Tunisie: Négociations sociales - Le message du Président

14 Septembre 2022

Fallait-il une intervention du Président de la République pour débloquer la situation ? Les négociations entre les partenaires sociaux sont entravées alors que le climat social ne pourra plus supporter un nouveau blocage de ce genre. Si la grogne sociale ne cesse d'augmenter, sous l'effet d'une crise inédite engendrée notamment par la hausse des prix et la pénurie de certains produits de consommation, pour le Président de la République, Kaïs Saïed, il était indispensable d'intervenir. Remarquant que le pays est au bord d'un blocage social et du point de non-retour, le locataire de Carthage a réuni le secrétaire-général de l'Union générale tunisienne du travail (Ugtt), Noureddine Taboubi, et le président de l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (Utica), Samir Majoul, dans une tentative de débloquer la situation. Une situation toujours en quête d'un terrain d'entente et dans laquelle les points de vue semblent très divergents.

Kaïs Saïed souligne la nécessité de sortir "de cette situation qui vise les institutions de l'Etat et de la Nation", et rappelle le rôle de l'Ugtt et de l'Utica pour parvenir à un accord avec le gouvernement dans les plus brefs délais.

La réunion a abordé un certain nombre de sujets liés à la crise mondiale et son impact sur la situation en Tunisie, il a également été question de la pénurie de produits essentiels que connaît le pays "bien qu'ils soient disponibles", le Chef de l'Etat a accusé des parties de monopoliser ces produits pour embraser la situation sociale.

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"Il est tout à fait naturel que les deux organisations nationales, réputées pour le rôle qu'elles avaient joué depuis l'indépendance, soient présentes pour resserrer les rangs et réussir une union nationale dans l'objectif de créer la richesse et surmonter les obstacles. Je remercie le Président de la République qui avait souligné l'importance du rôle de l'école publique comme étant un ascenseur social, de la santé publique et de tout le secteur public de manière générale, en parallèle avec le secteur privé. La Tunisie possède un véritable capital humain et en conjuguant les efforts, le pays est capable de réussir à condition de faire preuve d'une véritable solidarité nationale", assure Noureddine Taboubi.

Pour sa part, Samir Majoul a estimé qu'ils ont fait part au Président de la République de leur motivation de résoudre la crise. "Nous avons fait part au Chef de l'Etat de notre motivation. Nous ne baisserons pas les bras et nous ne renoncerons pas à notre rôle économique pour sortir de cette crise afin de relancer la croissance et créer de la richesse. Nous sommes conscients des difficultés et nous sommes, aussi, conscients que la solution doit être tunisienne, basée sur l'économie privée et la contribution des hommes d'affaires tunisiens", a-t-il dit.

Encore un échec !

Sauf que durant la même soirée, alors que les Tunisiens s'attendaient au dénouement de la crise, la dernière session de négociation entre le gouvernement et l'Ugtt a échoué, aucun accord entre les deux parties n'a pu être trouvé.

En effet, les négociations sociales entre le gouvernement et la Centrale syndicale sont entravées par la divergence des points de vue des deux parties. Lundi 12 septembre, la dernière session de négociations s'est achevée sans parvenir à un accord.

Selon Echaab News, site d'information représentant l'Ugtt, aucun accord n'a été trouvé entre les deux parties à l'issue de plusieurs heures de négociations. "Les représentants de l'Ugtt ont été surpris par une nouvelle proposition qui n'a pas été discutée", a-t-on expliqué.

Mais du côté du gouvernement, on affirme que les deux parties sont sur la même longueur d'onde au sujet de "presque tous les points". "Les négociations sociales entre le gouvernement et l'Union générale tunisienne du travail se poursuivent encore, sachant qu'un accord a été trouvé pour la majorité des points à discuter à l'exception du taux de majoration salariale pour les prochaines années", a fait savoir hier Nasreddine Ncibi, porte-parole officiel du gouvernement et ministre de l'Emploi et de la Formation professionnelle.

Dans une déclaration aux médias, Ncibi a souligné que les deux parties ont presque fixé les délais des augmentations mais le seul point de divergence qui persiste c'est le taux de la majoration, et ce, compte tenu des difficultés budgétaires et de la masse salariale. "Le gouvernement et l'Ugtt font chacun de son mieux pour arriver à un consensus autour de plusieurs dossiers malgré les divergences", a souligné Ncibi. A quoi jouent les différentes parties ? Comment sortir de l'actuelle crise qui met en péril la paix sociale ? L'Ugtt et l'Utica peuvent-elles faire des concessions dans cette étape assez délicate ? Le gouvernement peut-il être plus flexible dans ces négociations malgré la situation des finances publiques ?

Au fait, ces parties sont dans le blocage, aucun terrain d'entente sur les dossiers en suspens n'a été trouvé pour l'instant. L'Union générale tunisienne du travail avait convoqué sa Commission administrative pour revenir sur les négociations avec le gouvernement et les propositions qu'il est en train de faire. Mais selon les dirigeants de la centrale syndicale, ces propositions ne peuvent en aucun cas satisfaire les droits et revendications des salariés, notamment dans cette crise sociale sans précédent.

Au fait, bien que les négociations entre le gouvernement et la centrale syndicale soient toujours en cours, il est probable que les augmentations salariales pour la fonction publique et le secteur public atteignent 5% annuellement.

Un taux qui, même s'il ne satisfait pas les exigences de l'Ugtt qui a proposé des augmentations de l'ordre de 8%, pourrait être considéré comme un consensus raisonnable entre les deux parties.

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