Afrique: Drépanocytose - L'OMS recommande un dépistage systématique à la naissance

Les ministres africains de la santé lancent une campagne de lutte contre la drépanocytose
12 Septembre 2022

La drépanocytose va-t-elle enfin bénéficier de l'attention dont elle mérite de la part des autorités sanitaires africaines ? C'est en tout cas ce que laisse penser l'initiative prise par les ministres africains de la Santé, en marge de la 72ème session du Comité régional de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour l'Afrique, tenu récemment à Lomé, au Togo.

En effet, à l'occasion d'un événement parallèle sur le renforcement du plaidoyer en faveur de la drépanocytose, les ministres africains de la Santé ont lancé une campagne visant à intensifier la sensibilisation, à renforcer la prévention et les soins afin de réduire le nombre de cas de drépanocytose.

Qui se trouve être l'une des maladies les plus courantes dans la Région mais qui ne bénéficie pas de l'attention requise, selon l'OMS. C'est d'ailleurs à juste titre que l'initiative a bénéficié du soutien de l'instance mondiale de la santé. " Nous devons mettre en lumière cette maladie et contribuer à améliorer la qualité de vie des personnes qui en sont atteintes ", a déclaré Dr Matshidiso Moeti, directrice régionale de l'OMS pour l'Afrique.

Selon l'OMS, plus de 66 % des 120 millions de personnes touchées par la drépanocytose dans le monde vivent en Afrique. Chaque jour, un millier d'enfants y naissent avec cette maladie. Ce qui en fait la maladie génétique la plus répandue dans la Région. Plus de la moitié de ces enfants, a-t-elle regretté, mourront avant l'âge de cinq ans, généralement des suites d'infection ou d'anémie grave.

En 2019, 38 403 décès dus à la drépanocytose ont été enregistrés dans la région africaine, soit une augmentation de 26 % par rapport à l'année 2000. La charge de la drépanocytose résulte du peu d'efforts consentis dans la lutte contre cette maladie. De nombreux établissements de santé publique, a déploré la Directrice de la région Afro de l'OMS, ne disposent pas de services de prévention, de dépistage précoce et de soins.

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A cela s'ajoute une insuffisance de personnel et l'absence de services dans les établissements de santé de niveau plus bas. Entravent ainsi la mise en place d'une riposte efficace à la maladie. " La plupart des pays africains ne disposent pas de ressources nécessaires pour fournir des soins complets aux personnes atteintes de la drépanocytose, malgré la disponibilité d'interventions avec un bon rapport coût/efficacité pour la prévention, le diagnostic précoce et la prise en charge de cette maladie ", a indiqué Dr Matshidiso Moeti.

Pas de données précises

Du fait donc de l'absence de programmes de dépistage et de surveillance des nouveau-nés dans la Région, les données précises et fiables sur cette maladie font défaut. En outre, la plupart des enquêtes nationales sur la population ne prévoient pas de collecte des données sur la drépanocytose.

Ces lacunes à en croire la responsable Afrique de l'OMS ont eu un impact négatif sur la priorisation et l'allocation des ressources pour la maladie. Or, au-delà de son impact sur la santé publique, la drépanocytose entraîne également de nombreux coûts économiques pour les personnes touchées et leurs familles.

Elle peut aussi perturber de nombreux aspects de la vie des patients, notamment l'éducation, l'emploi, le bien-être et le développement mental et social. " Nous ne pouvons plus ignorer le lourd fardeau que représente la drépanocytose. Nous devons faire plus pour améliorer l'accès au traitement et aux soins, y compris le soutien psychologique et le dépistage néonatal. Pour cela, nous devons nous assurer que les programmes sont décentralisés et intégrés aux services fournis aux communautés, ainsi qu'au niveau des soins de santé primaires ", a recommandé Dr Moeté.

Qui par ailleurs a souligné la nécessité de s'investir davantage et de renforcer la collaboration et les partenariats pour lutter contre l'augmentation des cas de drépanocytose en Afrique.

La drépanocytose est une maladie sanguine héréditaire qui raccourcit la survie des globules rouges et provoque une anémie - souvent appelée anémie falciforme. Le faible taux d'oxygène dans le sang et le blocage des vaisseaux sanguins chez les personnes atteintes de drépanocytose peuvent provoquer des douleurs extrêmes dans le dos, la poitrine, les mains et les pieds, ainsi que de graves infections bactériennes.

Outre l'OMS, la nouvelle campagne bénéficie du soutien de partenaires tels que la Banque mondiale, le département de la Santé et des Services sociaux des États-Unis, la Fondation Novartis, Global Blood Therapeutics et Sicklein Africa.

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