Cote d'Ivoire: Cissé Bacongo (Secrétaire exécutif du RHDP) - " Il n'y a pas de citadelle imprenable "

13 Septembre 2022
interview

Secrétaire exécutif du RHDP, le député-maire de Koumassi Cissé Bacongo s'est prononcé hier en début de soirée sur les élections législatives et sénatoriales du samedi dernier.

Des élections législatives et sénatoriales partielles se sont tenues samedi dernier dans quatre localités. Quelles leçons tirez-vous à chaud de ces scrutins remportés par votre parti, le RHDP ?

Je voudrais d'abord féliciter les candidats du RHDP. A leur suite, je voudrais féliciter et saluer l'engagement des hauts responsables du parti dont la présence sur le terrain a été beaucoup pour notre victoire. A Bodokro, je voudrais saluer les ministres Kouakou Amedé et Touré Sidi, qui ont dû écourter leurs vacances gouvernementales pour venir s'installer sur le terrain. Je voudrais saluer le directeur de cabinet du vice-président de la République, Emmanuel Ahoutou, qui s'est privé lui aussi de vacances.

Je salue aussi le DG du Trésor, Jacques Assahoré, avec eux l'ensemble des cadres qui se sont mobilisés pendant pratiquement 10 jours sur le terrain et qui ont marqué la présence du RHDP. Je voudrais dire toute ma reconnaissance et mon admiration au président de notre parti pour son soutien multiforme (moralement, matériellement, financièrement).

Je ne manquerai pas de dire merci à l'ensemble des électeurs qui ont fait confiance à nos candidats, qui ont fait confiance au RHDP. Au niveau de Méagui, je note que le RHDP a réalisé une progression importante par rapport aux dernières élections législatives. Ce sont des mots de félicitations à nos candidats, à nos cadres, au président du parti pour son implication personnelle.

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La victoire du RHDP n'était pas évidente à Bodokro qui, jusque-là, était considéré comme un bastion du PDCI. Comment expliquez-vous cette percée ?

Il y a un enseignement à tirer à Bodokro, dans l'élection de notre candidat qui avait en face de lui monsieur Mangoua Jacques, ex-président du conseil régional du Gbêkê, le maire de la ville qui était lui aussi candidat et un autre candidat du PDCI. A priori notre présence à cette élection aurait pu paraitre incongrue, surréaliste lorsqu'on regarde ce qui se passe dans cette élection et surtout la présence de Mangoua Jacques, celui qui a attisé la haine jusqu'à ce qu'on arrive à des affrontements. Notre présence était anecdotique, surréaliste. Parmi nous, d'aucuns avaient conseillé qu'on n'y participe pas. C'était important qu'on y aille. Nous y sommes allés et nous avons bien fait. Parce que nous n'avons pas gagné par défaut. La victoire du RHDP n'est pas étriquée.

Nous avons remporté une victoire écrasante parce que notre candidat a eu 54% des voix, l'ex-président du conseil régional 20% et le maire 10%. L'ensemble des candidats issus du PDCI ont obtenu 46% des voix. Nous avons eu 54%. C'est la raison pour laquelle, je dis que nous n'avons pas gagné par défaut, en ce sens que ce n'est pas parce que les voix du PDCI étaient émiettées que nous sommes passés à travers la nasse. Nous n'avons pas gagné sur le fil du rasoir. C'est une victoire franche. La leçon à tirer, c'est qu'il n'y a pas de citadelle imprenable.

Il y a certainement des méthodes qui ne siéent pas. Il y a certainement, à certains endroits, des personnes qu'il faut placer, qu'il faut positionner, qu'il faut encourager, qu'il faut pousser. Pour le reste, toutes les zones sont prenables pour le RHDP. Le cas de Méagui le démontre dans une certaine mesure. Si nous faisons autrement les choses, si nous mobilisons autrement, si ceux qui sont sur le terrain tiennent de nouveaux discours autres que ceux qu'ils avaient expérimenté jusque-là, s'ils ont d'autres attitudes que celles qu'ils ont eues et qui n'ont pas été payantes, si leur engagement est plus franc, est plus fort, s'ils présentent aux populations un visage autre que ce qu'il leur ont présenté, ils finiront par être suivis.

C'est quelquefois le manque de confiance dans le discours qui est parfois à géométrie variable, le discours à double fond à certains endroits qui est préjudiciable. Il faut éviter de dire quelque chose le jour et dire autre chose la nuit. Cela ne paie pas. C'est la constance dans le discours qu'il faut encourager. Le langage franc, l'engagement sincère a payé à Bodokro.

Le fait aussi de montrer aux populations ce qu'elles doivent retenir de la politique. Il faut dire aux populations que la politique ne peut pas être autre chose que la recherche du développement, la recherche du bien-être individuel, collectif. Ce n'est pas parce que votre frère est aux affaires que vous allez avoir un mieux-être. Ce n'est pas parce que votre fils est aux affaires que votre région va se développer. Les exemples sont légion. Je ne veux pas citer de région, mais regardons vers Gagnoa.

