Sénégal: Conseil constitutionnel - Me Awa Dièye a prêté serment

13 Septembre 2022

Nouvellement membre du Conseil constitutionnel, Me Awa Dièye a prêté serment, hier, dans la grande salle d'audience de la Cour suprême, devant un public nombreux. Avocate de profession, elle était jusqu'à sa nomination, membre de l'Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac).

Me Awa Dièye est désormais membre du Conseil constitutionnel. Elle a prêté serment, hier à Dakar, dans la grande salle d'audience de la Cour suprême, devant un public nombreux. Son serment a été recueilli par le président de l'institution. Mamadou Badio Camara a rappelé, dans son discours, l'importance du serment, " qui fait du juriste un juge, quelle que soit sa compétence ". " Le juge n'est, en effet, admis à assumer sa mission qu'après la prestation d'un serment qui l'oblige et qui l'engage. Un serment à compter duquel, ses opinions cessent d'être de simples points de vue doctrinaux pour devenir des décisions ", a déclaré M. Camara, ajoutant que " l'art du juge sera toujours un peu plus qu'un simple métier ".

Il voit en la nomination de Me Awa Dièye un double symbole. " Votre nomination en qualité de juge au Conseil constitutionnel renforce, en effet, la présence féminine au sein de notre institution et, pour reprendre les termes de votre lettre de demande d'omission du tableau adressée à Monsieur le Bâtonnier, restitue à l'Ordre des avocats sa place au sein du Conseil, en même temps qu'elle confirme la mission de l'avocat en tant qu'acteur essentiel du service public de la justice ".

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S'agissant de sa nouvelle fonction, le président du Conseil constitutionnel souligne que l'exercice ne sera pas aisé, surtout dans le contexte actuel. " Vous êtes appelée à assumer votre mission dans un contexte national où les forces centrifuges de tous ordres semblent travailler au délitement des fondements même de notre volonté de vie commune ", dit-il.

Les défis du juge constitutionnel, d'après Mamadou Badio Camara

Mamadou Badio Camara ajoute : " Le débat constitutionnel s'y réduit à des conjectures qui semblent parfois issues d'un roman de Jonathan Swift. La mission du juge constitutionnel, qui consiste à garantir le respect de la Constitution, à veiller à l'équilibre des pouvoirs et à sa dévolution démocratique, fait de cette institution une cible d'autant plus prisée, que la discrétion et la réserve à laquelle sont astreints ses membres, constituent une aubaine pour tous ceux qui, habités d'une volonté assumée de nuire ou simplement inaptes au jeu démocratique, commentent ses décisions à travers des analyses qui n'ont de juridique que la qualité dont se prévaut leurs auteurs ". Cependant, Mamadou Badio Camara reconnait que le phénomène n'est pas spécifique au Sénégal.

" Ailleurs, dans une démocratie réputée bien plus ancienne que la nôtre, un universitaire éminent, qui plus est, ancien membre de juridiction constitutionnelle (le Doyen George Vedel, pour ne pas le nommer), n'a-t-il pas marqué les esprits à travers un article célèbre intitulé : " du sale plaisir de salir le Conseil constitutionnel " ? ", rappelle-t-il. D'où son invite à Me Awa Dièye " à la préservation de la tradition de sérénité quasi stoïque qui est un aspect important de l'identité professionnelle du juge en général et du juge constitutionnel en particulier ".

Après sa prestation de serment, Me Awa Dièye s'est engagée à exercer sa fonction avec " dignité ". Elle dit avoir, en ce moment de consécration, une pensée pour son frère Abdoulaye Dièye qui était magistrat et son défunt époux Oumar Farou Guèye, lui aussi, magistrat. Me Awa Guèye a remercié le Chef de l'État pour avoir porté son choix sur elle. Avocate de profession, elle était jusqu'à sa nomination, le 1er septembre 2022, membre de l'Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac).

Vibrant hommage au président Papa Oumar Sakho

Le président du Conseil constitutionnel a rendu un vibrant hommage à son prédécesseur, Pape Oumar Sakho. " Je voudrais évoquer, pour lui rendre hommage et vous le proposer comme source d'inspiration intarissable, l'exemple remarquable de mon illustre prédécesseur, le président Papa Oumar Sakho. Nos destins si singulièrement parallèles m'ont conduit à le remplacer à la tête de cette prestigieuse institution ", a-t-il déclaré.

Mamadou Badio Camara s'est engagé à poursuivre son œuvre. " Le meilleur hommage que l'on peut rendre à ce magistrat émérite qui a tout donné à sa profession, consiste à poursuivre le travail qu'il a entamé avec son équipe en termes d'ouverture du Conseil au citoyen, d'enrichissement de la motivation des décisions, d'activités scientifiques et de développement du rayonnement international de l'institution ", a-t-il affirmé.

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