« Urgence et actions ». Ce sont les mettre-mots du nouveau rapport que la Banque mondiale sur le climat et le développement pour les pays du G5 Sahel.
Une manière pour inviter Etats, secteurs privés et communauté internationale à mettre la main à la poche, pour consacrer d'avantages de ressources aux financements climats. Au risque de voir 13,5 millions de personnes supplémentaires plongées dans la pauvreté à l'horizon 2050 au Sahel.
Les besoins sont estimés à 16 milliards de dollars nécessaires pour des actions urgentes en faveur des l'adaptation climatique du moment que la région est actuellement secouée par la vulnérabilité, la dégradation des terres et la désertification.
A cela s'ajoute la vague d'inondations ayant entrainé des villages et leurs greniers remplis d'aliments sous les eaux, des champs engloutis, des écoles impraticables car servant d'habitats à des milliers de familles sinistrées.
Ce qui fait dire au Vice-président de la Banque mondiale pour l'Afrique de l'Ouest et Centrale, M. Ousmane Diagana que « le changement climatique est une réalité quotidienne pour les pays du Sahel ».
Lors d'une table-ronde virtuelle, tenue le lundi 19 septembre avec la presse, M. Diagana affirme que la Banque mondiale, à travers ce nouveau rapport, retrace cette situation confuse qui nécessite des actions concrètes. « Avant la COP 27, il faut attirer l'attention des décideurs et des communautés ».
Pour lui, il s'agira de hiérarchiser et concrétiser le développement durable adapté aux changements climatiques. Une démarche qui vise trois résultats fondamentaux à savoir : une urgence et action pour la résilience, une urgence et action pour une croissance durable, verte et durable, une urgence et action pour une stabilité.
A l'en croire, la résilience et l'adaptation climatique sont au cœur des actions de la Banque mondiale en matière de lutte contre les changements climatiques.
C'est à cet effet qu'il a brandi le plan d'action de l'institution pour la période 2021-2025 qui vise à mobiliser des financements climatiques.
En Afrique de l'Ouest, souligne-t-il, au cours des deux dernières années, 19,6 milliards de dollars ont été mobilisés dont près de 56% réservés à l'adaptation climatique.
Le Vice-président de la Banque mondiale pour l'Afrique de l'Ouest et centrale appelle ainsi la communauté internationale à mettre la main à la poche pour davantage mobiliser des ressources pour le Sahel.
A son avis, le rapport de la Banque mondiale peut servir de document analytique pour aller dans ce sens et le coût de l'inaction pourrait être plus lourd de conséquence.
Des recommandations fortes qui tirent la sonnette d'alarme
L'heure est grave et le contexte suffisamment chargé face à l'impact des changements climatiques au Sahel.
Selon l'Economiste principale de la Banque mondiale pour le Sahel et auteur du rapport, Mme Yue Man Lee, d'ici 2050, le Pib annuelle pourrait passer de 7 à 10% s'il n'y a pas de mesure d'adaptation.
Avant d'ajouter que d'ici 2050, le taux de pauvreté pourrait passer de 20 à 34% dans la région Sahel. Ce qui nécessiterait l'élargissement des filets sociaux.
A titre d'exemple, souligne Mme Lee, l'impact du changement climatique pour le Niger spécifiquement d'ici 2050, (le Pib annuel pourrait passer de 2 á 12%) s'il n'y a pas de mesures d'adaptation.
Le taux de pauvreté pour sa part, va grimper de 2 á 9%. « Parmi tous les pays du Sahel, l'impact économique est le plus fort pour le Niger ».
Les pays de cette région sont en train d'atteindre des limites d'adaptabilité. Ce qui, aux yeux de Mme Ellysar Baroudy, Spécialiste principale sur la gestion des ressources naturelles, représente un défi majeur mais aussi une opportunité. Elle fait ainsi état des recommandations faites dans ce sens.
S'adressant aux institutions, la Banque mondiale invite à la diversification des parties prenantes vue l'ampleur du phénomène. Ce qui passera par l'élargissement de la base des principaux acteurs qui peuvent prendre des décisions climatiques.
Sur le plan financement, l'institution de Breton Woods met le curseur sur les budgets nationaux. « Il faut voir comment les orienter vers les financements climatiques, mais aussi impliquer le secteur privé pour mobiliser de nouveaux financements pour l'adaptation et faciliter l'accès à l'énergie », avance Mme Baroudy. A cela s'ajoute la gestion des paysages ruraux avec une approche intégrée entre l'agriculture, l'environnement et l'eau.
Dans la même veine, la Banque mondiale invite à investir dans des infrastructures plus résilientes aux changements climatiques au niveau des villes. Ce qui passera par une planification pour éviter de construire dans les zones inondables en développant des villes secondaires.