Il a fallu qu'Alassane Ouattara vienne au pouvoir pour que les choses changent. Regardons la région de la Mé, c'est la même situation. Il a fallu qu'Alassane Ouattara vienne au pouvoir pour que les populations de ces différentes découvrent ce qu'est le développement. Gagnoa-Abidjan se parcourt aujourd'hui pratiquement le doigt dans le nez.

Toutes les zones bénéficient d'infrastructures de haute qualité, pourtant, c'est le même Alassane Ouattara à qui on déniait tout droit dans ce pays. Pendant que ceux dits fils de ces régions sont passés au pouvoir et étaient obligés de passer par des voies détournées pour arriver chez eux. Le président Laurent Gbagbo était obligé de passer par Yamoussoukro, Sinfra pour prendre la route de Ouaragahio pour rentrer chez lui à Mama, plutôt que de passer par Divo, Lakota, Gagnoa pour arriver chez lui. Parce qu'il n'y avait pas de route sur ce tronçon, pourtant, il était le président de la République.

Monsieur le ministre, dans le Haut Sassandra, il semblerait que le RHDP ait bénéficié du soutien d'élus non RHDP. Confirmez-vous cette information et cela présage-t-il une alliance en perspective ?

Je voudrais confirmer que l'élection de notre candidat Koné Boubacar aux sénatoriales à Daloa a été possible aussi bien grâce à la force de mobilisation de nos cadres que je voudrais saluer ici avec à leur tête le ministre Touré Mamadou et le ministre-gouverneur Mathieu Babaut Darret et les autres cadres, en plus nous avons bénéficié du soutien non moins important du maire de Vavoua, Kalou Bonaventure.

Son soutien a été franc, effectif et total. Son conseil municipal, ses conseillers se sont mobilisés aux côtés des conseillers municipaux du RHDP. Je voudrais aussi saluer le soutien du FPI du président Affi N'guessan. Là aussi ce soutien a été total, franc et effectif. Tous les conseillers municipaux FPI du conseil municipal de Daloa se sont mobilisés pour soutenir notre candidat.

Ces soutiens pourraient présager des alliances, mais il faut souhaiter mieux. On pourrait souhaiter une adhésion de Kalou Bonaventure au RHDP. C'est à cela que je travaille. Je travaille à ce que toutes ces ressources humaines de qualité qui ont déjà fait leurs preuves sur le terrain puissent rejoindre les rangs du RHDP. Le rôle du secrétaire exécutif du RHDP, c'est de faire en sorte d'agrandir, de renforcer les rangs du RHDP.

C'est de faire en sorte que le maximum d'Ivoiriennes et d'ivoiriens croient en notre lutte, regarde dans la même direction que nous pour qu'ensemble nous puissions continuer de bâtir la Côte d'Ivoire, de faire en sorte que notre pays soit toujours la locomotive de la sous-région ouest-africaine et pourquoi pas d'Afrique.

Selon vous, qu'est-ce qui n'a pas marché à Méagui ?

Je dirai que le temps n'a pas été notre meilleur allié. Nous n'avons pas eu suffisamment de temps de faire les choses comme elles auraient dû être faites. Je suis optimiste, parce que nous avons connu une progression à Méagui contrairement à l'élection législative passée. Cela est dû au travail de terrain effectué par les premiers responsables, notamment le ministre Donwahi, le ministre Anoblé ainsi que tous les élus, dont le maire de Soubré et les autres.

Il faut renforcer ce travail. Il faut travailler sur le terrain. Il faut que notre action soit visible sur le terrain. Il n'y a pas de miracle. En politique, ce sont les mêmes principes. On ne récolte que ce qu'on a semé. Il faut parler aux populations, il faut ouvrir leurs yeux. Quelquefois, c'est difficile, mais ce n'est pas impossible. Pour nous, tout a marché à Méagui. C'est vrai que Méagui ressemblait à Bodokro. On s'attendait à une bataille féroce. Cette bataille nous a permis de remporter l'un de ces deux sièges.

Est-ce qu'on peut considérer ce scrutin comme un test pour 2023 ?

C'est une évidence. Ces élections constituent un test en miniature pour les élections de 2023 (municipales et régionales) ainsi que les élections générales en 2025 (législatives et présidentielles). Ce que nous avons constaté, c'est une alliance entre le PPA-CI et le PDCI. Il n'y a pas de raison que cette alliance ne se poursuive pas en 2023 ou en 2025.

Comme en politique tout est possible, il est possible que le PPA-CI décide de venir vers le RHDP pour fumer le calumet de la paix. Il est tout aussi possible, peut-être même plus que possible que le PDCI finisse par comprendre que la position que son président a aujourd'hui, est d'ordre émotionnel. C'est une opposition d'ordre émotionnel. Puisque rien ne nous oppose en réalité.

Rien n'oppose le Président Alassane Ouattara à son aîné Henri Konan Bédié. Nous parlons facilement à nos frères et sœurs PDCI, dont certains ne comprennent même pas la situation actuelle. Il leur parait surréaliste qu'ils soient d'un côté et nous d'un autre côté. Il n'est pas impossible que dans la perspective de 2025 que la famille retrouve son unité. Nous ferons en sorte à arriver à ce résultat. Tout le monde va y travailler.

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