ON continue toujours de le croire, même si ce n'est pas encore le cas : à travers ses hommes et ses femmes, sa stature et ses institutions, sa grandeur et sa dimension, la Tunisie est capable de réussir le défi de la relance économique auquel elle est confrontée aujourd'hui. On objectera simplement qu'une application efficace des grandes réformes, de la bonne gouvernance et du redressement financier ne feront en aucun cas oublier les dérives de plus de dix années d'égarement, de dérèglement et de désorientation ...
Si on concède que l'avenir du pays devrait être pris aujourd'hui mieux en compte, on regrette le gâchis et les déconvenues d'une décennie qui, contrairement aux aspirations du peuple, n'a jamais pu favoriser la plénitude et l'éclosion souhaitées. Une décennie qui était loin de pouvoir apporter les solutions et les alternatives requises, encore moins faire gagner au pays du temps et des opportunités. Une décennie marquée par cette tendance à oublier les bases et les fondamentaux sur lesquels reposait la bonne gouvernance.
Ceux qui veillaient aux destinées du pays, ceux qui se donnaient le droit d'en dicter le mode d'emploi étaient dans l'incapacité de faire valoir une vision et un projet valables pour un pays en grande reconversion.
Quand les manquements et les dérapages se succèdent, voire s'éternisent (plus de dix ans !), quand la "logique" de malveillance, de mauvaise volonté et de mauvaise foi ne disparaît pas et atteint son paroxysme, quand les valeurs et les monuments sont toujours bafoués, les sanctions deviennent inéluctables et la crainte pour l'avenir de la Tunisie est encore avérée.
Et c'est peu de le dire, notamment face aux différentes tentatives de sabotage destinées à attiser l'ardeur des uns et des autres et à envenimer le climat social en recourant au monopole, à la spéculation et à la hausse vertigineuse des prix.
Le ministère du Commerce ne cesse de le rappeler : en dépit des répercussions économiques de la guerre en Ukraine, l'approvisionnement du marché, notamment en produits alimentaires de base, ne diffère pas des années précédentes. Pratiquement, les mêmes quantités et les mêmes circuits. Paradoxalement, bien qu'ils soient disponibles, des produits de base connaissent une pénurie dont des spéculateurs, connus pour leur appartenance politique, sont les principaux instigateurs. Mystère !
Quand il s'agit du bien commun, certaines parties n'hésitent pas à agir comme si l'intérêt général n'était plus que la somme d'intérêts particuliers qu'elles sont constamment invitées à défendre.
De tels aléas et de tels obstacles deviennent de plus en plus impérieux pour la Tunisie et pour ses fondements. Cela donne bien trop souvent et sans le moindre répit le sentiment d'une descente dans les bas-fonds.