi, les cadres autour du président du parti, notamment, Bernard Ehouman, directeur de cabinet ; Georges Philippe Ezaley, secrétaire exécutif en chef adjoint, chargé des délégations et sections ; Allah Kouadio Rémy, président du Conseil politique ; Gouali Dodo Junior, secrétaire exécutif en charge des enseignants PDCI, pour ne citer que ceux là, et des responsables de base, notamment délégués et secrétaires généraux de sections se regardent en chiens de faïence. C'est le cas dans la commune de Yopougon où des secrétaires de section, menés par Christophe Blesson, secrétaire de section à Niangon et membre du bureau politique réclament la démission où la révocation de tous les cadres cités plus haut.

Qu'ils accusent d'être à la base des foyers de tension ouverts dans des délégations et des secrétariats généraux de section. "Des cadres autour du président Bédié travaillent contre le parti. Ils ont des protégés dans les communes et délégations qu'ils veulent imposer aux bases. Cela ne marchera point. Car, nous sommes décidés à faire barrage à leur imposture et au désordre ", a averti le porte-voix des secrétaires généraux de section de Yopougon qui réfutent le parrainage du parti doyen à la candidature du député PDCI de la cité de la convivialité, Yohou Dia Houphouët aux prochaines élections municipales. Aussi, cette brouille entre le sommet et sa base de Yopougon est loin d'être un cas isolé.

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A Cocody où les élus PDCI (le maire, Jean-Marc Yacé, et la députée, Yasmina Ouégnin) se disputent vivement le soutien de leur formation politique pour les prochaines élections municipales et dans bien d'autres villes et communes les tensions sont vives entre les cadres et les militants. C'est dans cette atmosphère délétère que le PDCI aborde le virage de son prochain congrès ordinaire, le 13è de son histoire. Evidemment que les uns et les autres fourbissent leurs armes pour mieux se faire entendre à ce rendez-vous capital pour la survie du parti septuagénaire.

Non participation à l'élection présidentielle de 2020, débâcles aux élections depuis plusieurs années, manque de visibilité et de vision, transfert de la gestion du parti à une nouvelle génération... les sujets se murmurent dans les couloirs de la maison du parti à Cocody et en rajoutent à la crispation de la situation. De sorte que le président du parti, Henri Konan Bédié, est obligé de marcher sur des œufs pour la préparation de cette rencontre. En effet, le bureau politique qui va jeter les base du 13è congrès ordinaire initialement prévu le 15 septembre a été repoussé au 29 septembre prochain.

Motif évoqué par la direction du parti : la rentrée scolaire 2022-2023 fixé au 12 septembre. Dans la foulée, le président Henri Konan Bédié prend la décision de créer un comité de pilotage de l'organisation qu'il préside. Tout en prenant le soin de confier l'organisation pratique de la réunion à Georges Philippe Ezaley, secrétaire exécutif en chef adjoint, chargé des délégations et sections. Cette décision, il faut le noter, a surpris plus d'un au sein du vieux parti. Car, c'est la toute première fois qu'un tel comité est mis en place pour organiser une réunion du bureau politique.

Et d'ordinaire, la charge de l'organisation des réunions du bureau politique est confiée au secrétaire exécutif, Maurice Kacou Guikahué. Cette fois, le président Bédié a décidé de le tenir loin de l'organisation en portant son choix sur son adjoint avec lequel, le SE n'a pas de meilleures relations. Pourquoi vouloir piloter l'organisation ? Pourquoi le choix de Georges Philippe Ezaley ? Au sein du parti vert et blanc, le président Henri Konan Bédié est soupçonné de vouloir tout maîtriser avant la réunion et surtout réduire au silence tous ceux qui pourraient mettre en cause sa gestion et dénoncer le manque de vision pour la reconquête du pouvoir d'Etat.

Ainsi, selon des sources dignes de foi, le report de deux semaines du prochain bureau politique vise à mieux maîtriser l'organisation afin d'éviter des surprises désagréables. Pour le président Bédié et ses hommes, il s'agit donc de faire en sorte que les prises de paroles soient coordonnées en vue de décisions favorables à leur gestion et leur vision des choses à la suite du bilan qui sera fait. Arriveront-ils à atteindre cet objectif ? Attendons de voir. En tout cas, des cadres et des militants sont décidés à dire leurs quatre vérités à la direction actuelle. La réunion du bureau politique du 29 septembre prochain promet donc d'être chaude et riche en évènements et en décisions.

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