C'est sa première mesure économique depuis qu'il a prêté serment, le mardi 13 septembre. Et elle est douloureuse pour de nombreux Kenyans. A peine élu, le nouveau président kenyan William Ruto a décrété une baisse drastique des subventions sur le carburant, au motif qu'elles sont trop coûteuses et, selon lui, inefficaces.
Conséquence : les prix à la pompe au Kenya ce jeudi, ont augmenté de 12% le litre d'essence. La mesure passe mal alors que William Ruto a fait de la hausse du pouvoir d'achat l'un de ses principaux axes de campagne.
Edgar Choki tente d'attirer les clients dans son minibus. Pas question de faire le trajet à moitié vide : avec la hausse du prix de l'essence, ses bénéfices sont déjà réduits à la portion congrue : " On ne gagne plus rien. Je consomme environ trente litres d'essence par jour. Ça me coûte dix euros de plus au quotidien, donc je suis mécontent. Pourquoi il (le nouveau président, NDLR) s'est précipité ? il aurait pu attendre un peu, un mois, le temps d'évaluer la situation. "
" Je suis déçu "
Patrick Akoi est chauffeur. Il a voté pour William Ruto à la présidentielle mais ne s'attendait pas à une telle mesure : " Je suis déçu. Car tout va augmenter. Le chou, le maïs.. Tout ! A cause du coût du transport. Et il avait promis de baisser les prix. "
William Ruto a pourtant défendu cette mesure le jour de son investiture. Il juge cette subventions inefficace, car elle biaiserait le marché selon lui et est trop coûteuse. Depuis sa mise en place en 2021, elle a coûté plus d'un milliards d'euros aux caisses de l'État kenyan, soit l'équivalent de 86% des recettes touristiques du pays cette année.
Inflation à 8,5% en août
Aaron Yako, conduit un minibus lui aussi. Cette hausse du prix de l'essence est un coup dur, mais il faut, dit-il laisser du temps au nouveau président avant de juger ses réformes : " Ruto a raison. Attendons de voir. Ca ne fait que quelques jours qu'il travaille, laissons lui le temps ". William Ruto s'est donné cent jours pour transformer l'économie kenyane et faire baisser le coût de la vie, alors que l'inflation a atteint 8,5% en août, son plus haut niveau depuis cinq ans.