C'est un décret qui fait grand bruit depuis vendredi 16 septembre en Tunisie. Le texte en question prévoit des peines de prison à l'encontre des personnes divulguant de présumées fausses informations. Un décret qui suscite la crainte des journalistes à Tunis.
Les contrevenants qui diffuseraient de " fausses informations ou des rumeurs mensongères ", selon les termes du décret, risquent jusqu'à cinq ans de prison et 50 000 dinars d'amende, soit 15 600 euros. Aussitôt, les journalistes tunisiens se sont érigés contre ce texte, à l'image de Mahdi Jelassi, président du Syndicat national des journalistes tunisiens :
" En tant que syndicat de journalistes, et comme les associations de la société civile, nous refusons ce genre de mesures, car elles visent à restreindre la liberté de la presse et d'expression. La justice et les peines de prison vont servir à poursuivre ceux qui auront une opinion différente ou divergente à celle du président de la République. "
Pour Mahdi Jelassi, au-delà des journalistes, c'est toute la société qui est désormais menacée d'être muselée : " Toute personne qui donnera un avis, une opinion. Même quelqu'un qui se livrera à une simple analyse ; si cela ne plaît pas au pouvoir, il tombera sous le coup de cette loi. N'importe qui est désormais susceptible d'être arrêté. Tout le monde est menacé par ce texte. "
Une mesure qui intervient alors qu'un journaliste avait été arrêté à Tunis et ses ordinateurs saisis la semaine dernière. Il a été depuis libéré. De la 73ème place en 2021, la Tunisie a chuté à la 94ème place du classement de Reporters sans frontières en termes de liberté de la presse l'an dernier.