Tunisie: Retour sur les négociations sociales - Le rapprochement de la nécessité !

19 Septembre 2022

Le gouvernement et l'Union générale tunisienne du travail (Ugtt) ont signé, enfin, un accord sur les majorations salariales, mettant ainsi fin à un épisode de négociations entravées et de tension. Bien qu'on ait finalement vu le bout du tunnel, cet accord ne semble pas satisfaire les revendications de la centrale syndicale, mais on a fini par faire prévaloir l'intérêt général du pays, notamment dans cette phase critique.

Si cet accord porte, notamment, sur la majoration des salaires dans le secteur et la fonction publics, il concerne aussi l'annulation de la circulaire numéro 20 et la question de la réforme des entreprises publiques. En effet, certaines revendications de l'Ugtt n'ont pas été satisfaites, mais ses dirigeants ont choisi la désescalade et ont opté pour la stabilité du pays et pour la paix sociale. C'est ce qu'on peut, en tout cas, comprendre des affirmations du secrétaire-général de l'Union, Noureddine Taboubi. Sur le plateau Attassiaa, ce dernier est revenu sur les circonstances de ces négociations avec le gouvernement et sur les dessous de cet accord.

L'accord social trouvé et signé entre le gouvernement et l'Union générale tunisienne du travail a été qualifié par Taboubi de "pas positif qui garantit la paix sociale". "Il s'agit des négociations les plus difficiles entre le gouvernement et l'Ugtt que j'aie jamais connues. La situation politique, économique et sociale explique ce fait", a-t-il dit, estimant également que l'Ugtt a mené des négociations avec des décideurs gouvernementaux ayant de nouvelles approches. "Ils ont une nouvelle méthode dans les négociations, mais nous étions capables de gérer cette situation", a-t-il également témoigné.

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Taboubi a déploré le fait que la Tunisie, qui est un pays agricole, souffre d'un déficit alimentaire, tout en appelant à créer la richesse et à lutter contre l'inflation. Il a également témoigné d'une crise sociale étouffante, mettant en garde contre l'absence des solutions adéquates pour y remédier.

S'agissant des relations avec le Président de la République, Kaïs Saïed, Taboubi a laissé entendre que la centrale syndicale n'était pas en rupture avec lui et qu'il soutient personnellement le Président de la République dans l'application de sa démarche politique. "Nous ne sommes pas en confrontation avec qui que ce soit", a-t-il insisté.

Négociations avec le FMI

Noureddine Taboubi a aussi révélé que l'augmentation des salaires signée avec le gouvernement avait préalablement reçu l'aval du Fonds monétaire international (FMI), soulignant que le rôle de l'Ugtt est de "faire des revendications sociales, tandis que le rôle du gouvernement et de négocier avec le FMI".

"Cet accord trouvé permet au gouvernement de négocier avec le FMI. Il s'agit aussi d'un message positif permettant de conclure à la stabilité sociale en Tunisie et de l'existence d'un débat constructif. Mais il faut que cela soit accompagné de réformes économiques et de stabilité politique", a-t-il soutenu. Le responsable syndical ajoute, néanmoins, que "la section des études de l'Ugtt a présenté une série de propositions de réformes au gouvernement Bouden".

"L'Ugtt est là pour l'intérêt national et pour les revendications sociales", a-t-il rappelé, avant de reconnaître que "le gouvernement ne peut pas freiner la hausse des prix, car le prix des matières premières est impacté par la crise mondiale".

Il faut rappeler dans ce sens que Fitch Ratings a indiqué que l'accord signé entre le gouvernement et la centrale syndicale (Ugtt), renforce la probabilité de signature d'un accord avec le FMI.

"La Tunisie continuera de bénéficier d'un soutien international et pourra conclure un accord avec le FMI au deuxième semestre 2022... Le déblocage de ces financements supplémentaires de la part des créanciers officiels serait en novembre-décembre", a estimé l'agence de notation, dans une publication sur son site officiel. Et d'ajouter, "nous considérons cela comme essentiel à la liquidité externe et à la cote de crédit de la Tunisie. Cela vient après l'amélioration de la performance budgétaire sous-jacente de la Tunisie au premier semestre 2022, bien que le déficit annoncé ait été atténué par le report du paiement des dépenses de compensation".

Selon FR, le gouvernement tunisien a progressé dans la gestion de la position budgétaire sous-jacente au premier semestre 2022, "même si le resserrement des liquidités a pu jouer un rôle. La collecte des recettes a été solide (... ), tandis que les dépenses salariales semblent se rapprocher des niveaux prévus dans le budget 2022 et seront probablement contenues à moyen terme, grâce à l'accord avec le syndicat".

L'Union générale tunisienne du travail (Ugtt) et le gouvernement ont signé, jeudi, un accord portant sur l'augmentation des salaires dans la fonction publique et le secteur public, ainsi que l'augmentation du Smig. L'accord sur les augmentations salariales s'élève à 3,5% pour les agents du secteur public durant les trois prochaines années.

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