Afrique: Chine-Afrique - Pékin renforce son offensive médiatique

Un nouveau rapport révèle les efforts déployés par le Parti communisme pour renforcer l'emprise de Pékin sur les médias dans le monde, notamment en Afrique où son influence est grandissante.

Pékin essaie d'influencer les reportages des médias à l'étranger pour que leurs écrits lui soient favorables. Ainsi, entre 2019 et 2021, la Chine s'est efforcée d'étendre son influence médiatique, réduisant au silence les reportages critiques, selon un nouveau rapport du groupe de réflexion américain sur la liberté d'expression Freedom House. Sur trente démocraties dans le monde analysées par le think tank américain, le Parti communiste chinois sera le seul à avoir multiplié les tentatives d'influence des médias dans dix-huit d'entre d'elles, intimidant des journalistes et des organes de presse, fournissant de contenus des médias d'Etat chinois aux organes de presse locaux et nationaux, amplifiant des voix prochinoises sur les réseaux sociaux : telles seraient les méthodes employées par Pékin, à en croire le rapport. Il faut ajouter le contrôle de l'information en direction de la diaspora chinoise et celui des plateformes de distribution de contenus.

Angeli Datt, co-auteur du rapport, explique les visées du Parti communiste dans son effort de soft power : " L'objectif de Pékin, en entreprenant cette campagne mondiale agressive et coûteuse, est de façonner l'opinion publique et de déformer la façon dont les gens perçoivent le parti et ses actions. Et cela est devenu un impératif pour la Chine depuis 2019. C'est à ce moment-là qu'une vague de condamnation mondiale a commencé au sujet des atrocités commises contre les droits humains dans la province du Xinjiang, au sujet des manifestations à Hong Kong, et vraiment depuis 2020 avec la pandémie de Covid-19 ".

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Des histoires fournies aux médias africains

L'Afrique est également au cœur de la stratégie d'influence médiatique de Pékin, " moins bien protégée, face à l'opération d'influence chinoise en raison notamment de l'absence de démocratie dans certains pays, de la faiblesse des institutions ou de l'opacité qui entoure le financement des médias ", note le rapport. En Afrique, " la démarche chinoise consiste souvent à fournir des histoires et même des sources aux médias, sur la base d'accords et de conventions de partenariats ", d'après l'expert nigérian des médias, Emeka Umejei, auteur notamment d'un livre sur les médias chinois en Afrique. Il déclare : " La plupart des organes de presse ne vont pas faire de reportages critiques sur la Chine, sur la base de ces accords. Il existe également des accords de partenariat entre les ambassades chinoises et les organes de presse locaux.

Ces accords existent partout en Afrique. Ces nouveaux partenariats influencent les reportages sur le terrain ", citant, à titre d'exemple, comment de nombreux médias africains ont rendu compte de la visite de la présidente de la chambre des représentants des Etats-Unis, Nancy Pelosi, à Taïwan, début août, avec le même narratif que celui des médias d'Etat chinois.

Toutefois, d'autres efforts visant à étendre le contrôle chinois peuvent être plus difficiles à exposer et à contrer, d'autant que les actions de Pékin ne sont pas toujours négatives. Il est vrai que l'infrastructure des médias et des télécommunications que la Chine a mise en place dans de nombreux pays africains a permis, par exemple, à beaucoup plus de personnes d'accéder à internet et aux services de télévision par satellite, notent les rapporteurs. Mais ils appellent les médias et la société civile à résister aux efforts de la Chine et à mettre fin aux accords de partages de contenus.

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