Madagascar: Tuerie d'ikongo - Le Général Gellé parle de " rétablissement de l'ordre "

Pour la première fois depuis la tragédie d'Ikongo, le secrétaire d'État à la gendarmerie nationale parle de vive voix. Il donne " des explications ", sur l'issue d'une enquête menée par les bérets noirs. Rétablissement de l'ordre. C'est en ces mots que le Général Serge Gellé, secrétaire d'État à la Gendarmerie nationale, explique "l'usage de la force", qui a conduit au drame d'Ikongo, durant la matinée du 29 août.

Au camp Ratsimandrava, hier, le secrétaire d'État à la gendarmerie nationale a donné "des explications des faits". Elles découlent d'une enquête initiée et menée par les bérets noirs eux-mêmes. "Il s'agit de rétablissement de l'ordre puisqu'il fallait reprendre en main une situation de trouble à l'ordre public. Ce genre de cas impose l'usage de la force", explique l'officier général. Il défend, par ailleurs, que les hommes sur terrain ont procédé à un usage de la force graduée, "suivant les instructions et les moyens à leur disposition".

Selon le Général Gellé, les tirs étaient "en dernier ressort". Il affirme "qu'il y a eu des négociations préalables, menées par l'adjoint du chef de district d'Ikongo, étant donné que le chef de district n'a pas été sur place". Il parle aussi de sommations. Après quoi, les deux grenades lacrymogènes à déclenchement manuel et cinq autres déclenchées par lance grenade ont été utilisées. Ce qui n'a pas dissuadé la foule, à l'entendre.

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"Il y a eu des tirs en l'air, mais ça a semblé avoir eu l'effet inverse et encourager la foule à avancer. Elle pensait probablement que les balles n'allaient pas les atteindre, ou que les éléments hésitaient à tirer", indique le secrétaire d'État à la Gendarmerie nationale. A la question s'il n'aurait pas été plus judicieux d'utiliser des balles à blanc, il rétorque, "les balles à blancs sont utilisées durant les formations et les exercices. Elles sont prohibées pour les missions ou actions sur terrain. L'idéal aurait été des balles en plastique, mais la brigade d'Ikongo n'en avait pas".

Procédure judiciaire

L'officier général insiste sur le fait que "les hommes sur place devaient défendre leur vie, un bâtiment et des biens publics, ainsi que l'arsenal qui y est entreposé, avec le matériel à leur disposition". Il ajoute même que la procédure suivie, jusqu'à l'usage des armes à feu, découle d'une instruction du commandant de compagnie ayant en charge le district d'Ikongo. Ceci, suite à un rapport de la situation communiqué par le commandant de la brigade assaillie par les villageois.

À ceux qui disent qu'il n'y a pas eu de réquisition des forces de l'ordre par le représentant de l'État, il réplique que l'adjoint du chef district était présent sur terrain pour essayer de raisonner la foule. "Seulement, dans ce genre de situation, lorsque ça dégénère, il n'y a plus de temps pour faire une réquisition", déclare l'officier général. Le secrétaire d'État Serge Gellé a même révélé que même le procureur de la République chargé de la circonscription d'Ikongo, était au courant de la tension qui couvait dans la ville.

Le magistrat, selon le récit de l'officier général, a alors dépêché cinq policiers et trois agents pénitentiaires en renfort aux sept gendarmes en poste à la caserne d'Ikongo où étaient gardés à vue quatre présumés kidnappeurs et meurtriers. Au nom de "l'entraide et la solidarité", entre les corps des Forces de défense et de sécurité (FDS), les policiers et les pénitentiaires ont également pris les armes pour dé fendre la caserne, ajoute le Général Gellé.

La conférence de presse d'hier a, par ailleurs, été l'occasion pour la gendarmerie nationale de présenter des éléments "attestant", que les tirs ont bien été déclenchés par la violation d'une zone rouge. Des vidéos collectées durant l'enquête, des photographies, ainsi que des pièces issues de reconstitutions ont été montrées et partagées à la presse. "Neuf personnes sont mortes sur le coup, ce jour là. Elles sont toutes tombées dans le périmètre délimité comme zone rouge", soutient le Général Serge Gellé.

À ceux qui affirment que des villageois ont pris des balles dans le dos, il laisse aux résultats de l'enquête, toujours en cours, y répondre. "Des autopsies et des études balistiques devront être faites à cet effet", indique-t-il. Les arguments soutenus par le secrétaire d'État à la Gendarmerie, hier. Il soutient aussi que la gendarmerie a interrogé quarante-neuf personnes durant son enquête dont les sept gendarmes, le maire d'Ikongo, les personnes blessées, des badauds qui ont assisté aux faits et même l'adjoint du chef de district.

Les policiers et les agents pénitentiaires n'ont pas été entendus par les gendarmes. Il appartient à leur hiérarchie respective de le faire, sauf délivrance d'autorisations de poursuite, dans la procédure judiciaire. Le Général Gellé anticipe les réserves quant au fait que l'enquête soit menée par la Gendarmerie alors que des gendarmes sont mis en cause.

"Il appartient au procureur d'apprécier la recevabilité ou non des résultats de notre enquête. Il peut requérir de nouvelles investigations par une autre entité le cas échéant. Ceux qui sont pointés du doigt ont, néanmoins, le droit de s'expliquer. Quoi qu'il en soit, le dernier mot appartiendra à la Justice. C'est au juge de définir la responsabilité de chaque acteur impliqué. Une procédure judiciaire doit être engagée et menée à terme puisqu'il y a eu des morts, des blessés et que la loi a été enfreinte [faisant référence à l'assaut de la caserne]", conclut le secrétaire d'État à la Gendarmerie nationale.

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