Madagascar: La capitale face à l'explosion des migrations régionales

Confrontée aux défis d'une migration rurale en pleine expansion depuis cinq ans, Antananarivo n'a, en l'état actuel des choses, pas les ressources pour offrir aux nouveaux arrivants la vie décente tant espérée : la ville et ses banlieues n'ont pas été pensées pour soutenir cette urbanisation galopante et leurs désormais trois millions d'habitants. Et l'absence, le manque d'emplois, a entraîné une concentration de la pauvreté, plus criante que jamais.

Dans une rue passante du quartier de Behoririka, assise au pied de son abri fait de plastiques et de cartons, Claudia, 21 ans, enceinte et un enfant, raconte comment elle est arrivée là.

" Il n'y a pas de travail chez nous. On a une petite maison vers Fianarantsoa [à 400km au sud de la capitale, sur les Hauts-Plateaux, NDLR], mais on n'a pas de parcelle à cultiver. Alors, en 2017, je suis venue ici avec mes sœurs pour chercher de l'argent. Mais gagner sa vie tous les jours à Tana, c'est aussi difficile qu'à la campagne... Quand j'aurai épargné 80 000 ariary, alors je pourrai souffler un peu et ça me permettra de rentrer. "

80 000 ariary, moins de 20 euros. Comme elle, ils seraient plus d'un million à avoir rallié la capitale ces 10 dernières années, dans l'espoir de meilleures conditions de vie.

Ny Andraina Andriamanantena, socio-économiste chez Coef Ressources, a piloté l'étude du diagnostic migratoire. " On s'est rendus compte que contrairement aux idées reçues, 80% des migrants viennent des Hautes-Terres et non du Sud, par exemple, que c'était une population très jeune avec trois-quarts d'entre eux qui ont entre 15 et 25 ans. Et surtout, on observe que 58% des migrants sont arrivés il y a moins de cinq ans. Donc, on peut dire qu'on assiste à une explosion migratoire récente. "

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" Cette explosion démographique engendre un vrai stress sur les services publics et les infrastructures de la ville, analyse la chercheuse. Et c'est pour ça qu'on déploie en ce moment une nouvelle enquête sur la perception des citoyens concernant le Code municipal d'hygiène. C'est un code qui régit les règles de vie communautaires. Et d'après l'enquête qu'on mène en ce moment, on s'aperçoit que ce code est assez méconnu de la population. "

Des données qui, une fois compilées, devraient permettre d'ajuster les politiques de la ville pour une meilleure prise en compte de ses nouveaux habitants.

Depuis deux ans, l'OIM, l'Organisation internationale pour les migrations, pilote une série d'enquêtes afin de mieux cerner l'ampleur du phénomène et permettre à la commune urbaine d'Antananarivo d'adapter ses politiques sociales et urbaines aux réalités de la ville.

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