Cote d'Ivoire: Contribution-Libération des trois soldates - "Un bon pas !"

13 Septembre 2022

C'est un bon pas franchi ce samedi avec la libération de nos trois soldates par le Mali.

Toutes mes admirations au Président Alassane Ouattara et au gouvernement.

Merci au chef de l'État malien, Assimi Goita pour ce pas vers l'apaisement des tensions inutiles et sa sage compréhension naissante.

En ma qualité de député de la commission défense et sécurité depuis onze ans, j'observe que l'Assemblée nationale est interpellée par l'ancien président ivoirien Laurent Gbagbo et avant lui par d'autres associations politiques lilliputiennes et quelques activistes des univers numériques.

Je voudrais relever quelques constats et donner mon avis :

1. En 2006, quand le Probo Koala avait déversé à Abidjan des déchets extrêmement toxiques ayant engendré une sérieuse catastrophe environnementale qui avait occasionné la mort de 10 de nos compatriotes et la contamination de près de 100.000 personnes.

Il n'y avait pas eu la moindre enquête parlementaire bien qu'une session du parlement l'avait envisagée sous la pression de l'opinion publique.

Pourtant, les faits me paraissaient plus graves tant ils soulevaient plusieurs graves problèmes de gouvernance notamment la corruption, la sécurité publique et l'éthique " panafricaine " , tout ceci avec pour victime principale, le peuple de Côte d'Ivoire.

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2. En 2002, une rébellion avait éclaté en Côte d'Ivoire.

Pourtant, le régime à l'époque, ressassait à longueur de journée qu'il voyait le dos des nageurs. Cette rébellion avait consacré la partition du pays en deux. Là aussi, il n'y avait pas eu d'enquête parlementaire alors même que la mission première d'un bon dirigeant et d'un bon gouvernement reste avant tout d'assurer la sécurité nationale et l'intégrité du territoire.

3. En 2015, il y a eu l'affaire des écoutes téléphoniques impliquant le président de l'Assemblée nationale d'alors dans une tentative de déstabilisation au Burkina Faso voisin.

À l'époque, président de l'institution au moment de l'accusation formulée par les autorités du Burkina, au lieu de demander à ses collègues d'ouvrir une enquête parlementaire pour blanchir le parlement et la Côte d'Ivoire, s'était contenté de demander le soutien aveugle de ses compatriotes et de ses collègues. Chantre de la diplomatie dite parlementaire, il aurait pu proposer aisément (comme il le fait aujourd'hui à travers ses communicants) que les députés se rendent au Faso pour vérifier les faits allégués et à lui reprochés afin qu'on puisse, ensemble, établir la vérité judiciaire , en tirer les conséquences et laver son honneur souillé .

4. En décembre 2015, madame la juge Sabine Khéris avait humilié la Côte d'Ivoire et son parlement en tentant d'interpeller à Paris le président en exercice de notre Assemblée nationale qui a dû fuir rapidement pour se cacher.

Au lieu de déclencher une enquête parlementaire, c'est bien ma modeste personne qu'il avait joint depuis sa cachette ( alors qu'il y avait une vice-présidente reconnu par la constitution et des vice-présidents ) pour demander que je mobilise les députés pour prendre sa défense , trouvant le gouvernement suspect et les négociations diplomatiques lentes . Toute cette nuit-là, j'avais passé mon temps à appeler tous les collègues même les plus rétifs pour les convaincre qu'il fallait se réunir en urgence.

Le lendemain , contre la procédure en vigueur au parlement ( je l'avoue ) , une bonne partie des députés, s'était réunie , non pas pour aller voir Michel Gbagbo , le citoyen ivoirien plaignant , dans le cadre d'une enquête parlementaire, pour établir la vérité ou même négocier mais plutôt pour soutenir et tirer d'affaire , Guillaume Soro en difficulté à Paris et exiger des institutions françaises , le respect pour les nôtres .

5. Monsieur le président Gbagbo veut connaître la vérité d'abord à travers une enquête parlementaire et veut en même temps être impliqué dans la facilitation en vue d'un aboutissement heureux de la crise entre le Mali et la Côte d'Ivoire, consécutive à la séquestration de nos 49 soldats.

Comment peut-on devant un auditoire dire quelque chose et son contraire et soutenir que les deux sont vrais ? Quel paradoxe !

Les paradoxes créent la confusion, sûrement pas la facilitation diplomatique réussie.

Quelqu'un a dit : " Quand on marche on laisse des traces " !

Je m'arrête à ces faits en rappelant que ce n'est pas le gouvernement seul qui déclenche l'action parlementaire mais bien également le parlement lui-même. Et nous sommes tous au parlement y compris le Président Gbagbo à travers le PPA-CI.

Nous parlementaires avons entièrement confiance au Président de la République et à son gouvernement pour la résolution responsable de ce malentendu avec notre voisin, le Mali.

Nous avons confiance en notre Armée pour sa posture républicaine.

Si en 2020, cette Armée a refusé de collaborer dans le projet déstabilisateur du CNT ; si cette Armée a donné le bon exemple en prenant jusque-là et efficacement le dessus sur les initiatives funestes et terroristes sur notre territoire et en renforçant loyalement les institutions démocratiquement établies, je me demande ce que gagnerait cette même Armée en allant déstabiliser un pays voisin !

Alors nous encourageons plutôt la poursuite de l'action diplomatique par le gouvernement.

Certainement quand nos soldats seront rentrés , nous ferons alors s'il le faut , le point avec le gouvernement à l'occasion de ce qu'on appelle une séance d'information parlementaire pour peut-être apprécier les dysfonctionnements s'il y en avait et les précautions à prendre dorénavant dans les pays en crise .

Pour le reste, l'heure n'est pas du toute à la démagogie politicienne. Celle-là est perverse, nocive à l'engagement constructif des acteurs publics et ne résout surtout rien !

L'heure est à la solidarité républicaine sincère et patriotique autour du chef de l'État, du gouvernement et de notre Armée.

Que Dieu bénisse la Côte d'Ivoire !

Bon début de semaine à toutes et à tous !

Le député Soro Kanigui Mamadou

Député membre de la commission défense et sécurité,

Président du groupe d'amitié

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